Congrès constitutif du Mouvement continental bolivarien, Caracas (7–9 décembre 2009)

Congrès constitutif du Mouvement continental bolivarien, Caracas (7–9 décembre 2009)

Nous nous sommes entretenus à
Genève avec Fernanda Cautivo, militante chilienne, membre de la
coordination du Mouvement continental bolivarien et de l’Agence
bolivarienne de presse (ABP).

D’où vient le Mouvement continental bolivarien (MCB),
quels sont ses buts fondamentaux pour l’Amérique
latine ?

Le MCB est né dans le prolongement de la Coordination
continentale bolivarienne, qui s’est constituée en 2003.
Au sein du MCB, on trouve notamment plusieurs partis communistes
– vénézuélien, chilien, brésilien
(CCLC Prestes), colombien (PCCC) – les FARC-EP, d’autres
organisations révolutionnaires, ainsi que divers mouvements
sociaux, en particulier paysans, indigènes, universitaires, des
droits humains. Historiquement, elle se revendique de la poursuite de
la « campagne admirable » de Bolivar, en
1813, pour l’indépendance du Venezuela. L’objectif
stratégique du MCB est d’unifier les luttes populaires
à l’échelle continentale en tenant compte des
diversités régionales pour combattre le
néolibéralisme et l’impérialisme, ainsi que
ses représentants dans les oligarchies locales, afin de
développer une alternative socialiste.

Quelle attitude à le MCB par rapport à la lutte
armée ? Qui attendez-vous pour votre Congrès
fondateur ?

Nous sommes attachés à l’autodétermination
de chaque mouvement et au choix des moyens de luttes selon les
conditions locales. Nous considérons aussi la lutte armée
comme un moyen légitime, dans certaines circonstances, comme en
Colombie notamment, pour lutter contre l’oppression, même
s’il n’est pas du tout question d’exporter telle ou
telle forme de lutte d’un pays vers un autre. La création
du MCB atteste de la progression de notre mouvement : en plus
des 400 délégué·e·s
vénézuéliens attendus, 200
représentant·e·s internationaux, issus de 24 pays,
devraient participer à ce congrès fondateur. Parmi eux,
des représentant·e·s d’organisations
solidaires qui développent aussi leurs propres combats en Europe
(en particulier dans l’Etat espagnol, en Euskadi, en Italie, au
Danemark, en Suède, etc.), mais aussi en Turquie… Notre
mouvement a une forte dimension internationaliste.

Quelles sont les relations du MCB avec Hugo Chavez et le
gouvernement vénézuélien ? Pourquoi avoir
décidé de tenir votre Congrès fondateur au
Venezuela ?

Nous avons dès le début soutenu le processus de
transformation au Venezuela, mais nous n’appuyons pas le
gouvernement d’Hugo Chavez en tant que tel. Nos organisations au
Venezuela soutiennent les mesures gouvernementales qui vont dans le
sens de l’approfondissement du processus révolutionnaire,
mais gardent toute leur indépendance par rapport au pouvoir
d’Etat. Pourquoi tenir notre Congrès fondateur au
Venezuela? Parce que ce pays est à la fois un symbole – le
lieu de naissance de Simon Bolivar – le porteur d’un espoir
de transformation sociale, mais aussi un carrefour sur le plan
géographique, et qu’il offre de bonnes conditions de
travail et de sécurité aux militant·e·s et
délégué·e·s de notre mouvement.

Quels sont les principaux enjeux politiques et organisationnels de ce congrès ?

Nous allons débattre d’un Manifeste bolivarien pour notre
Amérique qui aura pour mission de défendre les buts
fondamentaux du MCB. Il s’agit d’un document
d’orientation stratégique. Notre congrès a
prévu aussi trois sessions de travail : la
première sur la lutte anti-impérialiste
(dénonciation de l’ingérence de
l’impérialisme US au Honduras, en Bolivie et au Paraguay,
des sept bases US en Colombie, etc.) ; la seconde sur le conflit
armé en Colombie, les prisonniers politiques et la
nécessité d’un échange humanitaire (presque
8000 détenus reconnus par l’Etat colombien) pour une
solution politique ; la troisième sur les mouvements sociaux,
dans le monde du travail, parmi les paysan·ne·s, les
indigènes, les Afro-descendant·e·s, les
étudiant·e·s, mais aussi sur les rapports de genre
et l’environnement.