Raisons et déraisons de la dette

Raisons et déraisons de la dette

Ed. l’Harmattan 2002
266 pages


Publié en collaboration avec le Comité pour l´annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM) dans la collection Alternatives Sud dont l´objectif est la diffusion d´une pensée critique et analytique en provenance d´Asie. d´Afrique, d´Amérique latine et du Pacifique.


Plus que jamais, la dette du Tiers Monde s´impose comme un des facteurs clés de l´inégalité des rapports Nord-Sud. L´analyse de son origine, de ses causes. de ses mécanismes, des solutions préconisées et de ses effets en révèle, tant sur le plan moral que juridique, le caractère injuste et illégitime, voire odieux lorsqu´elle fut contractée par des gouvernements autoritaires en guerre contre leur propre peuple.


Son maintien, véritable mécanisme de coercition, cantonne les pays du Sud dans une relation de subordination aux injonctions des instances financières internationales. Déjà remboursée plusieurs fois mais toujours en hausse, cette dette pèse sur les populations qui n´en ont pas bénéficié. La mobilisation pour son annulation passe aussi par une mise en évidence de la dette historique du Nord vis-à-vis du Sud – esclavage. pillage, colonisation. dette écologique… – et la formulation de mécanismes de compensation.


Tout comme les autres principes de l´économie de marché capitaliste (le marché fait de nature, la main invisible, l´équilibre des intérêts divergents, etc.), le devoir de régler les dettes reste de l´ordre de la théorie et ne fonctionne selon une logique implacable que dans la modélisation mathématique, lorsque la réalité sociale est ignorée et toutes les «externalités» reléguées aux oubliettes. La théorie ainsi construite dans l´abstraction sort de son statut épistémologique légitime d´exercice intellectuel, oubliant l´origine sociale de sa genèse. Devenant une évidence (donc indiscutable), elle s´impose au réel qui est supposé se conformer à sa logique. En résulte une langue de bois, qui n´a rien à envier à celle produite par les régimes du «socialisme réel».


Il en est ainsi de la dette des pays du Sud. C´est seulement remis dans son contexte social et historique que le problème peut être abordé. À ce moment, toute la complexité de la situation apparaît: l´origine sociale et politique de la dette, les mécanismes et les fonctions de sa permanence, les effets sociaux des remboursements, le caractère usuraire de son service, etc. Bref, d´autres principes éthiques entrent en jeu et une hiérarchie de normes de jugement s´impose inévitablement. Il s´agit de réinsérer l´économie dans la société et non la société dans l´économie, comme si cette dernière (dans sa forme capitaliste ayant le profit pour moteur) formait l´échelon supérieur de toutes les décisions.



C´est donc dans cette perspective que cet ouvrage aborde à la fois la dette du Sud envers le Nord (celle du Tiers Monde ou des périphéries) et celle du Nord (les centres) envers le Sud. Les diverses contributions qu´il contient permettent, en effet, d´éclairer le problème en partant de situations concrètes, illustrant plusieurs facettes de la réalité. Elles mettent en lumière le caractère dramatique des effets des dettes publiques, notamment vers l´extérieur, retracent l´origine odieuse de nombreuses d´entre elles et mesurent leur fonction dans l´immense extraction de richesses en faveur des puissants de ce monde.