6e révision de l’AI: chronique d’un démantèlement en cours
6e révision de lAI: chronique dun démantèlement en cours
Après la réforme de
lassurance chômage, qui entrera en vigueur en avril
prochain, cest au tour de lassurance invalidité
(AI) de subir une révision, dont lobjectif annoncé
est léconomie de léquivalent de
12 500 rentes complètes dici à 2018, soit
environ 500 millions de francs annuels. Un projet qui sinscrit
dans un processus généralisé de
démantèlement des assurances sociales qui
népargne pas la Suisse.
Moins de trois ans après ladoption de la 5e
révision de lAI (assurance invalidité), la 6e
mouture voulue par le Gouvernement progresse et devrait être
bouclée avant lété. Elle prévoit
notamment la suppression pure et simple de 12 500 rentes
dici à 2018. Par ailleurs, une discussion au Conseil
national a dernièrement porté sur les maladies dont
létiologie et lévolution sont peu claires,
à limage de celles qui ne se basent
« que » sur les déclarations du
patient.e. Ces dernières pourront faire lobjet du
réexamen que prévoit cette révision. Mais pour le
ministre des Affaire sociales, Didier Burkhalter, loin de constituer
une stigmatisation, cette mesure met simplement en avant
« des critères permettant la réouverture
dun certain nombre de dossiers de rentes » (Le
Courrier, 2.03.2011), critères évidemment forts utiles
pour justifier le réexamen dun plus grand nombre de
dossiers.
« La rente, passerelle vers la réinsertion »
Afin de mieux faire passer la pilule, les mesures phares sont
présentées comme sintégrant à
un véritable changement de paradigme, ladage
« rente un jour, rente toujours »
étant remplacé par le principe : « la
rente, passerelle vers la réinsertion » (OFAS,
message relatif à la révision 6a de lAI). Dans ce
sens, la révision prévoit également de ne soutenir
à lavenir que la formation professionnelle
dadolescent·e·s et de jeunes adultes qui permette
linsertion de ces derniers sur le premier marché du
travail, faisant fi de limportance des ateliers
protégés et remettant en cause larticle actuel qui
reconnaît le droit à des mesures de réadaptation et
à une formation professionnelle initiale qui
sétend également au travail en atelier
protégé (Art. 8a et 16.2). De quoi insurger les
associations de soutien aux personnes atteintes de maladies psychiques
qui voient dans ces mesures, « une attaque frontale
à la reconnaissance des affections psychiques en tant que
véritables maladies avec leur potentiel invalidant et (
)
une grave menace » (Communiqué du GRAAP,
25.11.2010).
La virulence de ces mesures sattaquant une
fois encore aux plus fragilisés témoigne bien du
processus de démantèlement des assurances sociales en
cours, et devra être activement combattu !
Maïla Kocher