La ville est à nous!

A l’appel d’Ensemble à Gauche et de plusieurs collectifs dont l’association Xénope (Malagnou), pas moins de 2000 personnes se sont mobilisées malgré les conditions météorologiques défavorables pour revendiquer le droit à la ville. Une réussite conclue par l’occupation d’un immeuble vide depuis plus de 20 ans!


Demir Sönmez

Les logiques spéculatives et la loi du profit produisent une ville excluante et inégalitaire. Les migrant·e·s et les personnes racisées, les femmes et les personnes issues des classes populaires sont particulièrement tenus à l’écart d’une ville toujours plus «gentrifiée»: boutiques de luxe, bars et restaurants hors de prix, appartements aux loyers exorbitants, etc.

La propriété privée comme enjeu de lutte

Si nos villes offrent toujours moins d’espaces libres d’organisation ou de culture alternative, de places publiques vivantes, de lieux de socialisation non commerciaux ou simplement de logements accessibles, c’est que leur développement est guidé par des intérêts privés. En laissant quasiment la globalité de la propriété foncière (la propriété du sol) aux mains des privés, nous confions l’organisation et la construction de nos villes à la logique de la rentabilité maximale. Au final, seuls ceux et celles qui en ont les moyens ont accès à la ville.

Reprenons le contrôle

Cette manifestation a eu le mérite de dire que nous nous opposons à cet état de fait et que nous voulons nous réapproprier la ville. Nous devons reprendre le contrôle de son développement pour que la construction de nos cités soit au service des besoins de la population. Pour cela, il faut contester la propriété foncière privée.

Nous devons exiger de l’Etat qu’il rachète les terrains, exproprie les bâtiments vides afin de pouvoir mener de réelles politiques d’urbanisme et de construction de logements abordables. En attendant qu’il le fasse, nous devons ouvrir la voie et occuper les bâtiments laissés indûment vides. En période de pénurie de logements et de lieux de vie collectifs, c’est un devoir de lutter contre les lieux laissés à l’abandon. Les manifestant·e·s ont montré la voie: exproprions et occupons!

Jean Burgermeister


Une droite minable et un gouvernement irresponsable

Face à cette mobilisation exemplaire pour réclamer une ville et des logements accessibles et dénoncer les locaux vides, les réactions du gouvernement et de la majorité de droite sont tout simplement inacceptables. Le Conseil d’Etat, par la voix de Pierre Maudet, a répondu en menaçant les organisateurs·trices de représailles pénales et en critiquant la présence de Rémy Pagani dans la manifestation.

La droite a, quant à elle, demandé la démission de Rémy Pagani pour avoir dénoncé le scandale de la spéculation immobilière et des locaux vides. Cependant, cette majorité politique et son gouvernement se sont bien gardés d’évoquer leur bilan désastreux en matière de logements. Alors que des personnes continuent de dormir dans la rue, que des migrant·e·s sont toujours logés dans des conditions insalubres, que les femmes victimes de violences manquent toujours d’appartements relais et que la majorité des habitant·e·s peinent à payer leur loyer et à se loger convenablement, ce gouvernement ne propose aucune solution. Il protège les spéculateurs, marchande notre ville et cherche à criminaliser les mouvements de protestation. Tout simplement minable et irresponsable! PaC