Congrès Unia: vers un syndicat présent sur les lieux de travail ?

Congrès Unia: vers un syndicat présent sur les lieux de travail ?

Deux jours durant, les 4 et 5 décembre derniers, 350
délégué·e·s et 150
secrétaires syndicaux de toute la Suisse ont débattu de
deux thèmes : le renforcement du réseau de
personnes de confiance et la modification des statuts pour donner plus
de pouvoir aux militant-e-s de base.

    Le texte « Renforcement des personnes
de confiance d’Unia » a été
avalisé ; il synthétise une orientation portée
depuis plusieurs années déjà par Vasco Pedrina,
ancien co-président d’Unia. L’évolution du
syndicat au 20e siècle est allée, à l’image
de la société, vers un renforcement des
professionnel·le·s et un recul de l’engagement
militant des syndicalistes salariés dans le privé comme
dans le public. Un réseau de personnes de confiance, terme
contesté par de nombreux militants en Suisse Romande (traduction
de « Vertrauensperson »), vise à
resserrer les liens avec les membres du syndicat, notamment sur les
places de travail pour qu’ils·elles deviennent des relais
et des porteurs d’information ; il y a aussi l’espoir
qu’émerge une nouvelle génération de
militant·e·s. Dans un interview récent à
l’Evènement syndical, l’hebdomadaire de Unia, Vasco
Pedrina déclarait : « Aujourd’hui, la majeure
partie du travail syndical est accomplie par des secrétaires
syndicaux. Or, on se rend compte qu’un syndicalisme de cette
sorte ne peut aller très loin. Nous sommes arrivés
à un point de rupture ces dernières années. Ce
congrès est une étape importante dans la transformation
d’un syndicat de professionnels à un syndicat porté
à nouveau essentiellement par les membres. Le nombre de
personnes de confiance sur les lieux de travail et dans nos
réseaux sociaux devra au moins doubler ou tripler. »

    Les demandes de révision des statuts
exprimaient la frustration des militant·e·s, membres des
comités locaux, devant une évolution des pratiques
syndicales qui se solde par un pouvoir accru des permanents. La
majorité des propositions, visant à renforcer le pouvoir
des militant·e·s dans toutes les instances, a
été renvoyée à une commission, qui sera
composée en majorité de militant·e·s et qui
soumettra à un prochain congrès, en 2011 ou 2012, un
projet de révision globale des statuts.

La question de fonds, peu abordée, c’est la relation entre
le syndicat basé sur les membres et les mobilisations sociales.
L’élargissement du nombre de membres du syndicat qui
s’engagent dans leur organisation ne sera en effet pas le seul
produit du volontarisme. Sans mouvement social large, mobilisant plus
que des militant-e-s et des secteurs isolés et créant un
climat favorable à l’engagement, le projet risque
d’aboutir à un échec. Dans le bâtiment et la
construction, qui ont connu des mobilisations d’ensemble, la
constitution d’un tel réseau est aujourd’hui plus
facile.

    Recentrer le syndicat sur la base, renforcer sa
présence sur les lieux de travail est un projet que nous
soutenons sans réserves. Pour qu’il ait du succès,
il doit s’articuler sur des mobilisations qui deviennent larges
et massives et qui mettront inévitablement en cause la paix du
travail.

Henri Vuilliomenet