« Redressement des finances et réforme de l’Etat »
« Redressement des finances et réforme de lEtat »
Tel est lintitulé du
rapport du Conseil dEtat au Grand Conseil. Il serait plus
correct de lappeler: «Programme
daustérité pour la mise en application du
programme de législature refusé en janvier par le Grand
Conseil».
Respectueux des dogmes libéraux, ce «redressement»
ne prévoit que des réductions de dépenses, aucune
idée de recette nouvelle. Dans son rapport, le Conseil
dEtat a chiffré arbitrairement le déficit
structurel du canton à 90 millions et la nécessité
de dépenses nouvelles, notamment pour le Transrun (concept de
transports publics cantonal), à 60 millions. Il propose
datteindre en 6 ans cette réduction budgétaire
durable (150 millions) des prestations de lEtat Le
programme de législature refusé avait indiqué que
les coupes auraient lieu principalement dans léducation,
le social et la santé. Le document final amendé ne
contient pas de chiffres, mais conserve la méthode. Pour Jean
Studer, conseiller dEtat socialiste, lessentiel est
sauf : « Il faut saccorder sur
lobjectif et pas sur le montant ». Et
lobjectif cest : couper dans les prestations et ne
dégager aucune recette nouvelle. Prévoyant quun
tel programme ne serait pas aisé à faire passer dans la
pratique, le Conseil dEtat sollicitait un budget de 16 millions
sur la période 2010-2016, avec pour objectif de mandater une
société de consultants privée (le nom de Nelly
Wenger Associates a circulé, mais cela a suscité des
haut-le-cur !) chargée de faire passer la pilule.
En janvier 2010, dans la discussion
générale sur le programme de législature
qui ne portait pas à conséquence (son vote
nétait quindicatif) , le Parti socialiste
avait rejoint le groupe POP-Verts-SOL pour rejeter cette politique
daustérité antisociale. A lheure des
questions « sérieuses », celles du
vote des budgets, la majorité Parti socialiste – Parti
libéral-radical a voté comme un seul homme le rapport
« Pour le redressement des finances et la réforme
de lEtat », y compris le budget de 16 millions pour
faire passer le programme de réduction des dépenses de
lEtat. LUDC, sans surprise, a refusé le rapport:
elle voulait que la réduction des dépenses soit
chiffrée, pour être sûre que le renforcement de la
politique antisociale soit vraiment appliqué. Les propositions
de recettes nouvelles (impôt sur les grandes fortunes, pas de
baisse du taux dimposition du bénéfice des
entreprises) ont été évidemment balayées
par le Parti socialiste.
Maintenant que lobjectif est acquis
réduire, Jean Studer va proposer sa nouvelle version de la
fiscalité des entreprises, qui prévoit une baisse de
limposition du bénéfice (actuellement de
6 % à 10 %) en contrepartie de labolition
partielle des exonérations fiscales qui ne tiennent plus la
route. Dans la foulée, il proposera de refuser
linitiative « Pour une contribution extraordinaire
des grandes fortunes, limitée dans le temps »,
quil a retenue dans ses tiroirs en violation flagrante de la
légalité.
Une chose est de voter dans lenthousiasme de
nouvelles réductions de dépenses, une autre de faire
accepter par la population la réduction des prestations de
santé, la dégradation des conditions denseignement
ou la détérioration des conditions de travail du
personnel de lEtat. solidaritéS sera présent comme
toujours pour organiser les résistances.
Henri Vuilliomenet