La bannière verte de Mahomet et l’expansion du commerce mondial
La bannière verte de Mahomet et lexpansion du commerce mondial
Mahomet voit le jour à La
Mecque, aux environs de 570 de lère chrétienne.
LArabie centrale connaît alors un développement
rapide, stimulé par le flux des caravanes qui acheminent
marchandises et informations sur les axes Nord-Sud, de la Palestine au
Yémen, ou Est-Ouest, de lEthiopie au golfe Persique. La
naissance de lislam ne peut être appréhendée
hors de ce contexte.
Aux quatre points cardinaux de cet univers, les deux grands empires
romain byzantin qui contrôle toujours la majeure partie
du pourtour méditerranéen et sassanide perse,
ainsi que les deux civilisations de lEthiopie (royaume
dAksoum) et de l« Arabie
heureuse » (Himyar ou Yémen), constituent de
puissants pôles dattraction. Byzance est alors
lalliée de lEthiopie chrétienne, tandis que
la Perse sassanide réussit à se soumettre lArabie
du Sud qui perd ainsi une partie de son ascendant sur le reste de la
péninsule. De 540 à 629, les guerres incessantes entre
Byzantins et Perses affaiblissent cependant leur emprise sur les zones
contestées du Croissant fertile, peuplées de plus en plus
par des migrant·e·s dorigine arabe.
Jouant pleinement leur rôle
dintermédiaires, les tribus bédouines
dArabie centrale, en partie sédentarisées,
développent alors un réseau de marchés et de
foires, avec La Mecque en son centre. Elles sont en contact avec de
nombreux dissidents chrétiens (monophysites, nestoriens, etc.)
du Croissant fertile, mais aussi dEthiopie et du Yémen,
qui se disputent à propos de la double nature divine et humaine
du Christ, mais aussi avec les zoroastriens et les juifs de Perse. (1)
LArabie de Mahomet
« Le Croissant fertile et ses régions environnantes
offrent des points de contact à plus de routes de commerce
lointaines quaucune autre région
comparable » dEurasie (2).
Par ailleurs, sa relative aridité hors de ses grandes
plaines alluviales favorise les éleveurs semi-nomades et
les marchands, capables de contrebalancer ensemble lascendant de
laristocratie foncière. Cette alchimie sociale encourage
léclosion des religions monothéistes
zoroastrisme, judaïsme et christianisme qui
répondent mieux aux besoins des classes marchandes,
préoccupées avant tout par la régulation des
rapports interpersonnels. Lindividu est désormais
posé comme responsable dune vie unique (pas de
réincarnations multiples), devant un seul Dieu et une seule
communauté, porteurs dune même justice aux
aspirations égalitaires.
Aux frontières des grands Etats agricoles,
les sociétés déleveurs et de marchands, qui
se livrent souvent aussi au pillage, contrôlent les
échanges entre la Méditerranée et les mers du Sud.
Ce sont certes des nains par rapport aux grandes civilisations
agricoles, mais ils sont assis sur leurs épaules de
géants et voient parfois plus loin quelles. La
domestication du chameau leur garantit tout à la fois le lait,
la caravane (du sanscrit karhaba qui signifie chameau) et un atout
militaire décisif, en plus du cheval. Ces tribus, ainsi que
leurs cousines, établies dans les oasis, sont les plus
prestigieuses : elles se nomment elles-mêmes les
Arab. Elles jouissent dun ordre social peu
hiérarchisé, peu polarisé, et donc
solidaire : lindividu y est considéré comme
responsable de ses choix, si bien que la violence intergroupe est
limitée par les représailles quelle suscite.
« Durant lenfance de Mahomet,
note Hodgson, la plus grande part du commerce entre le bassin
méditerranéen et locéan indien passait par
les routes terrestres contrôlées par les
arabes ». Sur le plan spirituel, tandis que les Perses,
protecteurs des juifs, remportaient victoire sur victoire contre
Byzance, les idées bibliques de toutes obédiences se
répandaient en Arabie centrale le long des routes
caravanières. « On se tournait dès lors vers
les religions universalistes, les religions de lindividu, celles
qui, au lieu de concerner le groupe ethnique, visaient à assurer
le salut de chaque personne humaine dans son incomparable
unicité » (3). Le judaïsme, déjà
implanté dans quelques oasis, mais aussi le christianisme, dont
les pieux ermites frappaient limagination des contemporains,
manquaient cependant de racines locales.
