Colonisations, migrations, racismes. Histoires d’un passeur de civilisations

Colonisations, migrations, racismes. Histoires d’un passeur de civilisations

Claude Liauzu

Syllepse, 2009, 544 p. • 27 euros
Claude Liauzu était l’un des historiens de la colonisation
et du Maghreb les plus connus. Historien citoyen et engagé, il
fut notamment, avec Gérard Noiriel, à l’initiative
de la pétition contre l’article 4 de la loi du 25
février 2005 prônant l’enseignement du
« rôle positif de la présence
française outre-mer ».
    Ce livre rassemble des textes, souvent introuvables
ou inédits, qui témoignent de ses différents
intérêts ou engagements, mais dont les traits
d’union restent la Méditerranée et la
découverte de l’Autre. Au moment où la France
dispose d’un ministère de l’identité
nationale et où Nicolas Sarkozy réécrit
l’histoire coloniale en des termes eux-mêmes coloniaux, des
voix comme celles de Claude Liauzu sont indispensables. Il règle
leurs comptes à des idées comme celles du
« choc des civilisations » […]
    Articles de recherche et tribunes engagées se
côtoient, traitant de thèmes aussi divers que la presse
politique tunisienne au début du 20e siècle, les
bagnes coloniaux de l’armée française (Biribis), le
tiermondisme, les phénomènes migratoires et le
métissage, les rapports des sciences sociales au racisme,
l’enseignement de l’histoire de la colonisation…

Les roms. Une nation en devenir

Morgan Garo

Syllepse, 2009, 238 p. • 21 euros
Minorité transnationale répartie sur le territoire de
plusieurs Etats européens, les Rroms font
régulièrement la une de l’actualité en
raison de la stigmatisation dont ils sont victimes. Cependant,
au-delà de leur apport culturel ils sont mal connus. Cet ouvrage
permet de découvrir l’histoire de ce peuple sans
État qui revendique une existence et des droits. Après
avoir abordé la situation et l’histoire de cette
communauté en Roumanie, République tchèque et
France, l’auteure décrit la vie de cette communauté
à travers ses associations et mouvements politiques qui se sont
structurés à l’échelle européenne.
    Si l’histoire de la nation rrom n’a pas
été à ce jour écrite, cet ouvrage est un
des premiers à synthétiser le parcours de ce peuple parti
d’Inde au 11e siècle, qui a tout d’abord connu
l’esclavage, puis au 20e siècle une tentative
d’extermination par les nazis (Samudaripen). Enfin, à
l’heure du danger d’ethnicisation des
sociétés européennes, l’ouvrage interroge
une autre conception du vivre-ensemble des peuples qui ne soit pas
fondée sur les liens du sang mais sur des communautés de
destin, respectueuses de ses minorités.

Abécédaire de la société de surveillance

David Forest

Syllepse, 2009, 135 p., 7 euros
Souvent décrite comme l’envers diabolique d’une
« société de
l’information » par ailleurs heureuse, la
« société de surveillance »
évoque une menace tout à la fois proche et lointaine,
impalpable et incarnée dans la panoplie d’un attirail
sécuritaire (tests ADN, biométrie,
géolocalisation, puces RFID, vidéosurveillance, etc.)
sans cesse renouvelé et perfectionné. Banalisation,
miniaturisation et numérisation aidant, ces dispositifs qui nous
« veulent du bien » ont grignoté
l’espace urbain et les réseaux informatiques pour se
fondre dans notre quotidien. Enterré sans fleurs ni couronne,
l’anonymat a vécu, balayé par les forces
conjuguées de la marchandisation de toute chose et
l’extension sans borne du fichage policier sous couvert de lutte
contre l’insécurité et le spectre terroriste.
L’atonie des intellectuels et le verrouillage du débat
public ont conduit au fil du temps à accorder une confiance
inquiétante aux systèmes d’information. Quelques en
sont les causes et manifestations ? Comment et selon quelles
logiques ces technologies sont-elles
réglementées ? Qu’attendre de la Commission
nationale de l’informatique et des libertés
(CNIL) ? Cet ouvrage se propose de réintroduire ces
questions désertées dans le champ politique en
retraçant la trajectoire de la régulation et
l’accompagnement politique des technologies de contrôle,
car il faut se convaincre que surveiller c’est punir.

