« NEM » et déboutés le durcissement à l’ordre du jour
« NEM » et déboutés le durcissement à lordre du jour
Les centres
« daccueil » des
réfugiés du canton de Neuchâtel refont la une des
médias. Faut-il sen étonner ? Pas vraiment.
Les requérants concernés nont pas le droit de
travailler. Ils sont des « NEM » (non
entrée en matière) ou des déboutés (ils ont
épuisé toutes les voies de recours). Cela signifie
quils sont en attente dune expulsion soit vers le premier
pays daccueil de lespace Schengen, soit vers leur pays
dorigine. Ce sont majoritairement des hommes, jeunes, qui ont
pris des risques dans lespoir dune vie plus libre et qui
se trouvent pris dans la nasse des centres daccueil où
ils sont assignés, désuvrés, sans aucune
chance davoir un avenir ici même à court terme.
Evidemment, quand on les déplace dun lieu daccueil
« normal » à un abri antiatomique de
la banlieue industrielle de La Chaux-de-Fonds, cest la goutte
qui fait déborder le vase. Ils se braquent, refusent, et une
partie dentre eux disparaît dans la nature.
Quauraient fait à leur place, la majorité de ceux
qui les ont immédiatement désignés comme
responsables de créer de la xénophobie ? Le
courrier de lecteurs sest empli de lettres insultantes, appelant
à lexpulsion immédiate de ceux qui refusent de se
plier aux autorités.
Les réfugiés ne sont pas du bétail
Pour notre part, nous soutenons la revendication parfaitement
légitime dêtre traité humainement et
davoir droit à un avenir. Nous nous plaçons comme
toujours, et sans hésiter, au côté de celles et
ceux qui refusent daccepter des conditions daccueil
précaires et qui se révoltent contre un traitement
inhumain. Un tel comportement est la signature dun être
humain, le refus dêtre le mouton quon conduit
à labattoir. Dailleurs, les autorités
cantonales ont dautres solutions que les abris, elles le disent
dans le Courrier du 4 mai : « Nous avons une
solution, mais nous souhaitons attendre de voir si le flux
migratoire se poursuit avant de prendre une décision et de
mettre sur pied, avec largent du contribuable de grosses
structures coûteuses ».
Les autorités sinquiètent
dun « afflux » de
réfugiés provenant dAfrique du Nord. Elles
craignent linefficacité du
« mur » qui rejette les immigrés qui
arrivent par la mer à Lampedusa et ailleurs, en essayant, au
péril de leur vie, de déjouer les dispositifs de
contrôle. Quand ces populations se soulèvent pour
renverser les dictatures en place, les médias et les
gouvernements européens félicitent leur pacifisme et leur
sens de la mesure. Mais ces jeunes sans emploi, ces travailleurs
pauvres, ces hommes et ces femmes se sont mobilisés pour la
liberté et la liberté de circuler est une liberté
fondamentale.
La Loi sur lasile est inique, elle ne peut
conduire quà la révolte de celles et ceux qui y
sont soumis. La liberté ne se partage pas, elle se conquiert. Or
accepter des injustices sans réagir, cest se
préparer à baisser le front devant les dominants.
Cest ce qui soublie trop facilement dans le silence des
rangs politiques.
Henri Vuilliomenet