Le vieil Allah, divinité unificatrice des
Bédoins, jusquici dépourvu de culte
spécifique, allait-il pouvoir écarter les innombrables
idoles tribales et « renaître » comme
authentique Dieu du Livre ? Rodinson estime que
cétait dans lair du temps :
« Un Etat arabe, guidé par une idéologie
arabe, adapté aux nouvelles conditions et cependant encore
proche du milieu bédouin quil devait encadrer,
constituant une puissance respectée à
égalité des grands empires, tel était le grand
besoin de lépoque. Les voies étaient ouvertes
à lhomme de génie qui saurait mieux quun
autre y répondre ». Cette mission va échoir
à la Mecque, qui contrôle laxe Nord-Sud du Hedjaz
principal noeud commercial de lArabie occidentale et
centrale, à équidistance de la Syrie, de la Perse et du
Yémen. Il faut dire que son lieu de culte, la kaba,
déjà sous la tutelle dAllah, soffre en
sanctuaire aux nombreuses divinités païennes de toute la
région et attire même des chrétiens en
pèlerinage.
Commerce et religions du salut individuel « Tant quil est lié, pour ainsi dire, organiquement à son clan, à sa tribu, à son village, à sa ville, quil nest, dans une société rigoureusement hiérarchisée, quun élément interchangeable, rivé à la place que le destin lui a assignée pour une fonction toujours la même, lhomme se voit imposer lidée dune vie doutre-tombe semblable ou parallèle à celle-ci. Là-bas aussi les unités sociales de ce monde-ci continueront à encadrer les pâles fantômes qui mèneront une vie diminuée. Sur ces terres dau-delà de la mort, des ombres de serviteurs soigneront les spectres des maîtres, des fantômes de paysans cultiveront la terre pour eux et les artisans doutre-tombe pourvoiront à leurs commodités. Mérite et démérite sur cette terre ny changent pas grand chose. ( ) Mais (Maxime Rodinson, Mahomet, 1994) |
Les premiers pas dun prophète
Au début du 7e siècle, lArabie profite de
laffaiblissement politique de ses voisins, dans un contexte de
dynamisation des échanges sur son territoire. Sur le plan
culturel, cette vitalité se traduit par lessor de la
poésie préislamique qui contribue au développement
dune langue commune à partir de différents
dialectes. Ces odes récitées, rythmées, à
la métrique codifiée, dépeignent avec force le
cadre de vie, les idéaux et les sentiments des Arabes de ce
temps.(4) Le Fou de Laylâ (5) date de la seconde
moitié du 7e siècle : il évoque
lamour impossible qui peut mener à la trangression
sociale, à la folie, mais aussi à la
spiritualité :
ténèbres
comme la lampe dun moine
retiré du monde. »
Ces poètes inspirés, de même que les ermites
chrétiens, ne sont pas sans rapport, nous le verrons, avec le
destin de Mahomet (on devrait plutôt parler de Mohammad
Mehmet pour les Turcs, Mamadou pour les Africains). Celui-ci naît
dans un clan déshérité de la puissante tribu des
Qoraysh, qui contrôle le temple de La Mecque, et dont la
légende raconte quelle domine les principales routes
commerciales du Hedjaz. Orphelin de père et de mère
dès son jeune âge, il aurait été recueilli
par son grand-père, puis par son oncle, Abou Tâlib, un
commerçant aisé, avant dépouser à
lâge de vingt-cinq ans une riche veuve de quinze ans son
aînée, Khadîja, dont il aura quatre filles.
Lhistorien est mieux renseigné sur
Mahomet que sur Jésus.(6) On le décrit semble-t-il comme
un individu de taille moyenne aux larges épaules et à
lossature forte, bâti dune seule pièce.
Doté dune grande tête, dun visage
allongé et mince, animé par des yeux noirs, cest
un homme réfléchi et pondéré, capable de
négocier longuement comme de passer rapidement à
laction. Il deviendra vite un marchand prospère, si bien
que son langage en restera imprégné : le Coran
évoque ainsi le jugement dernier comme
« lapurement des comptes » (21, 1).
Ces succès matériels ne paraissent pourtant pas lui
apporter une satisfaction suffisante : son incapacité
à donner à son épouse un héritier
mâle le trouble ; sa renonciation volontaire à toute
relation extra-conjugale le frustre sans doute, dans un monde où
les jeunes hommes vivent une sexualité très libre ; et
surtout, la non mise en valeur de ses qualités intellectuelles
et politiques exceptionnelles le font souffrir.
