Autoroute-sur-Léman : c’est toujours NON
Autoroute-sur-Léman : cest toujours NON
Le Conseiller dEtat
libéral Mark Muller a déterré cette semaine un
vieux serpent de mer : la traversée du lac. Un nouveau
projet pour une vieille idée.
Exit donc la traversée urbaine de la rade, qui na
clairement plus de sens. Il sagirait ici de relier Le Vengeron
à la Pointe à la Bise pour
« boucler » le périphérique de
Genève en vue de la saturation prévue de
lautoroute de contournement
Le tout à
léchéance 2030.
Or, toute la prédiction se base ici sur un
scénario de croissance exponentielle infinie de
lagglomération. Davantage
dattractivité = plus dentreprises = plus
dhabitants = plus de mobilité = plus de bagnoles.
Logique, non ? Il ne semble pas venir à lesprit du
Conseil dEtat quune telle poursuite de la croissance
régionale sur le modèle actuel nest ni
physiquement possible (puisque le territoire nest pas extensible
à linfini) ni souhaitable pour ses
habitant·e·s.
Mais passons. Car même si les experts arguent que cette
traversée permettrait de réduire le trafic au
centre-ville (moyennant quand même une priorité des TPG
sur le trafic motorisé), il restera à ce Titanic de
nombreux icebergs à éviter.
Tout dabord son coût
faramineux : près de 4 milliards. Autant dargent
qui ne serait pas investi dans les transports publics ou la
mobilité douce alors même que Genève souffre
dun immense retard en la matière. Tout laisse
dailleurs penser que la Confédération refusera
tout net de cofinancer un projet aussi coûteux pour lui
préférer un (non moins inepte) élargissement de
lautoroute de contournement.
Ensuite, puisque cest la variante du pont qui
semble avoir toutes les faveurs, quand bien même celui-ci serait
un chef duvre architectural, il nen sera pas moins
une autoroute, avec toute la laideur, le bruit et les nuisances que
cela signifie, sur lun des plus beaux panoramas qui soit
tout en détruisant au passage 2,5 hectares de forêt (le
Bois du Vengeron) et frôlant une réserve naturelle (la
Pointe à la Bise), sans parler des nappes
phréatiques
En avant les recours !
Enfin, même si le projet
présenté prend en compte une certaine évolution
des habitudes de mobilité, qui peut sérieusement affirmer
que la mobilité de 2030 sera essentiellement un prolongement
statistique du modèle du
« tout-bagnole » nécessitant encore la
construction de gigantesques autoroutes ?
Alors que le baril de brut avoisine les 110 $
(niveau inenvisageable il y a encore 10 ans) et que
lhumanité se questionne (enfin !) sur son avenir
énergétique (désastres du nucléaire, de
lextraction du pétrole et des gaz de schistes,
réchauffement climatique, etc.), un tel projet est parfaitement
anachronique, pour ne pas dire irresponsable. Le silence des deux
élus Verts à lexécutif (dont une au moins
est paraît-il défavorable à ce
projet) est dailleurs assourdissant.
A lopposé de ce fantasme dun
autre âge, nous aurons loccasion de nous prononcer le 15
mai prochain en faveur dun vrai projet pour une mobilité
davenir en glissant un OUI dans les urnes à
linitiative pour la mobilité douce qui permettra de mieux
sécuriser les cyclistes et piétons, parents pauvres de la
politique de la mobilité à Genève.
Thibault Schneeberger