« études babouvistes »

Numéros 4/5 (2007) et 6(2008)
Depuis 2002, l’association des Amis de Gracchus Babeuf publie une
revue annuelle, « Etudes babouvistes ».



Le N° 4/5 (2007/an CCXV)
Est consacré à l’historien soviétique Viktor
Moisevic Dalin (1902-1985). Jean-Marc Schiappa y rappelle la
participation de Dalin à la révolution de 1917 et son
militantisme aux Jeunesses communistes dans les années 1920.
Selon des confidences rapportées par l’historien hongrois
Miklõs Kun, Dalin a côtoyé l’opposition de
gauche au stalinisme. Raison pour laquelle sa carrière de
chercheur fut brutalement interrompue par deux incarcérations
(1936-1947, 1949-1955) au Gulag. Réintégré
à l’Académie des sciences de l’URSS, Dalin
soutint une thèse sur « Babeuf avant et au cours de
la grande révolution française » (1963). Il
collabora également jusqu’à sa mort avec les
« Annales historiques de la révolution
française ».
Dans ce numéro 4/5, une première présentation du
communiste François Boissel (1728-1807), auteur du
« Catéchisme du genre humain » (1789),
membre du Club des Jacobins. Par ailleurs, on a retrouvé les
traces de deux « Egaux »: l’imprimeur
Théodore Lamberté, évadé du bagne de
Cayenne, a fini ses jours en Louisiane; Robert-François Debon
(membre du « Directoire insurrectionnel »),
aurait rejoint l’armée française d’Italie et
fait souche dans ce pays.



Le N° 6(2008/an CCXVI)
Consacré essentiellement à François Boissel,
contient des textes de Boris Souvarine (Encyclopaedia of the Social
Sciences, 1930), André Lichtenberg (Le socialisme au XVIIIe
siècle, 1895) et Annie Rosemberg (mémoire de
maîtrise, Paris, 1970). Un extrait de
« L’histoire socialiste de la révolution
française » (Jean Jaurès) présente
Boissel comme l’un des porte-parole communistes en 1793.
Pierre-Antoine Courouble (biographe et éditeur des ouvrages de
Boissel, aux Presses du Midi, Toulon) démontre le rôle de
Boissel comme « chaînon manquant »
entre Robespierre et Babeuf et comme précurseur – dans
« Les entretiens du père Gérard sur la
constitution politique et le gouvernement révolutionnaire du
peuple français » (printemps 1793) –
d’un régime politique, qui sera celui du Comité de
salut public, de l’été 1793 à juillet 1794.
Enfin, on trouve dans ce même numéro des extraits
d’un ouvrage de J.M. Schiappa, « Buonarotti
l’inoxydable : 1761-1837 »
(Saint-Georges-d’Oléron, Ed. Libertaires, 2008). Cette
biographie – la première en langue française – de
l’historien de « La Conspiration pour
l’Egalité, dite de Babeuf » complète
les études des regrettés Alessandro Galante Garrone et
Arthur Lehning (dont la réédition serait fort judicieuse).


Hans-Peter Renk

Les Amis de Gracchus Babeuf c/Michel Aurigny

Rue Quentin Barré 49, F-02100 Saint-Quentin

(Tél. 03 23 64 05 27)

http ://amisgracchusbabeuf.monsite.wanadoo.fr



Pour la biographie et les œuvres de François Boissel

www.lespressesdumidi.fr



Pour la biographie de Buonarotti

http ://pagesperso-orange.fr/editions-libertaires/