Sur les traces des prédécesseurs
arabes du monothéisme (hanîf), mais aussi des mystiques
juifs et chrétiens, Mahomet passe de longues heures à
méditer dans une caverne de la colline de Hirâ, aux abords
de La Mecque. Cest ici quune nuit, il reçoit
« la Vraie Vision (
) comme le surgissement de
laube », confiera-t-il plus tard à sa future
épouse Aïsha. Ce fut dabord une voix qui lui
disait : « Tu es lEnvoyé de
Dieu ! (
) Après les sensations de présence
surnaturelle, les visions vagues, les auditions de simples phrases,
vinrent les longues suites de paroles bien ordonnées, offrant un
sens net, un message ». Enfin, lEtre puissant lui
commanda de réciter : « Au nom de
Dieu… ». Il venait de prononcer les premiers mots de ce
qui allait devenir le Coran. « Tout cela se passait dans
le cerveau dun seul homme, commente Rodinson, mais il sy
reflétait, il sy remuait les problèmes de tout un
monde et les circonstances historiques étaient telles que le
produit de toute cette agitation mentale était propre à
secouer lArabie et, au-delà,
lunivers ».
Quand et comment le Coran a-t-il été écrit ?Les scientifiques Pour John Wansbrough : la réécriture du Pour en savoir plus : Encyclopédie de lIslam, 2e éd., 12 vol., Leiden, Brill, 1960-2005. |
Le discours social de lislam naissant
Toute foi monothéiste tend à poser le principe de
légalité de chacun-e et de sa soumission à
la volonté de Dieu, mais aussi de son salut ou de sa
condamnation à la fin des temps, sans égard à sa
fortune. Ceci est vrai à plus forte raison de lislam, qui
rejette même le dogme chrétien de la Trinité au nom
de lunicité absolue dAllah. Le Coran
présente ainsi au fidèle, de façon très
colorée, les tourments de lenfer et les délices du
paradis. « Lindividu (
), souligne Rodinson,
prenait une valeur particulière et éminente. Cest
de lui que soccupait lEtre Suprême, lui qui
lavait créé et quil jugerait sans
considération de parenté, de famille, de
tribu ».
Dès les dernières décennies du
6e siècle, note Hodgson, lenrichissement des marchands de
La Mecque « menaçait la solidarité tribale
et, dans tous les cas, minait lidéal bédoin
dun homme généreux pour lequel la richesse
était une distinction bienvenue mais relativement
éphémère ». Ce sont donc les esprits
les plus libres, rejetant la domination des couches dirigeantes de la
société mekkoise, qui se tournent les premiers vers
Mahomet : parmi eux, des jeunes de bonne famille en
révolte contre leurs aînés, mais aussi des membres
de clans moins influents, des non Mekkois, des individus hors clans,
voire des affranchis ou des esclaves. Le prophète prend
dailleurs parti pour les pauvres et les orphelins en admonestant
les riches Qorayshites, dont il méprise
larrogance :
« Prenez garde ! Vous nhonorez pas lorphelin !
Vous nincitez pas à nourrir le pauvre !
Vous dévorez lhéritage goulûment !
Vous aimez la richesse dune passion sans borne ! »
(Coran, 89, 17-20)
Dans le principe des religions révélées, les
injonctions du Très Haut sont communiquées aux hommes par
lentremise dun prophète, auquel sa position fait
légitimement ambitionner le pouvoir spirituel
suprême : « Comment un homme à qui
Dieu parlait directement, remaque Rodinson, pourrait-il se soumettre
aux décisions dun quelconque sénat. Comment les
prescriptions de lEtre suprême pourraient-elles être
discutées par laristocratie
mekkoise ? » Dailleurs, Mahomet ne
développe-t-il pas « une attitude critique
[Rodinson dira même : « implicitement
révolutionnaire »] envers les riches et les
puissants, donc les conformistes. »
La répression va donc sabattre sur la
quarantaine de partisans de Mahomet, en particulier sur les plus
vulnérables dentre eux : lesclave noir
Bilâl est ainsi exposé au soleil par ses maîtres,
aux heures les plus chaudes de la journée, avec un rocher sur la
poitrine. Dans cette lourde atmosphère, le prophète gagne
cependant encore quelques disciples, comme Omar ibn
al-Khattâb, qui sera plus tard le second calife à lui
succéder. Certains émigrent en Abyssinie, même si
la plupart jouissent encore de lappui de leur clan :
Mahomet est protégé par les Banou Hâshim, en
particulier par son oncle, le très influent Abou Tâlib.
