Swissport: fêter la victoire et en tirer les leçons !
Swissport: fêter la victoire et en tirer les leçons !
Mercredi matin 13 janvier 2010, les
employé·e·s du tri bagages et de la piste de
Swissport ont repris le travail après 10 jours de grève.
Ils lont fait la tête haute et peuvent être fiers de
la bataille quils ont menée, car ils ont obtenu gain de
cause sur une grande partie de leurs revendications. Nous publions
ci-dessous de larges extraits du tract du Comité de soutien.
Celui-ci organise une fête de la victoire, mercredi 10
février à partir de 18 h, à la salle du
Faubourg, 4 rue des Terreaux-du-Temple, avec repas, musique, etc.
Laccord signé par le Syndicat des services publics (SSP)
et lentreprise Swissport prévoit la mise en place
dune convention collective de travail à partir du 1er
janvier sappliquant à lensemble du personnel de
lentreprise. [
]
En grève contre une multinationale
Swissport, lancienne société de handling de
Swissair, appartient à lespagnol Ferrovial depuis 2005.
La société de capital-investissement détient aussi
des entreprises de construction et de transports, principalement en
Europe, pour un total de 36,2 milliards deuros. Swissport
réalise un chiffre daffaires de près de 2
milliards de francs dans 38 pays avec 100 000
employé·e·s. Son résultat
opérationnel sélevait à 108 millions de
francs en 2008.
Après avoir épuisé toutes les
voies de la négociation et des médiations, les
employé·e·s du tri bagages et de la piste et leur
syndicat ont décidé de se mettre en grève et
davancer un cahier de revendications comportant
notamment :
1. Une CCT forte
2. Une augmentation salariale pour 2010
3. La revalorisation du travail irrégulier
4. La suppression des pénalités financières en cas de maladie du personnel
Toutes ces revendications étaient amplement justifiées au
regard du travail pénible de ce personnel et des
résultats de cette entreprise.
La lutte a payé
Le résultat de la grève est que sur tous ces points, une
amélioration certaine a été obtenue, à
savoir :
1. Une prime de 100 francs par mois pour tous les grévistes
2. Une augmentation salariale généralisée de 40
francs sur les grilles de salaires et sur tous les salaires réels
3. Une augmentation des points « HTI » pour
travail irrégulier qui passent de 2.75 à 3.10 (cette
mesure représente une augmentation générale
moyenne de 40 francs et denviron 50 francs pour les
grévistes)
4. La suppression du prélèvement de 20 % des
salaires les 3 premiers jours de maladie, sur présentation
dun certificat médical.
Trois mesures sur quatre touchent donc lensemble du personnel.
Les grévistes ont gagné 190 francs sur les 250
demandés. Ils ont nettement amélioré leur CCT,
laquelle est désormais signée entre le seul SSP et
Swissport. La leçon nest pas nouvelle, mais force est de
constater que des travailleurs et des syndicats
déterminés, clairs sur les objectifs à atteindre,
obtiennent à travers la lutte et la grève des
résultats importants.
Passer à loffensive !
Depuis de nombreuses années, lessentiel des luttes ont
été défensives. Lintérêt de
celle des employé·e·s du tri bagage et de la piste
est quelle a été offensive. Il faut le souligner
et sen inspirer pour les futures batailles à mener.
Le 2 janvier 2010, les grévistes de Swissport
ont commencé leur mouvement en même temps que le personnel
de Dnata, seconde entreprise dassistance au sol à
laéroport. Les grévistes des deux entreprises ont
ainsi affirmé la nécessité dune CCT de
branche pour mettre un terme à la concurrence déloyale
que se livrent leurs employeurs pour sarracher les
marchés en rognant au final sur les conditions de travail.
Les grévistes de Dnata, soutenus par le SIT
et le SSP, ont repris le travail le 2 janvier en fin de journée
après avoir obtenu satisfaction sur leurs revendications. La
lutte commune pour quune CCT commune voie le jour va se
poursuivre.
LEtat avec les patrons
Cette lutte a mis en évidence une attitude antidémocratique du Conseil dEtat genevois.
- Laéroport est une régie publique autonome,
placée sous la tutelle de lEtat, qui se doit de veiller
aux conditions de travail; dans ce cas despèce, le
domaine de laéroport (AIG). Pourtant, M. Longchamp,
président du Conseil dEtat, a violé la
législation suisse : lEtat aurait dû
demander aux fournisseurs des marchés publics et des mandats de
prestations de respecter les conditions usuelles locales de la branche.
Or, dans ce conflit, il a interdit de définir ces conditions
usuelles à travers une CCT commune des entreprises
« ground handling » ! Il a même
été jusquà menacer dappeler une
troisième entreprise pour intensifier la concurrence. - Comme chef de lAIG, M. Longchamp aux
multiples casquettes a aussi envoyé du personnel
dun établissement public financé par lEtat
au secours dune entreprise privée pour tenter de briser
la grève. Il a utilisé des moyens publics pour soutenir
unilatéralement la position dun employeur. - Le Conseil dEtat a également ordonné que la
police agresse violemment les grévistes et leur interdise
laccès à leur lieu de travail. - Le Conseil dEtat a même envoyé un haut
fonctionnaire tenir publiquement des propos injurieux contre les
travailleurs en grève, contre des syndicalistes et contre le
SSP. Cette attitude est inquiétante, car elle
révèle clairement que les autorités politiques
nhésitent plus à se placer dans le camp de ceux
qui veulent empêcher toute expression sociale et réprimer
toute contestation.