Daniel Marco nous a quitté !

Daniel Marco nous a quitté !



Extraits de l’intervention de
notre camarade Rémy Pagani, maire de Genève, à la
cérémonie dans les locaux d’Unia lundi 14
décembre, qui a rassemblé des centaines de
collègues et de camarades.

C’est un exercice difficile que de faire l’éloge
d’un camarade, d’un ami, qui vient de disparaître
alors que nous avions tant de projets communs, tant de valeurs communes
à défendre […]

    Beaucoup ici connaissent Daniel Marco comme militant
depuis 40, voire plus de 50 ans. […] Daniel fut pour nombre
d’entre nous une boussole, un appui, un adversaire aussi parfois,
mais surtout un passeur. Il fait partie de ces personnages qu’on
ne pouvait ignorer. Se renouvelant sans cesse, il a su garder pied dans
les bouleversements de l’Histoire qu’il a traversée.
Il est né dans une famille où le communisme et
l’Union soviétique étaient la
référence […] Il a été
député du canton, sur les bancs du Parti du Travail de
1965 à 69, puis ce fut Mai 68, l’invasion de la
Tchécoslovaquie écrasant le printemps de Prague, son
expulsion du PdT avec plusieurs dizaine d’autre militants,
l’escalade de la guerre du Vietnam… la démolition
du mur de Berlin, la fin des « Trente-glorieuses »
[…]. Depuis 1974, les crises économiques et financières
mondiales qui se sont succédées, ont secoué
régulièrement le monde. Lui tentait à chaque
étape, devant chaque coup de boutoir du Capital sur le Travail,
de contribuer à organiser la résistance intellectuelle et
pratique.

    Les habitant·e·s de notre ville lui
doivent beaucoup. Il était non seulement fort en gueule,
intransigeant sur les réflexions qui le menaient vers des
rivages intellectuels qu’il défrichait avec d’autres
penseurs contemporains […] Il savait que les choix politiques,
la réflexion, l’idéologie ne sont rien si
l’on ne les développe pas dans l’action, sur le
terrain avec les autres. C’est pourquoi il était
là, comme fondateur de la Fédération des
associations de quartiers, dans son association de quartier avec
d’autres habitant·e·s, lors de grèves dans
le bâtiment, avec des chômeurs·euses dans des
comités, on lui doit aussi la création d’un atelier
de chômeurs répertoriant et cataloguant
l’état des immeubles de notre ville. […]

    Depuis le plus loin qu’il nous soit possible
de nous souvenir, il s’est impliqué dans
l’aménagement du territoire, réfléchissant
à ce que pourrait être une pensée socialiste
urbaine. La ville pour lui était le centre de ses
préoccupations. Notre ville lui doit aussi le groupe de
« 500 m de ville en plus » qui
débloqua la réflexion un peu malthusienne qui
régnait dans les années 80 à Genève et qui
participa au soutien du lancement de l’idée du CEVA.
Projet qu’il a encore défendu juste avant son
entrée à l’hôpital lors d’une
conférence de presse de la CGAS. […]

    Camarade Marco, Daniel, il est temps de nous
quitter, mais sache que les pensées que tu as su faire vivre en
nous, les joutes oratoires auxquelles tu te livrais volontiers –
un peu moins ces dernières années – ont
contribué à nous forger une vraie conscience individuelle
et collective de gauche. […] Demain, ton acharnement nous aidera
à traverser les événements qui bouleversent le
monde et à organiser les luttes que nous devrons continuer
à mener malheureusement sans toi. Notre cœur et notre
affection vont à ta famille qui reste, comme nous, orpheline.


Rémy Pagani