Assurance-maladie : Couchepin s’attaque aux patients !
Assurance-maladie : Couchepin sattaque aux patients !
Après les pseudo-consultations et les tables rondes
menées au pas de charge depuis quelques semaines, Couchepin, au
nom du Conseil fédéral, maintient son projet de faire
passer une nouvelle fois les assuré·e·s et les
patient·e·s à la caisse.
Dès 2010, une taxe de consultation de 30 Fr. sera
obligatoire pour les 6 premières visites chez le médecin
ou à lhôpital. Cette nouvelle attaque contre les
patient·e·s est censée réaliser une
économie de 300 millions sur leur dos, sous le prétexte,
digne de lUDC, de « mettre un frein aux
abus » !
Suite à son échec cuisant en votation
populaire sur larticle constitutionnel pour accroître la
concurrence dans le marché de la santé, les mesures
prévues par Couchepin poursuivent la réforme
néolibérale de lassurance-maladie de façon
toujours plus démasquée : en attaquant
frontalement les assuré·e·s et les fournisseurs de
prestations, tout en protégeant les intérêts des
assureurs et de lindustrie pharmaceutique.
Faire payer la crise aux assurés
Avec cette nouvelle taxe antisociale, déjà rejetée
par une très large majorité de lopinion, les
patient·e·s devraient payer la facture dune
gestion financière opaque et à haut risque des assureurs
privés. En effet, la crise financière a
entraîné une perte de plusieurs centaines de millions
liés aux placements boursiers des caisses, lesquels sont
autorisés par la LAMal à hauteur de 25% du capital.
Helsana, le premier assureur-maladie de Suisse (2 millions
dassuré·e·s) annonce une perte de 215
millions en 2008 ! Dautres assureurs reconnaissent
également des pertes significatives.
Les autres mesures de Couchepin pénalisent
également les patient·e·s. Une consultation
téléphonique aux mains des assureurs répond
à la même logique de renforcement du pouvoir et du
contrôle des assureurs privés sur le système de
santé, sans parler de la perte de qualité
programmée des prestations si le téléphone vient
remplacer lexamen clinique.
Le blocage des franchises pendant deux ans fait
perdurer un système fondamentalement antisocial, et la
correction proposée par certains socialistes dune
franchise en fonction du revenu est une mesure à la baisse par
rapport à la revendication dun financement de
lassurance-maladie en fonction du revenu. De plus, le
système des franchises crée une inégalité
entre les assuré·e·s aisés ou qui
nont pas besoin de soins et paient des primes moins
chères avec des franchises élevées et ceux qui ne
peuvent se passer de soins et paient des primes plus
élevées. Enfin, Couchepin veut mettre encore plus de
pression sur les prestataires pour diminuer les dépenses dans
les services ambulatoires, comme il vient de le faire contre les
médecins de premier recours et les médecins de famille.
Il faut dailleurs souligner la politique de
gribouille que nous connaissons en matière de santé.En
outre, le néolibéralisme primant de plus en plus dans le
domaine de la santé, lles hôpitaux publics ont
développé lambulatorisation des soins, sous la
pression des gouvernements, afin de financer la diminution de la
subvention publique dans les budgets hospitaliers. Une façon
supplémentairede plus de transférer une partie des
coûts sur les patient·e·s.
Hausses de primes en plus…
Dans la foulée, lOFSP annonce une hausse des primes pour
2010 de plus de 15% avec largument dune
réadaptation suite à une prétendue dissolution des
réserves demandée par Couchepin, ce discours occultant
les décisions antérieures de limiter la hausse des primes
ces dernières années pour faire échouer en
votation linitiative sur la caisse unique.
Les Conseillers dEtat Maillard et Unger
dénoncent cette méthode de santésuisse qui invoque
une hausse des coûts ne correspondant pas aux données
disponibles : pour le canton de Vaud, une hausse de 4% alors que
lOFSP (Office fédéral de la santé publique)
annonce 2% ! A Genève, les réserves cantonales
annoncées par les caisses sont systématiquement
sous-estimées, en sous-évaluant les actifs. En fait,
elles atteignent 600 millions. De plus
létanchéité entre lassurance de base
et les complémentaires nest toujours pas
établie : quand lOFSP a fait pression pour limiter
la hausse des primes dans lAOS, les primes des
complémentaires ont augmenté massivement. La surveillance
des assureurs reste donc toujours très
défaillante !
Vers une nouvelle initiative
Dans ce nouveau contexte, il est très probable que le projet de
caisse-maladie unique et sociale connaisse un meilleur sort quen
2007.En effet, un récent sondage indique que la population a
changé davis sur les primes en fonction du
revenu : 56% répondent favorablement (43% restent
opposés), et les revenus inférieurs sont encore plus
déterminés avec 62% davis pour ce financement
social de lassurance-maladie. De plus, le peuple refuse toute
les mesures punitives censées freiner la hausse des coûts
de la santé, y compris la mesure proposée par les
assureurs, relayée par le PDC, qui voudrait faire payer
davantage les personnes de plus de 55 ans. Cette proposition
scandaleuse est rejetée catégoriquement par 88% des
personnes sondées.
Il est donc plus que jamais indispensable de travailler à une
nouvelle initiative fédérale pour un financement en
fonction du revenu, avec une caisse unique par canton, ou par
région, sur le modèle de linitiative lancée
en 2004. Il faut constituer un front large de syndicats,
dassociations de patients et dassurés, avec
lappui des partis politiques intéressés, en
veillant au début de ce processus à éviter
lobstacle dune base quasi exclusivement romande, en
sassurant dune représentation des forces de
lensemble du pays. Nous avons appris, avec les nombreuses
expériences de ces quarante dernières années,
quil faut également éviter la précipitation
et les opérations qui visent à ne profiler quune
seule formation politique ou associative.
Gilles Godinat et Albert Nahory