Cest la mort de ce dernier, en 619, ainsi que celle de sa
première femme Khadîja, qui vont rompre ce précaire
équilibre.
En 622, alors que Byzance affamée est
assiégée par les Perses et les Avars dans un parfum
dapocalypse, le petit groupe des croyant·e·s prend
le chemin de Médine, à 350 km au N-O : cest
lhégire, soit le début du calendrier musulman.
Ici, la nouvelle organisation sociale à laquelle préside
Mahomet, encouragée par la voix dAllah, continue à
défendre les intérêts des orphelins, des mendiants
et des voyageurs. Elle recommande de bien traiter les esclaves et si
possible de les émanciper ; lesclavage est même
proscrit parmi les fidèles. En 632, lorsque le prophète
en personne, quelques mois avant sa mort, conduit le premier
pèlerinage à La Mecque (hajj), il insiste sur
légalité de tous les hommes devant Allah,
quils soient riches ou pauvres, Arabes ou non, inspirant ainsi
le rejet assez général du racisme par lislam.
Un islam des pauvres ?« Le Coran (
) transmettait aux Les Les idées ont leur vie propre et cette vie (Maxime Rodinson, Mahomet, 1994) |
Sous la bannière verte du commerce
Hodgson insiste sur le fait que la communauté des fidèles
celles et ceux qui ont accepté la
révélation se trouvent désormais
réunie au sein de loumma (de umm, mère) par des
liens dépassant les barrières tribales. A Médine,
Mahomet sefforce de doter cette communauté de
règles propres, mais aussi de moyens financiers, notamment par
le biais de limpôt, jetant ainsi les bases dun
nouvel ordre social.
Il arbitre les conflits des clans païens et
bénéficie au début dune certaine
bienveillance des puissantes tribus juives, auxquelles il emprunte
certains rituels : prière à la mi-journée
en direction de Jérusalem et jeûne du Kippour ; Allah
permet aussi de manger la nourriture des gens de lEcriture et
dépouser des femmes dentre eux. Pendant ce temps,
il étend son influence politique en assurant
lindépendance de ses partisans au moyen dune
série de « raids » contre les
caravanes de La Mecque (la guerre privée est alors une coutume
parfaitement admise).
Les opposant·e·s des tribus
bédouines semblent peu nombreux : avec le temps,
ils-elles se rallient ou sont éliminés. Ce sera le cas de
la poétesse Açmâ, assassinée
dans son sommeil. Navait-elle pas déclaré :
« Enculés de Mâlik et de Nabît
(
) [clans et tribus médinoises]. Vous obéissez
à un étranger (
) Ny aura-t-il pas un homme
dhonneur (
) qui coupera court aux espérances des
gobeurs » (cité par Rodinson).
En revanche, les juifs ont des prétentions
politiques et une cohésion idéologique plus
menaçantes. Ils traitent de haut les idées religieuses de
Mahomet, qui les défie en revendiquant les origines ancestrales
de lislam : les Arabes ne descendent-ils pas
dIsmâil, fils dAbraham
(Ibrâhîm), lui-même fondateur originel des religions
du Livre. Il rompt aussi avec eux en instituant le jêune du
Ramadan, en rejetant une partie de leurs interdits alimentaires (il
proscrit cependant le vin, associé à des cultes
païens), puis en exigeant des croyant·e·s
quils-elles prient en direction de La Mecque. Il en viendra
à bout par une succession dexpulsions,
dexpropriations et de massacres, dont celui des Banou Qorayza,
en 627, fera plusieurs centaines de morts. Il se distancie aussi des
chrétiens en reconnaissant Jésus comme prophète,
capable certes de miracles, mais néanmoins homme à part
entière.
Maître de Médine et des routes
commerciales très fréquentées du Nord du Hedjaz,
desquelles il tire des ressources croissantes, le parti de Mahomet pose
un problème insoluble aux riches marchands de La Mecque qui ne
parviennent pas à le défaire par les armes. Cest
que le jeune Etat naissant, qui doit sa forte cohésion à
lidéologie musulmane, est dirigé par un homme
exceptionnel qui sait concilier vision à long terme et sens de
lopportunité. Il sentoure aussi de conseils
avisés, notamment de ceux de ses deux beaux-pères et
successeurs, Abou Bekr et Omar, auxquels soppose parfois
son cousin Ali, mari de sa fille Fâtima.
