Un podcast pour questionner et réinventer nos relations (amoureuses)

Avec « Le cœur sur la table », la journaliste Victoire Tuaillon lance un nouveau podcast qui invite à se questionner sur l’hétéronormativité dans les relations. 

Portrait de Victoire Tuaillon
Victoire Tuaillon

«Parce que s’aimer est une façon de faire la révolution » : c’est avec ces mots que la journaliste et autrice française Victoire Tuaillon a choisi d’introduire son nouveau projet, Le cœur sur la table, lancé en février dernier sur la plateforme d’écoute Binge Audio. 

Notamment connue pour son podcast questionnant les masculinités intitulé Les couilles sur la table, lancé en 2017 et désormais adapté en livre, Victoire Tuaillon a choisi cette fois-ci de s’intéresser à la question multiple, épineuse, des relations. Les relations amoureuses principalement mais aussi amicales ou familiales ; les relations heureuses ou malheureuses, saines ou toxiques… Le podcast traite jusqu’ici principalement de problématiques liées aux relations hétérosexuelles. 

En s’appuyant sur des écrits et des concepts sociologiques et féministes, mais aussi sur des récits de vie, elle cherche à démontrer que l’amour, celui avec un grand A, hétérosexuel et exclusif, n’est pas inné, mais bien construit socialement, résultant de nombreux facteurs comme l’éducation – genrée – ou la culture – dominante. À travers des témoignages d’expériences familiales traumatiques, qui entrainent des problèmes de dépendance émotionnelle et de faible estime de soi, mais aussi via la déconstruction de certains mythes comme celui de l’amour unique et véritable, justifiant tous les sacrifices et toutes les peines, elle nous pousse à nous interroger sur le système relationnel hétéronormatif dominant. Le programme compte actuellement cinq épisodes, d’une vingtaine de minutes chacun. Tous sont accompagnés d’une bibliographie pour approfondir les concepts qui y sont présentés. 

Les mouvements féministes l’ont démontré et le revendiquent depuis de nombreuses années : le privé est politique. Le cœur sur la table s’inscrit pleinement dans cette revendication. C’est un médium qui nous rappelle l’importance, pour les militant·e·x·s féministe·x·s et queer et pour tou·te·x·s leurs allié·e·x·s, du partage d’expériences, pour déconstruire ce qui est bien souvent présenté comme un destin immuable ; et de la sororité, pour commencer à esquisser collectivement des alternatives à l’hétéronormativité systémique qui nous opprime, tant émotionnellement que matériellement, bien plus qu’elle ne nous émancipe. 

Noémie Rentsch