Un Conseil d’Etat de droite pour une politique de droite…

Un Conseil d’Etat de droite pour une politique de droite…



Largement majoritaire au Grand
Conseil, la droite place 4 des siens au Conseil d’Etat (2
libéraux, 1 radical et 1 PDC). Les socialistes perdent un
siège. Deux femmes entrent à l’exécutif: une
libérale et une verte.

C’est un résultat assez logique qui permet au moins
d’y voir clair. L’idée que la campagne pour le
Conseil d’Etat représentait un second tour permettant de
corriger le glissement à droite du parlement
n’était pas sérieuse. Si une majorité dite
« de gauche » avait dû gérer
l’Etat sur la base des décisions de ce Grand
Conseil-là – l’un des plus réactionnaire
depuis des décennies, elle aurait donné des raisons de
plus de voter MCG à toutes celles et ceux qui ne voient plus
aucune différence entre la gauche et la droite.

    Après avoir dépassé le PS au
parlement, les Verts lui dament le pion à
l’exécutif. A y regarder de plus près, la verte
Michèle Künzler passe devant la socialiste Véronique
Pürro : a) parce que les Verts font plus de listes que les
Socialistes ; b) parce qu’ils tracent plus les socialistes
que l’inverse ; c) mais aussi parce que la droite rajoute
sensiblement plus les Verts sur ses bulletins.

    Les candidats MCG ne franchissent pas la barre des
30 %, mais réalisent tout de même un score
élevé. En revanche, l’UDC s’effondre, en
dépit du lancement de trois listes jumelées (elle ne
recueille que 3,5 % des bulletins…). Son candidat, Yves
Nidegger, fait ainsi plus de voix sur les listes de l’Entente
bourgeoise que sur celles de l’UDC! Il recueille aussi
près de trois fois plus de suffrages sur les bulletins officiels
que sur ceux de son parti…

    Le groupe des Communistes obtient 1,5 % des
bulletins valables, et les scores personnels de ses candidats varient
entre 3,8 % et 5,4 %. Ils sont relativement peu
rajoutés sur les listes vertes et socialistes et recueillent
surtout des suffrages sur les bulletins officiels.

    Tous comptes faits, solidaritéS a eu raison
de ne pas donner de consigne de vote pour l’Alternative et de ne
pas présenter de liste propre au Conseil d’Etat, en
laissant la « liberté de vote »
à ses électeurs-trices. Notre échec au Grand
Conseil est avant tout l’expression de l’effacement du
mouvement social depuis 2003-2004… Aujourd’hui, un patient
travail de reconstruction s’impose donc, avec d’autres, sur
ce terrain-là.

    A l’avenir, il nous faut donner la
priorité à l’action unitaire, avec toutes les
forces de gauche – politiques, sociales et écologistes
–, sur des objectifs sociaux clairs qui ne soient pas
parasités par des intérêts de boutique. Dans
l’immédiat, la bataille contre l’ouverture
prolongée des magasins est l’une de ces priorités.
En même temps, nous devons clairement dissocier la construction
de ce front social de la recherche d’une convergence politique
et/ou électorale à la gauche de la gauche.

Jean Batou