Personnel, communes et investissements visés par un budget typiquement libéral

Personnel, communes et investissements visés par un budget typiquement libéral



Le Conseil d’Etat a rendu public
son projet de budget pour 2010, soumis au Grand Conseil pour adoption
à la session de décembre.

    A la suite de multiples compressions, le
déficit projeté à été ramené
à 34 millions. Les rentrées fiscales des entreprises sont
prévues nettement à la baisse, crise oblige. En
comparaison du budget 2009, trois secteurs font principalement les
frais de la crise : le personnel de l’Etat, les communes,
les investissements.

Les reports de charges multiples de l’Etat sur les communes ont
fait réagir violemment ces dernières. En annonçant
fièrement que l’Etat n’augmentera pas ses
impôts, le canton délègue aux  communes la
charge d’augmenter les leurs pour supporter les coûts
supplémentaires qu’il leur refile.

    Le canton de Neuchâtel investit de moins en
moins. Ce problème avait déjà été
soulevé par les rapports commandés à des
spécialistes, qui avaient clairement mis en évidence que
le sous-investissement se paierait cher d’ici quelques
années.

    Quant aux employé·e·s de
l’Etat, ils et elles verront leurs salaires totalement
bloqués, non seulement par le non-réajustement, mais par
un blocage de tout le mécanisme d’évolution des
salaires dû aux années d’expérience. Ce
« gel des salaires », prévu pour 2010
et déjà pratiqué en 2004 et 2005, impliquera des
pertes considérables. Un enseignant, p. ex., engagé en
2003 à plein temps dans un lycée, perdra 78 000
francs entre 2004 et 2017. Les plus pénalisés par cette
mesure seront bien sûr tous les jeunes; actuellement
systématiquement engagés au plus bas de
l’échelle des salaires, ils verront cette non-adaptation
de la rémunération se répercuter sur toute leur
carrière professionnelle. A cela s’ajoute la
dégradation générale des conditions de travail
(voir notamment solidaritéS no 154 sur la péjoration des
conditions d’enseignement dans les lycées).

L’aide sociale prend l’ascenseur

Beaucoup de salaires sont si bas, qu’une perte d’emploi
entraîne immédiatement l’obligation de soutenir de
nombreuses personnes au chômage, qui ne peuvent pas vivre avec
les seules prestations de l’assurance-chômage. Ainsi, la
montée du chômage se traduit par une nouvelle augmentation
des mesures d’aide sociale : expression de la
pauvreté de toute une couche de travailleuses et travailleurs,
ce sont 20 millions supplémentaires qui sont inscrits au budget
2010 pour l’aide sociale. La nécessité d’un
salaire minimum permettant de vivre dignement et qui ne vous fait pas
tomber à l’aide sociale dès que vous vous retrouvez
au chômage est une fois de plus cruellement soulignée.

Aucune réflexion sur l’inégalité

Le nombre des très fortunés n’arrête pas
d’augmenter et l’initiative populaire
(déposée début 2007) demandant un impôt
extraordinaire sur les fortunes d’un million et plus,
limité à une période de quatre ans, dort toujours
dans les tiroirs du Conseil d’Etat. Dans la presse locale du 2
octobre, un lecteur fait justement remarquer que 2000
privilégiés se partagent dans le canton de
Neuchâtel 10 milliards de fortune ; ainsi, 2 % des
contribuables du canton détiennent la moitié de la
fortune effective. Le Conseil d’Etat est très fort pour
nous parler de sacrifices et de répartition des efforts, mais il
se contente d’enregistrer – sans contre-proposition –
la baisse prévisible de la rentrée des impôts des
entreprises pour 2009.

    Rien n’est dit de la généreuse
(et irresponsable) politique d’exonération fiscale des
entreprises. Or tout le monde le sait, si au lieu
d’exonérer la plus grande partie des entreprises au nom de
la promotion économique, le canton faisait payer à toutes
les entreprises un impôt sur les bénéfices (comme
prévu par la loi), non seulement il n’y aurait pas de
déficit, mais on pourrait se poser, avec une bonne marge de
manœuvre, la question des investissements.

Inacceptable : à rejeter énergiquement

Le Conseil d’Etat maintient le cap de l’injustice
sociale : défendre les privilégiés, faire
retomber sur la majorité des salariés à revenus
bas et moyens les conséquences de la crise économique.
Voilà plus de trente ans qu’on nous mène en bateau,
en nous assénant qu’en préservant les revenus des
riches, ces derniers investiront et créeront des emplois. En
réalité, ils ont spéculé, ils ont
détruit ou tout simplement mis dans leurs propres poches des
millions, sans souci du développement économique du
canton. Maintenant, comme partout dans le monde libéral, ils
veulent faire passer à la caisse celles et ceux qui par leur
travail leur ont permis ces dernières années de
s’enrichir sans partage. Il n’y a là rien de
nouveau, mais le temps du refus a sonné. Ce budget doit
être rejeté et constituer le tremplin pour une
mobilisation de toute la gauche contre les cadeaux aux entreprises,
pour une fiscalité plus sociale.

Marianne Ebel


Mesures d’intégration professionnelle : zéro !

Le budget 2008 prévoyait un montant de 6 millions pour le fonds
d’intégration professionnelle. Celui de 2009, zéro.
L’argument : en période de basse conjoncture, il
faut d’abord épuiser la fortune de ce fonds. Ainsi, alors
que des milliers de jeunes et de moins jeunes sont laissés en
rade à l’aide sociale et ont besoin de soutiens pour
réintégrer le monde du travail, on coupe les
crédits parce que les fonds ne sont pas utilisés. Quelque
chose ne tourne pas rond !