Débat à la Constituante: mêmes droits politiques communaux et cantonaux pour toutes et tous !
Débat à la Constituante: mêmes droits politiques communaux et cantonaux pour toutes et tous !
Ce 10 décembre, la Constituante
débattait des droits politiques des personnes de
nationalité étrangère. La commission ne proposait
quune toute petite avancée. En effet, à
Genève, les étranger-ères installés depuis
8 ans en Suisse, nont que le droit de vote communal. La
commission va frileusement jusquà
léligibilité. Mais au plan cantonal, ni droit de
vote ni éligibilité. Le rapport réduit
lopposition entre tenants et adversaires des droits politiques
élargis à une différence de
priorités : à la nationalité
(« y a quà se naturaliser ») ou
à la « démocratie
territoriale » (participation à la vie politique du
lieu où lon vit, peu importe son origine). Il
sagissait dun premier débat et il ny a pas
eu de votes pendant cette séance. Les premiers viendront entre
mai et octobre 2010. Ci-dessous, une intervention dans ce débat
de Claire Martenot de solidaritéS.
Les enjeux démocratiques liés aux intérêts
collectifs comment développer le bien commun et
au principe dégalité entre les personnes vont bien
au-delà de lopposition entre nationalité et lieu
de résidence.
Dailleurs, la nationalité suisse, pour
celles et ceux qui nont pas eu à la demander, est une
question de chance ! On naît dun côté
ou de lautre de la frontière, on ny peut rien, on
na donc aucun mérite à lavoir, ni
privilège à en attendre. Cessons donc de brandir
hypocritement notre nationalité suisse en prétendant
quelle se mérite ! En fait, on ne demande
quà celles·ceux qui ne lont pas de la
mériter et de
s« intégrer ».
Par contre, participer à la vie de son
quartier, de sa cité, de sa région, ce nest pas
une question de chance mais de choix, de volonté politique.
Pourquoi cette volonté nest-elle pas reconnue de la
même manière pour les unes et les autres, pour les uns et
les autres ? Dans les crèches, dans les écoles,
les maisons de quartier, dans les associations, les syndicats, partout
où les gens se rencontrent, il nest pas question de
passeport mais bien de participation à la vie collective,
dinvestissement personnel, de responsabilités
partagées.
Il sagit donc de respecter le principe
dégalité entre les personnes qui participent
à la vie de la cité, de la commune, du canton. Pourquoi
un parent délève qui participe au conseil
détablissement pourra-t-il voter sur lavenir
ou plutôt en ce moment le retour en arrière
de lécole genevoise, et pas un autre, membre du
même conseil, autant investi dans les projets scolaires et
concerné par lavenir de lécole ?
Jaimerais revenir ici sur un passage choquant
du rapport. Il explique la position de ceux qui ne veulent pas
étendre les droits politiques des personnes de
nationalité étrangère : « En
labsence de toute certification de lintégration,
et donc de toute garantie de discernement politique des personnes
intéressées (les
étranger·ère·s), lexercice des
droits politiques risque de créer davantage de communautarisme,
et donc de tensions sociales. »
Ce qui se passe en ce moment en Suisse montre bien
que les risques de « communautarisme » ou de
tensions sociales ne sont pas liés à la
nationalité ! Celles et ceux qui jouent avec le feu et
« créent des tensions », ce sont bien
des citoyen·ne·s suisses qui votent des lois
discriminatoires et xénophobes, ce sont des
élu·e·s à Berne qui enfoncent dans la
pauvreté les chômeuses·eurs, les invalides et les
personnes âgées.
Plutôt que les passages hostiles de ce
rapport, je vous invite à parcourir le compte-rendu de
laudition publique des associations qui ont signé la
proposition collective « Vivre ensemble, renforcer la
cohésion sociale ». Vous y trouverez tout le
travail effectué par ces associations (Ligue des droits de
lhomme, Camarada, Centre de Contacts Suisses Immigrés
(CCSI), Maison Kultura…) auprès des femmes, des enfants, dans
les syndicats et la vie associative. Lensemble de notre
société bénéficie de ces activités.
La proposition collective de ces associations souligne ainsi
laspect « donnant/donnant » de
lintégration des personnes de nationalité
étrangère et tout ce que nous aurons à gagner
à étendre les droits politiques à toutes les
personnes […] habitant et participant à la vie dans notre
canton. Ne perdons donc pas loccasion qui nous est donnée
avec la nouvelle Constitution de bénéficier de leurs
voix !
Claire Martenot