Autre Davos & auto-organisation des salarié·e·s
Autre Davos & auto-organisation des salarié·e·s
Cette
« alternative » au World Economic Forum
sest déroulée du 21 au 23 janvier dernier à
Bâle, réunissant environ 200 personnes, avec au cur
de ses discussions, la crise du syndicalisme actuel à
léchelle internationale.
Sous-tendue par lexigence déchanges
internationaux, cette rencontre a été rythmée par
une mise en perspective dexpériences
dauto-organisation de salarié-e-s dans divers
pays : Suisse, France, Espagne, Brésil, Argentine,
Grèce, Allemagne, Egypte, Russie, etc. Derrière la
diversité des luttes et des expériences, cest un
constat commun qui se dessine en filigrane :
lincapacité des appareils syndicaux traditionnels et
officiels à combattre le système capitaliste en crise et
à résister aux politiques daustérité
contre les salarié·e·s réformes
sociales, privatisation des services publics (Poste, chemin de fer,
domaine de la santé), gel des salaires, licenciements, extension
des secteurs précarisés, etc.
Les exemples abordés, comme les mouvements de
la jeunesse, les luttes menées au sein des secteurs avec une
majorité de femmes ou encore les grèves des sans-papiers,
traduisent limpasse principale des syndicats à
léchelle internationale, à savoir une organisation
hiérarchisée, bureaucratique et détachée de
sa base.
Les mouvements de la jeunesse dans plusieurs pays
lItalie, la France et lAngleterre et plus
récemment, la Tunisie, lEgypte et lAlgérie
sont un phénomène important qui
révèle le désarroi dune
génération sans réelles perspectives
davenir. La France, à ce titre, fait figure
dexemple avec, au cours des dernières années, de
nombreuses batailles menées et des victoires remportées,
comme le retrait du CPE en 2006. Cependant, la défaite de la
lutte contre la réforme des retraites en septembre dernier
révèle les failles dun appareil syndical
très peu occupé par les jeunes (comme en 2006, seulement
1 % des jeunes francais·es sont aujourdhui
syndiqué·e·s), et labsence de soutien
syndical a souvent réduit, en France comme ailleurs, les
mobilisations de la jeunesse à des manifestations
éphémères et à des initiatives
individualistes.
Le cas des professions fortement
féminisées quant à lui, illustre le fait que
même dans les secteurs où elles sont majoritaires
lexemple des centres dappel en France, au Maroc ou en
Tunisie est assez probant à ce titre les femmes restent
largement minoritaires dans les organes de direction, ce qui
nest pas sans refléter une systématique
patriarcale.
Les tentatives dalternatives syndicales
menées par des femmes, comme au Brésil où elles
représentent 48,9 % de la force travailleuse et où
la lutte est envisagée comme potentiel
démancipation par linstauration de la
parité homme femme dans les structures de défense des
travailleurs-euses et la création de groupe non mixtes, marquent
la nécessité dun combat féministe
pratiqué concrètement dans la vie professionnelle et
syndicale.
Des situations sociales particulières
abordées à lAutre Davos on peut tirer le bilan
quil est nécessaire de sortir de la logique actuelle de
syndicats qui fonctionnent par consensus et cooptation bien
souvent, les représentants des centrales syndicales sont en
effet cooptés pour devenir des cadres de lEtat ou
dorganisme publics notamment par la mise en place de
syndicats indépendants, gérés par les travailleurs
et les travailleuses, afin de déployer une contre-offensive
collective.
Justine Detraz, Maïla Kocher, Pierre Conscience