11.11.11

11.11.11 : Occupy the World

Le mouvement des indigné·e·s a regroupé des milliers de personnes à travers le monde, vendredi 11 novembre 2011, afin de pousser un cri de révolte universelle. De New-York à Madrid en passant par Londres ou encore Genève, les activistes se sont unis sous le slogan « Occupy the World »… Quelques jours après, les autorités de plusieurs villes répriment fortement le mouvement.

Depuis quelques mois, ils sont des milliers à travers la planète à lutter pour une démocratie réelle, pour une société éthique, contre la corruption, contre les politiques d’austérité imposées par le système économique et financier, qui favorise, selon leur slogan, 1 % de la population mondiale, aux dépens des 99 %. Après de nombreuses manifestations et occupations dans chacune des villes des 83 pays d’indigné·e·s, le mouvement a décidé de se révolter en chœur, le même jour. C’est le 11 novembre qui a été choisi, date de l’armistice de 1918.

Ils étaient une centaine de manifestants au total dans toute la Suisse, de Zürich à Genève en passant par Bâle et Berne. A Genève, les indigné·e·s, qui campent dans le parc des Bastions depuis mi-octobre, ont mis sur pied onze actions durant toute la journée. Ces actions, toutes non violentes, comprenaient par exemple un temps de méditation ou encore « un nettoyage des banques ». En effet, une vingtaine d’indigné·e·s, déguisés en femmes et hommes de ménage portant tabliers blancs, chiffons et autres plumeaux, ont sillonné le centre ville pour « nettoyer » l’argent sale des banques. Après être entrés dans les établissements bancaires, dans le calme et la bonne humeur, ils et elles lustraient les guichets, les distributeurs de billets et invitaient même les clients à nettoyer leur carte de crédit, tout en distribuant des tracts. Ce petit ménage ne fut évidemment pas du goût des services de sécurité des banques. Ailleurs en Suisse, les indigné·e·s ont manifesté également leur révolte comme à Berne où une trentaine d’entre eux se trouvaient sur la Place Fédérale ou à Zürich sur la Paradeplatz.

En France, les indigné·e·s s’étaient donné rendez-vous dans les plus grandes villes notamment dans la capitale. Plus de deux cent indigné·e·s parisiens se sont regroupés sur le Champ de Mars afin de défiler jusque dans le quartier de la Défense en faisant escale à la Tour Eiffel ou au Mur de la Paix. Dans les autres capitales européennes, Rome, Budapest, Vienne, Amsterdam, dans le froid de la Hongrie, encadrés par la police ou encore portant le masque de Guy Fawkes à Londres, ils étaient réunis sous la voix unique de la révolte.

Pas d’armistice avec le capitalisme

À New York, les manifestants d’ « Occupy Wall Street » ont reçu le soutien de Joan Baez. Après le concert donné par Graham Nash et David Crosby, la chanteuse d’origine new-yorkaise est à son tour venue chanter pour les indigné·e·s. Elle, qui avait déjà soutenu le mouvement des droits civiques dans les années 1960, a chanté sur Foley Square devant cinq cents personnes un titre des années 1970, « Where is my apple pie ? » qu’elle transforma en « It is time to occupy » (il est temps d’occuper) pour le plus grand bonheur des manifestants qui ont repris la chanson en chœur.

Mais à l’heure où nous mettions sous presse, le mouvement subissait une forte répression : le campement de Zurich au Lindenhof a été évacué par la ville à majorité PS-Verts, plusieurs activistes emmenés au poste, et le matériel confisqué. À New York, le mouvement Occupy Wall Street a également été réprimé dans la nuit du 15 novembre : évacuation sans ménagement, plus de 200 arrestations, interdiction de revenir sur les lieux d’occupation avec du matériel de camping, etc. Mais les indigné·e·s semblent bien décidés à poursuivre le mouvement, malgré l’hiver glacial qui approche, car si la date du 11 novembre nous rappelle l’armistice de 1918, les indigné·e·s s’efforcent de montrer qu’il n’y aura pas d’armistice avec le capitalisme.

Olivier Lamon