Murad nous écrit depuis sa cellule

Murad nous écrit depuis sa cellule



Notre camarade et collègue
Murad Akincilar, secrétaire syndical d’UNIA à
Genève, croupit toujours dans
les prisons turques. La campagne pour sa libération se poursuit. Nous publions ici une lettre qu’il a pu adresser en décembre au comité de soutien pour sa libération.

Mes Chers-Chères Ami-e-s,

Pendant que je défendais au sein de l’Europe les droits
des ouvriers du bâtiment, les personnes qui me connaissent le
savent bien, je n’étais pas un
«réfugié», un «exilé» ou
«un syndicaliste déraciné». Même en
tant que syndicaliste emprisonné en Turquie, je me sens
auprès de vous. Car un vrai syndicaliste fait partie,
au-delà des frontières, d’une grande entité.
Le travailleur européen qui refuse de payer le prix de la crise,
en moyenne plus de 200 représentants de travailleurs tués
chaque année en Colombie, les travailleurs palestiniens dont les
locaux de leur syndicat sont démolis une ou deux fois par
année, les paysans brésiliens sans terre qui
n’attendent pas l’autorisation des grands
propriétaires terriens pour cultiver la terre, et de nombreux
d’autres, une quantité innombrable que l’on ne peut
citer ici font partie de cette grande entité.

Le 21 novembre, après 6 mois de détention, les 22
syndicalistes accusés [en Turquie] d’«appartenance
à une organisation illégale» ont été
libérés. Pour ce qui est des dirigeants des syndicats
organisant les travailleurs du textile et des chantiers navals, ils
sont depuis des années en train de passer plus de la
moitié de leur expérience syndicale en prison. Quant
à moi, je suis en prison depuis deux mois, avec la même
accusation. Nous sommes tous membre, travailleurs/syndicalistes de
cette immense famille, cette famille au-delà des
frontières. Et en même temps, nous partageons ensemble des
principes universaux et défendons des valeurs communes comme la
justice sociale, l’égalité et la fraternité.
Nous ne les oublions pas.

Désormais, l’ère des dictatures militaires
classiques est close. C’est la période de l’Etat
policier néolibéral, qui s’enracine dans les
circonstances de crise, une génération qui trouve son
expression de Sarkozy à Uribe ou de Berlusconi à
Netanyahou chez ses représentants médiatiques,
éhontés. Et c’est cela le problème.

J’envoie mes remerciements, mes salutations cordiales et
fraternelles à mes camarades syndicalistes, et travailleurs de
différentes organisations syndicales, aux parlementaires et aux
milliers de femmes et hommes qui se sont mobilisés et qui ne
m’ont pas laissé seul depuis le jour de mon arrestation.

Murad