Demain j’enlève le haut...
Demain jenlève le haut…
Le débat du Grand Conseil
vaudois de ces deux dernières semaines à propos de la
disposition pénale visant à interdire le port de toute
pièce de vêtements pouvant empêcher
lidentification (disposition surnommée fallacieusement la
loi anti cagoule) a été loccasion de voir la
droite savancer à visage découvert.
En effet, tout a été reproché à la gauche,
de son incapacité à pouvoir occuper des postes de
magistrats, sa filiation (supposée honteuse) avec Mai 68
jusquà sa défense systématique des
crapules. Malgré un front relativement uni et un débat
musclé et fourni la position de la droite na pas
varié dun pouce : il faut tout faire pour
empêcher la casse lors de manifestations. La vue dune
vitrine de fast food brisée ou de poubelles renversées
semble avoir transformé la droite de lhémicycle en
pugilistes.
Peu leur importe que cette disposition, qui semble
avoir été rédigée à la hâte
sur un coin de table, permette de criminaliser le port dune
écharpe, dune casquette ou de lunettes de soleil.
Rarement une disposition pénale na été si
généreuse dans les interprétations que lon
peut en faire.
Le rappel du principe constitutionnel qui veut que
les libertés fondamentales, dont celle de manifester fait
partie, ne peuvent être réduites quen dernier
recours na pas plus ému la droite de
lassemblée. Inflexible, elle na remis en question
le dispositif présenté par le Conseil dEtat que
sur un point : le projet permettait de rendre punissable la
tentative de port de la cagoule. Si latteinte portée aux
droits fondamentaux par cette disposition nétait pas
aussi massive, on serait tenté de rire en pensant à celui
ou celle qui est condamné pour avoir mal mis sa cagoule !
Mais en fait il faut remettre cette loi dans son
contexte : celui des caméras de surveillance
omniprésentes dans les villes (plusieurs dizains de milliers
à Londres, plusieurs centaines de milliers dans le monde), des
restrictions de plus en plus grandes imposées à nos
libertés, du fichage, du patriot act aux USA.
Et il faut aussi la replacer dans le contexte de
violence généralisée dans lequel nous sommes
placés, et plus particulièrement les jeunes
générations. La même semaine un colloque
était organisé par le GRAAP (1)
« Dépression, burn-out, Crise et
opportunité ». Le corps médical est de plus
en plus enclin à le dire : la violence de la
société capitaliste est telle quelle marque les
gens y compris dans leur santé.
Après dhomériques
débats, la droite a renvoyé la gauche réaliste
à ses devoirs et la appelée à
labstention, nattendant plus rien dA Gauche Toute
dont le seul but, je cite, serait le désordre et
lanarchie. Cest ainsi que la disposition a
été acceptée par 72 oui, 22 non et 42 abstentions.
Anne Papilloud
1 Groupe romand daccueil et daction psychiatrique