Tunisie: sale temps pour les défenseurs des droits humains

Tunisie: sale temps pour les défenseurs des droits humains

Le 54ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a été célébré dans de nombreux pays le 13 décembre dernier, mais pas en Tunisie. Manifestation interdite et répression accrue, alors que trois jours plus tôt, les grévistes de l’usine ICAB de Moknine mettaient fin à leur grève de la faim.


Les 12 ouvriers grévistes de la faim de l’usine ICAB (Moknine) ont mis fin le mardi 10 décembre 2002 à leur grève, suite à un accord intervenu entre les grévistes et la direction de l’usine, par l’intermédiaire de l’UGTT. Cet accord, cautionné par les autorités régionales, fixe le montant et le calendrier des indemnités accordées aux ouvriers grévistes. Les autorités régionales se sont engagées, par ailleurs, à aider un certain nombre de ces ouvriers à trouver d’autres sources de revenus et à jouir de la retraite anticipée. La grève de la faim avait débuté le 13 novembre 2002. Ces ouvriers qui devaient être reçus par le secrétaire général de l’UGTT après une grève de la faim de 25 jours et ensuite participer à la manifestation organisée par la Ligue Tunisienne pour la défense des Droits de l’Homme (LTDH), vendredi 13 décembre 2002, à l’occasion du 54ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ont été reconduits par la police jusqu’à la gare de Tunis et ont été obligés de regagner Moknine, empêchés ainsi d’apporter leurs témoignages sur les violations de leurs droits sociaux et économiques lors de la conférence de la Ligue.

Le juge courage

Le juge Mokhtar Yahiaoui a fait l’objet le 11 décembre 2002 d’une agression sauvage de la part d’agents de police en civil alors qu’il se rendait chez Me Noureddine Bhiri dans le centre ville. Le juge Yahiaoui a été hospitalisé suite à cette agression. Rappelons que M. Yahiaoui est Président du Centre d’Indépendance de la Justice et membre du comité de liaison de l’Association Internationale de Solidarité avec les Prisonniers Politiques (AISPP) nouvellement créé.


Maître Saida Akermi (avocate et membre du Comité de liaison de l’AISPP) a fait l’objet, le matin du vendredi 13 décembre 2002, d’une agression sauvage de la part d’agents de police en civil alors qu’elle se rendait à son cabinet dans le centre ville. Me Akermi a été amenée par la police et n’a été libérée qu’après sept heures de séquestration, Dr. Tahar Mestiri (médecin et membre du CNLT ) et qui devait examiner Me Akermi, a été agressé et interdit de lui rendre visite.


Mr. Laâssad Jouhri membre du Comité de liaison de l’AISPP, a été victime d’une agression sauvage alors qu’il se rendait au cabinet de Me Noureddine B’hiri et Me Saida Akermi.


Par ailleurs, le Président de la LTDH, Maître Mokhtar Trifi, Mr. Mohamed Goumani membre du Comité Directeur et Youssef Errezgui, Président de l’ATJA, ont été empêchés vendredi matin 13 Décembre 2002 d’accéder au cabinet de Me Noureddine B’hiri et Me Saida Akermi.

Manif contre la guerre interdite

Une manifestation contre la guerre et de soutien au peuple irakien à laquelle ont appelé les associations et les partis d’opposition pour le 13 décembre 2002 à Tunis a été interdite par les autorités. Tous les cafés et les places publiques du centre ville de Tunis ont été évacués manu militari par les forces de l’ordre pour avorter toute tentative de rassemblement et de manifestation de solidarité avec le peuple irakien lancée par les organisations non gouvernementales et les partis politiques d’opposition, mais interdite par les autorités.


Le 24 décembre prochain, les défenseurs des défenseurs des droits humains seront attentifs au déroulement et à l’issue de l’audience à laquelle est convoqué le Bâtonnier de l’Ordre des avocats tunisiens… Un cadeau de Noël?

(ac)