Cour des comptes: Daniel Devaud, candidat commun de la gauche et des Verts
Cour des comptes: Daniel Devaud, candidat commun de la gauche et des Verts
Fin juin, la candidature de Daniel
Devaud à la Cour des comptes a bénéficié du
retrait de René Longet et du PS. Ce retrait au profit dun
candidat commun de la gauche et des Verts, pour battre une droite
alignée derrière lextrême droite
incarnée par le candidat UDC Nidegger, mérite
dêtre salué.
Ainsi, nous invitons tous les milieux progressistes, syndicaux,
associatifs et citoyens à sengager pour porter Daniel
Devaud à la Cour des comptes le 18 septembre. Petite
présentation pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas
notre camarade.
Daniel Devaud a enseigné le droit à
lEcole dingénieurs pendant plus de vingt ans.
Parallèlement, il a exercé la profession davocat
au barreau de Genève.
Haut fonctionnaire limogé
Au début des années 80, secrétaire adjoint du
Département de léconomie publique, il a
été écarté de sa fonction pour avoir
appliqué la loi… En effet, il est au cur de
laffaire des dossiers Lex Furgler qui conduiront à la
non-réélection du conseiller dEtat radical Alain
Borner (voir encart). Dans la même période, il fait
constater par le Tribunal administratif
lillégalité du règlement du Conseil
dEtat fixant la rémunération initiale des
fonctionnaires deux classes en dessous de la classe de traitement.
Dès le début des années 80,
Daniel Devaud a, avec Souhail Mouhanna, dirigé le groupement des
professeurs de lEcole dingénieurs dabord,
puis de lAssociation des professeurs des Ecoles
dingénieurs et Techniques. Dans ce cadre, il a
défendu activement la revalorisation de lenseignement
professionnel. A cette période, il a participé
régulièrement aux travaux du comité du Cartel
intersyndical de lEtat et du secteur subventionné.
Syndicaliste engagé
Par la suite, comme membre du bureau du Cartel sous les
présidences de Michel Ducommun et de Jean-Pierre Fioux, il a
pris une part active à la défense de la fonction publique
dans les premiers conflits majeurs qui ont marqué le
début des années nonante, dans la négociation des
accords successifs entre la fonction publique et le Conseil
dEtat, dans la sauvegarde de la clinique de Montana et du
Service des Automobiles, etc. Il a aussi conseillé le Cartel
dans son opposition aux projets de démantèlement du
statut de la fonction publique préparé par Gabriel Aubert
pour le gouvernement monocolore de droite.
Du début des années 80 jusquau
milieu des années 90, Daniel Devaud a encore été
membre du comité de la caisse de pensions publique CIA où
il a joué un rôle déterminant dans la
diversification des actifs de la caisse, la création de la
fondation Ethos, linstauration de nouvelles règles de
fixation des loyers des immeubles du secteur libre (règles
reprises par les Rentes genevoises, la CEH et dautres caisses),
la mise en place dune politique dacquisition et de
construction immobilière, le règlement du statut des
collaborateurs de la caisse, la mise en place dune informatique
moderne, etc.
Juriste avisé
Il a aussi été auteur ou coauteur dun bon nombre
dinitiatives populaires défendues par la gauche, les
syndicats ou des mouvements associatifs à la fin des
années 80 et au début des années 90.
Elu magistrat du pouvoir judiciaire en 1996, Daniel
Devaud a dabord été juge dinstruction de
1996 à 2003. Il a instruit nombre daffaires complexes
(détournement davion, sang contaminé, etc.) Il
aussi instruit plusieurs dossiers sensibles de corruption
publique : entourage de Boris Eltsine, président et
gouvernement du Kazakhstan, de lAngola, de la famille Bhutto,
dun juge espagnol, de lentourage de Charles Pasqua, etc.
Il encore mené des enquêtes concernant dimportantes
affaires descroquerie internationale, nigériane
notamment. Il a aussi été un des quatre premiers
magistrats en charge de linstruction du dossier de la BCGe.
Depuis mi 2003, il siège à la Cour de
justice en matière civile. Il a notamment présidé
ces dernières années la Chambre dappel des baux et
loyers et une des chambres dappel des prudhommes.
En conclusion, Daniel Devaud a prouvé
quil est un homme droit, intègre, fidèle à
ses solides valeurs éthiques et à ses convictions
sociales, qui a toutes les compétences juridiques et techniques
pour assumer au mieux la fonction de magistrat à la Cour des
comptes.
Pierre VANEK
Page d’histoire: Daniel Devaud contre Alain Borner
Lhebdo Domaine Public a mis en ligne ses archives. Dans un
numéro de 1985, évoquant laffaire Hafner à
Berne, du nom dun fonctionnaire ayant demandé une
enquête contre le Conseil dEtat pour mise à charge
du Canton de frais privés, on trouve la note ci-dessous
titrée « Parallèle : un Hafner
genevois ».
Daniel Devaud, juriste au Département de
léconomie publique, était chargé de
lapplication de la loi Furgler, qui réglemente
lacquisition dimmeubles par des étrangers. Cela ne
dura pas même un an : le conseiller dEtat Alain
Borner mit fin à ses fonctions, de prime abord en guise de
représailles à la suite dune procédure
introduite par Devaud à propos de ses conditions
dengagement.
En réalité, et la suite le
démontra abondamment, Borner ne voulait pas tolérer un
fonctionnaire très versé en droit économique,
à même de comprendre les mécanismes subtils
destinés à éluder la loi. Dautant plus que
Devaud ne manquait pas de compléter les dossiers dont il
soccupait de notes qui ne permettaient plus à ses
supérieurs de jouer les naïfs, et étaient
susceptibles de tomber entre les mains de lautorité
fédérale de surveillance ou dune instance de
recours.
Les circonstances de ce licenciement
intriguèrent un député et le quotidien Le
Courrier, qui révéla laffaire du 21 quai du
Mont-Blanc et poursuivit, sans céder aux pressions, un
remarquable travail dinvestigation. Au Grand Conseil, Devaud
[…] fut diffamé par le Conseil dEtat; il fit
également lobjet dune procédure
pénale pour violation du secret de fonction qui dut bien
être abandonnée.
Domaine Public, 21.11.1985