Victoire contre la LME: un clou à enfoncer

Victoire contre la LME: un clou à enfoncer



Le 22 septembre c’est le NON à la libéralisation-privatisation du secteur électrique suisse qui l’a emporté par plus de 100 000 voix d’avance de Genève à Zürich et du Jura au Tessin…



Approuvée fin 2000 par 160 à 24 au Conseil national cette loi paraissait indéboulonnable et le référendum semblait un exercice propagandiste, au moment où les premiers référendaires se sont retrouvés une dizaine, à l’appel de l’Alliance de Gauche à Lausanne. Les deux tiers du groupe socialiste au Chambres n’avaient-il pas soutenu la loi, comme l’ont fait une majorité des élu-e-s verts, comme l’ont fait ensuite, succombant aux manœuvres et aux chantages des néolibéraux, les associations de défense des consommateurs et le gros des associations de défense de l’environnement à l’échelon national, WWF en tête…



Les milieux patronaux n’ont ils pas en outre engagés une bonne dizaine de millions de francs dans la campagne, soit vingt fois le montant aligné par les opposants, notamment l’USS. Le tribun de la droite populiste Christophe Blocher soi-même, qui s’était payé le luxe de voter contre la loi pas assez libérale à ses yeux, n’avait-il pas rallié la cause et engagé toute son influence aux côtés du social-libéral Leuenberger pour faire triompher la voix de la «raison» marchande, contre la logique du service public…

Les batailles perdues… c’est celles qu’on ne livre pas


La leçon est exemplaire. Aucune bataille n’est perdue avant d’avoir été livrée, la fatalité du cours néolibéral, présenté comme un donné naturel incontournable, est démasquée pour ce qu’elle est: le cache-sexe d’une volonté politique au service des intérêts d’une poignée de multinationales et de spéculateurs… Même les batailles qu’on ne gagne pas – ou pas encore – portent leurs fruits: la mobilisation contre le démantèlement du réseau postal a manifestement influencé le vote, ce que confirme un coup d’œil sur les résultats des arrondissements où les habitant-e-s se sont dressés pour défendre leur poste…



Mais l’heure n’est pas à l’autosatisfaction. On ne saurait se contenter du statu quo. Dans leur campagne les référendaires ont affirmé – à juste titre – qu’ils étaient favorables à une loi sur l’approvisionnement en électricité qui garantisse sous forme d’un service public, un approvisionnement sûr, avantageux, écologique pour tous. Ils ont affirmé que les réseaux et le centrales devaient être propriété publique. qu’il fallait promouvoir les énergies renouvelables, encourager les économies électriques au moyen d’un système tarifaire intelligent… Ces objectifs ne tomberont pas du ciel. Au contraire, les partisans de la privatisation électrique ne désarmeront pas malgré l’aveu du conseiller fédéral Moritz Leuenberger dans son communiqué au soir de la votation selon lequel: «Ce rejet montre en tous cas que la plupart des citoyen-ne-s sont satisfaits […] ils veulent en tant que consommateurs défendre le service public en matière d’approvisionnement électrique et préserver les monopoles publics…» Certains préparent aujourd’hui même les moyens de contourner la volonté populaire, certains l’admettent même publiquement… Il faudra donc revenir sur ce terrain en travaillant à construire un front plus difficile à consolider qu’un front du refus référendaire, un front capable d’avancer des propositions pour un service public national plus démocratique, plus social et plus écologique en matière d’électricité.

Exit la LME, NON à la LENu!


Une étape incontournable dans ce processus passe par la campagne nécessaire contre la nouvelle loi atomique (LENu) et en faveur des initiatives pour Sortir du nucléaire qui doivent en principe passer en votation l’an prochain, moment d’affirmation du primat du contrôle démocratique par les citoyen-ne-s sur les options énergétiques du pays, contre la logique marchande qu’on a voulu lui substituer, celle des choix par les consommateurs défendue par exemple par le héraut «socialiste» de la LME le conseiller national Rudolf Rechsteiner…



A l’échelle locale aussi les acteurs de la campagne doivent être capable d’enfoncer le clou et de demander qu’on tire les conséquences du vote du 22 septembre, comme l’a fait l’association ContrAtom par exemple à Genève, en revendiquant la suppression de l’offre de courant et du tarif dit Sig-Mix (courant «sale» à composante nucléaire vendu au rabais), ainsi que la liquidation des contrats de «fidélisation» passés avec des gros consommateurs en dérogation aux dispositions légales… deux mesures dont la seule justification possible était d’éviter «pire» en provenance de concurrents auxquels la LME prévoyait d’ouvrir la porte.



Pierre VANEK