Politique d’asile: deux voix pour une litanie

Politique d’asile: deux voix pour une litanie



La politique d’asile revient à la une des médias en cette rentrée politique pré-électorale. L’UDC n’y est pas pour rien, comme à chaque échéance du renouvellement des Chambres fédérales. On votera sous peu sur son initiative «contre les abus dans le droit d’asile», déposée à la Chancellerie en novembre 2000.



Durant cet été, l’Office des réfugiés (ODR) et son responsable, Jean-Daniel Gerber, se sont laissés aller à quelques considérations sur les périls du droit d’asile dans la presse nationale, et les mesures qu’il faudra nécessairement prendre en la matière. Ils donnaient ainsi, avant l’UDC occupée à défendre son initiative sur l’or, le «la» de la votation agendée le 24 novembre 2002.

Dire la même chose autrement


Enfin, ce 4 septembre, le Conseil fédéral entre dans la danse avec son message relatif à la révision partielle du droit d’asile. Ce message, qui sera soumis au parlement sans doute au-delà de la votation de l’initiative UDC, propose une nouvelle et x ième révision de la LAsi (Loi sur l’asile): il reprend, vous l’aurez deviné, les mêmes thèses et des propositions confondantes, au point que la lecture des arguments du gouvernement et de l’UDC se mélangent dans une même litanie1.



Pourtant, et c’est là un avatar de la politique helvétique, le gouvernement et l’administration fédérale vont faire campagne contre l’initiative de l’UDC «contre les abus dans le droit d’asile».



Nous avions déjà relevé, lors des campagnes précédentes, cette adhésion des autorités aux mêmes thèses que l’UDC sous une forme atténuée, ce qui leur permet de réaliser, pas à pas les dégradations voulues.



Cette mise en scène à deux protagonistes «copains comme cochons», nous est à nouveau promise pour cet automne, et l’on pourra apprécier l’art consommé de chacun de jouer les adversaires.



Ce simulacre nous interroge sur les moyens d’agir dans cette perspective peu réjouissante. Evidemment le pari est pris que l’initiative de l’UDC ne trouvera pas l’adhésion de la majorité lors du vote. Mais le résultat nourrira nécessairement les positions de ceux qui se présentent comme les « adversaires » d’un jour, et qui voteront dès la page tournée, la prochaine dégradation des conditions de vie des migrant-e-s en Suisse.

Quelle campagne?


Nous aurons donc quelques raisons à lier les questions des réquérant-e-s d’asile avec celles des migrant-e-s, des sans papier-e-s, et du statut des étranger-e-s vivant en Suisse. Bien sûr, l’initiative de l’UDC doit être combattue, mais s’engager exige simultanément de dénoncer sans concession l’opposition de façade du gouvernement et des forces politiques qui la relayeront.



Celles et ceux qui luttent auprès des sans papier-e-s, pour le droit à avoir des droits, comprennent sans doute le danger. Loi sur l’asile et loi sur les étrangers, les deux outils d’une politique humiliante que poursuit le Conseil fédéral, se rejoignent dans l’exclusion des migrant-e-s. La votation sur l’initiative de l’UDC sera le prochain épisode d’un scénario trop bien rodé, dont on connaît les enchaînements jusqu’à la nausée. Le spectacle a déjà commencé…



Dans la campagne à venir, l’essentiel sera de développer des liens et actions avec celles et ceux qui s’opposent dans la durée à la politique raciste qui prévaut, et avec celles et ceux qui en subissent ces pratiques humiliantes et répressives.



Romain Oguey

  1. pour une lecture plus complète, voir le site de l’ODR: http://www.ejpd.admin.ch/f/dossiers/asyl_ini/index.htm