Centrale nucléaire de Mühleberg: l’arrêt doit être définitif

Centrale nucléaire de Mühleberg: l’arrêt doit être définitif



La Suisse n’a pas de
pétrole, mais quelques idées et surtout deux ou trois
antiquités en guise de centrales nucléaires. Avec ses 42
ans d’exploitation, Beznau I est la plus ancienne centrale
en activité dans le monde. Mühleberg la suit de
près. Son arrêt provisoire doit devenir définitif.

Les Forces motrices bernoises (FMB) se rendent enfin à
l’évidence : leur centrale nucléaire de
Mühleberg pourrait être submergée par une crue
exceptionnelle, résultant de la rupture du barrage du lac de
Wohlen. D’où un arrêt temporaire de cette vieille
bouilloire atomique, le temps de renforcer et rehausser les digues.

    Ce qui ne changera rien quant aux fissures du
manteau du cœur, rafistolées par des tirants
d’ancrage, qui n’ont fait que ralentir leur progression,
mais ne l’ont pas stoppée. Ni aux insuffisances du circuit
de refroidissement d’urgence (un seul tube, alimenté par
des conduites d’eau communes). Le « Comité
Mühleberg – illimité – non », qui
a initié le recours contre l’autorisation
d’exploitation illimitée de la centrale rappelle que
l’expertise de 2006, réalisée par le groupe
allemand TüV Nord, longtemps dissimulée au public,
« émettait la forte suspicion qu’une
défaillance des tirants fixés avec des agrafes pourrait
endommager ces conduites d’arrosage du réacteur et, en cas
de panne, provoquer une grave défaillance de l’arrosage
d’urgence » (communiqué du 29.6.11).

Les directives « Fukushima », de la poudre aux yeux

Les FMB se targuent, par ces travaux, d’aller plus loin que les
demandes de l’Inspection fédérale de la
sécurité nucléaire (IFSN), les décisions
dites « Fukushima ». Passons sur
l’indépendance inexistante de cet aréopage de
nucléocrates et constatons que les bases de calcul du risque
sismique utilisées sont considérées par
l’IFSN elle-même comme dépassées depuis
l’étude Pegasos de 2007. En particulier, la durée
de la période de référence est très basse
(10 000 ans; les « stresstests »
allemands en cours prennent le tremblement de terre le plus fort sur
100 000 ans). Mais, visiblement, l’IFSN aime le risque,
n’ayant pas bougé un œil lorsqu’AXPO avait
continué l’exploitation de Beznau 1 en juillet 2006, alors
que le diesel de secours était hors service à cause
d’une inondation et que celui de l’unité II
était en révision…

    Par ailleurs, comme l’a déclaré
le président de « Sortir du
nucléaire », Philippe de Rougemont,
« ce serait une grave erreur d’entamer des travaux
sur cette centrale au lieu de la fermer. Cela créerait un faux
sentiment de sécurité et surtout cela pousserait les FMB
à vouloir amortir les travaux sur une longue
durée ». Autrement dit, la dizaine de millions
ainsi investis deviendrait un à-valoir sur une exploitation
prolongée. Le comble, pour une centrale dont la technologie est
similaire à celle de Fukushima (BWR, années 68-69).

    On ne saurait indéfiniment refuser de prendre
en considération les connaissances scientifiques et techniques
les plus récentes pour juger du risque et appliquer le principe
de précaution. Cela s’appelle jouer avec le feu et la
population japonaise sait désormais ce qu’il en
coûte. Il faut arrêter Mühleberg maintenant et
définitivement !

Daniel Süri


Du grand n’importe quoi dans les renouvelables

Ceux qui font confiance au marché et regardent ailleurs quand on
leur parle des fabricants de cellules photovoltaïques qui
utilisent des nanomatériaux – dont on ne sait pas mesurer
la toxicité à l’heure actuelle – dans leur
produit, évoqueront peut-être un mouton noir à
propos de LM Wind Power. Cette entreprise danoise de pales
d’éoliennes est la première sur le marché
mondial. Elle utilise du styrène pour fabriquer ces pales, un
produit classé « cancérogène possible
pour l’homme » par l’OMS et que le
ministère américain de la Santé vient de classer
« substance cancérigène » tout
court. L’Inspection du travail danoise a
« réagi » 52 fois sur des
problèmes liés aux substances chimiques chez LM Wind
Power entre 2000 et 2010. Durant la même période, ses
services ont reçu 786 plaintes de
salarié·e·s (323 pour des maladies
professionnelles et 463 pour des accidents de travail). Les ouvriers
malades se plaignent de problèmes respiratoires, de crises
d’asthme, de même que de pertes de mémoire, de
diarrhées, de maux de tête et de symptômes tels
qu’une transpiration abondante. L’entreprise a
été condamnée à 92 000 dollars
d’amende aux Etats-Unis à cause de cinq violations de la
sécurité au travail dans son usine de Grand Forks (Dakota
du Nord).

    Les concurrents de LM Wind Power, le danois Vestas
et l’allemand Siemens, ne travaillent plus avec du styrène
depuis les années 90. Ils utilisent des résines
époxy, également hautement toxiques.

DS