En 628, Mahomet annonce quil entend partir
à la conquête spirituelle de La Mecque en prenant la
tête dune marche pacifique. Lentreprise est
couronnée de succès, en dépit des concessions
humiliantes quil doit accepter : dès 629, les
musulmans sont admis dans la ville pour le pèlerinage. En 630,
il prépare cependant une grande expédition militaire pour
intimider ses derniers opposant·e·s :
laristocratie mekkoise divisée évitera
lépreuve de force en se soumettant avant de se convertir.
Médine devient ainsi la capitale de lArabie
unifiée autour de son prophète, à la tête de
laquelle les grandes familles qorayshites se pressent désormais.
Au sommet de sa puissance, lEnvoyé dAllah meurt le
6 juin 632.
Au même moment, Byzance exsangue a repris
lavantage sur une Perse enfin défaite. Les armées
des premiers califes (héritiers du prophète), qui ne
peuvent plus rançonner les Arabes islamisés, vont saisir
cette opportunité pour se lancer à la conquête du
monde connu. Comme le relève Rodinson, leur avancée est
fulgurante : « un siècle après la
date ou Mohammad, obscur chamelier, avait commencé à
réunir autour de lui dans sa maison quelques pauvres Mekkois,
ses successeurs commandaient des approches de la Loire au-delà
de lIndus, de Poitiers à Samarkand ». Pour
le philosophe Ernst Bloch : « La bannière
verte flotta bientôt dun mouvement homogène
par-dessus la tempête commerciale, guerrière et
religieuse » qui bouleversait le Moyen-Orient et le monde
méditerranéen : désormais, lislam
idéologie de la modernité dalors
allait présider à lexpansion des marchés,
et ceci « du déclin de lEmpire romain
dOrient à lascension de Venise, et même de
lAngleterre ». (7)
Jean Batou
Le Coran et les femmes« Les hommes ont autorité sur les Les femmes sont actives au Le désir sexuel des femmes est réputé dix Concernant le port du voile, un verset coranique |
1
Patricia Crone a prétendu que lislam avait dû
naître en Arabie du Nord, plutôt quen Arabie
centrale, où lessor du commerce, mais aussi la diffusion
du judaïsme et du christianisme, étaient encore très
limités au premier tiers du 7e siècle (Meccan Trade and
the Rise of Islam, Princeton U.P., 1987). Les fondements de cette
hypothèse décoiffante ont été cependant
fragilisés par des travaux archéologiques récents.
2 Les citations de M. S. Hodgson sont tirées
de The Venture of Islam. Conscience and History in a World
Civilization, Vol. 1 : The Classical Age of Islam, Chicago, 1977.
3 Maxime Rodinson, Mahomet, Paris, Seuil
Points, 1994. Les autres citations de Rodinson sont tirées de la
même version revue et complétée de sa brillante
synthèse, parue pour la première fois en 1961. Du
même auteur : Islam et capitalisme, Paris, 1966 ; Marxisme
et monde musulman, Paris, Seuil, 1972 ; Les Arabes, Paris, PUF, 1979 ;
La fascination de lIslam, Paris, Maspero, 1980 ;
LIslam : politique et croyances, Paris, Fayard, 1993.
4 Albert Hourani, A History of the Arab Peoples, Cambridge (Mass.), Harvard U.P., 1991, pp. 12-14.
5 André Miquel & Ghani Alani, Le Fou de Laylâ, Paris, Sindbad-Actes Sud, 2003.
6 La vie de Mahomet nous est connue par des
récits (hadîth), dont les plus anciens remontent
probablement à 120 ans au moins après les faits. Ils ont
été validés par de grands juristes musulmans qui
ont attesté de leur crédibilité en analysant la
chaîne des témoignages dont ils dépendent,
névitant pas parfois des contradictions, ce qui fait
quils ajoutent souvent : « Et Dieu est le
plus savant ». Pour en savoir plus : Ibn Warraq
(sous la dir. de), The Quest for the Historical Muhammad, New York,
Amherst, 2000.
7 Ernst Bloch, Le principe espérance.
Vol. 3 : Les images-souhaits de lInstant
exaucé, Paris, Gallimard, p. 439.