Un contre-sommet pour discuter du lien entre fret maritime et négoce

Entre le samedi 17 et le lundi 19 mars s’est déroulé pour la sixième année consécutive le contre-sommet contre la spéculation sur les matières premières à Lausanne.


Ashley Moponda

Avant que les entreprises de négoce (trading) en matières premières, armateurs, banques et firmes de certification se réunissent sous l’égide du Financial Times au Beau-Rivage pour leur annuel «Commodity global summit», citoyennes et citoyens sont venus s’enquérir des conséquences sociales, environnementales et économiques de cette industrie bien installée entre l’Arc lémanique et le Canton de Zoug.

Pour cette édition du forum du samedi 17 mars, plus d’une centaine de personnes sont venues écouter les intervenant·e·s sur les thèmes du fret maritime, des déplacements de population ou encore de la fiscalité. Le choix du fret maritime comme sujet de la séance plénière s’explique en partie par les nombreuses entreprises de transport maritime ayant leur siège sur les rives du Léman, notamment la MSC, deuxième géant mondial. De surcroît, les effets économiques, sociaux et écologiques de ce transport sont dramatiques. Un cargo pollue l’équivalent de 50 millions de voitures. Les pavillons de complaisance sont un autre méfait qui permet aux entreprises d’installer leurs bateaux dans des pays où le droit du travail et les impôts sont inexistants, afin de se soustraire aux obligations sociales et fiscales.

Concernant la Suisse, même sans accès direct à la mer, elle possède sa propre marine marchande créée après la Deuxième Guerre mondiale afin d’approvisionner le pays en cas de crise majeure. La Confédération a commencé à allouer des crédits de cautionnement et à se porter garante pour les armateurs en cas de vente de leurs bateaux à perte. En 2017, la Confédération a été contrainte de verser 215 millions à ce titre. Dans cette même affaire, le Ministère public a ouvert une enquête sur les obscures conditions d’attribution de ces crédits entre hauts fonctionnaires et armateurs.

A la suite du forum, une manifestation s’est déroulée le lundi 19 mars. Le cortège de 300 personnes s’est rendu devant le Beau-Rivage durant le sommet des traders pour dénoncer le commerce de matières premières aux graves conséquences pour les populations des pays du Sud. Les discours de deux camarades congolais ont éclairé les participant·e·s sur les conséquences du négoce de matières premières.

Mélinda Tschanz

Collectif contre la spéculation des matières premières