Conseil d’état contre chômeurs: signons la pétition syndicale pour les 120 jours…
Conseil détat contre chômeurs: signons la pétition syndicale pour les 120 jours
A lappel de la CGAS a eu lieu
le 10 février, devant lOffice cantonal de lemploi,
un rassemblement de protestation des syndicats genevois, soutenus par
solidaritéS, pour dénoncer la politique du Conseil
dEtat en matière demploi et de chômage.
Une politique, portée en particulier par le Conseiller
dEtat radical François Longchamp, qui se traduit par une
lutte contre les chômeurs·euses plutôt que contre le
chômage. Il sagissait en particulier lors de cette action
de lancer une pétition demandant au gouvernement genevois de
revenir sur son refus scandaleux de demander à la
Confédération lallongement de 120 jours de la
durée dindemnisation pour les chômeurs·euses
de longue durée, droit que les cantons de Neuchâtel, Vaud
et Jura ont tous demandé et obtenu.
Crise sociale aigue
Or la situation est plus dramatique encore à Genève.
Depuis le 8 février, les nouveaux chiffres du chômage y
sont connus : sans surprise, cest un nouveau record qui a
été franchi, avec 7,3 % de
chômeurs·euses dans le canton. Nen déplaise
à ceux qui proclament la fin de la crise financière, on
est aujourdhui face à une véritable crise
sociale : Plus de 22 000 personnes sont actuellement en
recherche demploi à Genève, auxquels risquent de
sajouter sous peu les 3000 travailleurs·euses se trouvant
actuellement en chômage technique. Sans oublier les 5000
chômeurs·euses frontaliers
« exportés » en France voisine.
Mais Genève ne constitue pas uniquement la
lanterne rouge en Suisse en termes de nombre de
chômeurs·euses. Cest là que la
période de chômage est la plus longue, avec en moyenne 282
jours comparés à 205 pour le reste du pays. Ainsi,
Genève comptabilise chaque mois environ 400
chômeurs·euses arrivant en fin de droit. « Le refus
du Conseil dEtat de demander laugmentation de 120 jours
des indemnités journalières est simplement
scandaleux », notait donc Alessandro Pelizzari,
secrétaire régional dUnia et vice-président
de la CGAS, lors du rassemblement.
Bataille fédérale en vue
Ce refus est dautant plus inacceptable quil sagit
dun droit pour les chômeurs·euses menacé par
la 4e révision de la Loi fédérale sur le
chômage (LACI). Le Conseil fédéral voudrait en
effet par ce biais « économiser » 30
millions par an sur le dos des chômeurs·euses. Mais ce
nest pas tout : « La droite au parlement
prépare un démantèlement sans
précédent de lAssurance
chômage », a expliqué Bernard Remion du
syndicat Comedia, lensemble des mesures actuellement en
discussion au Chambres fédérales prévoyant des
suppressions de prestations à hauteur de 786 millions par an,
dont des coupes drastiques pour les jeunes chômeurs·euses
en réduisant à 90 jours les indemnités
journalières pour les jeunes à la sortie de
lécole.
Lobstination de François Longchamp et
du Conseil dEtat à refuser la prolongation
nécessaire de lindemnisation des
chômeurs·euses genevois, apparaît donc comme un
soutien à la politique fédérale contre les
chômeurs·euses
comme la pétition syndicale
et la campagne de récolte de signatures en faveur de celle-ci
qui se terminera par un rendez-vous de dépôt le 18
mars à 17 h à la Treillle est
loccasion aussi dun « tour de
chauffe » en vue de la récolte de signatures
à lappui du référendum
fédéral imminent contre la nouvelle LACI.
Longchamp charlatan
Mais dans son communiqué de presse diffusé début
février, le Conseil dEtat genevois légitime son
refus de demander la prolongation des indemnités
journalières par la mise en place de « puissants
instruments de réinsertion ». Une imposture
grotesque ! En effet, le bilan de la politique genevoise contre
le chômage et de la nouvelle loi cantonale soutenue par
la droite et les Verts contre laquelle nous avions
impulsé un référendum en 2007, est
éclairant à ce propos :
Sur les quelques 5000 chômeurs-euses
arrivés en fin de droit en 2009, 700 seulement ont
bénéficié des mesures telles que
lallocation de retour en emploi et des « emplois de
solidarité ». 500 chômeurs·euses se
trouvent actuellement en « emploi-formation »
contre environ 2000 anciens « emplois temporaires
cantonaux » (ETC) qui ont été
supprimés. Et parmi les 324 bénéficiaires des
« emplois de solidarité », dont les
deux-tiers touchent 3000 fr. par mois pour un emploi à plein
temps, sans respect des conventions collectives, sept personnes
uniquement ont retrouvé un emploi en 2009 !
« La politique cantonale de chômage est lantichambre de la pauvreté »,
a donc commenté Manuela Cattani du syndicat SIT, alors que le
placement en emploi formation dans les services publics ou institutions
subventionnées visent en première ligne à
substituer des vrais emplois par de la main duvre
à bon marché. Résultat : lHospice
général prévoit pour 2010 une augmentation des
demandes dassistance de 18 % !
Lutter contre le chômage
Au lendemain du rassemblement syndical, le Conseiller dEtat
Longchamp se voyait infliger un premier désaveu bienvenu. En
effet, une majorité du Grand Conseil lui a renvoyé ce
jour là une résolution, appuyée par le PS, les
Verts et le MCG, allant dans le sens de la pétition syndicale et
lui demandant de solliciter les 120 jours dindemnisation
prolongée.
Mais la pétition reste évidemment
à lordre du jour. En effet, la résolution
nayant pas de caractère contraignant Longchamp trouve
encore moyen de faire obstruction en affirmant par exemple sa
volonté de faire une demande à Berne en
« limitant » la prolongation à
certaines catégories de chômeurs·euses
Par
ailleurs, la montée en puissance dune mobilisation
syndicale et sociale sur ce thème est évidemment plus que
jamais à lordre du jour, car il faudrait non seulement
réussir à bloquer les mesures « contre les
chômeurs », mais à en impulser de
réelles « contre le chômage »,
soit à défendre un réel programme
« pour lemploi » comportant la
création demplois dutilité publique et
écologique dans les domaines sociaux et environnementaux
où les besoins sont criants !
Pierre Vanek