Quand les indigné·e·s réinventent la démocratie

Au-delà des revendications communes à l’ensemble du mouvement (refus de la dictature des marchés, etc.), on peut relever plusieurs points de « forme » communs à tous ces rassemblements. Tout d’abord, en occupant physiquement un espace public au cœur des centres urbains, là où la ville capitaliste a besoin de flux de mobilité constants, les indigné·e·s plantent un premier acte de contestation en étant… immobiles ! Agissant loin des institutions, mais aussi en marge des partis, syndicats et associations, ils et elles inaugurent un espace politique nouveau, au fonctionnement horizontal assez intéressant. On retiendra l’usage de la « sociocratie », où les décisions se prennent par consensus, sans vote. Assis en cercle, les participants à une réunion peuvent, en plus des prises de parole, utiliser des signes précis pour s’exprimer, sans interrompre l’orateur (secouer les mains pour approuver, croiser les bras en signe de désaccord, etc.) : très pratique ! Souvent privés de micro devant des foules nombreuses, les indigné·e·s étasuniens ont mis au point une technique où l’orateur principal s’exprime en phrases courtes répétées au fur et à mesure par l’ensemble des participants, le groupe servant ainsi d’amplificateur naturel. L’usage intensif des réseaux sociaux (Facebook, Twitter) mais aussi des vidéoconférences par Skype permet aussi au mouvement de tisser des liens entre les différentes villes, créant ainsi les balbutiements d’une « internationale indignée » solidaire et connectée… Reste à voir comment le mouvement va évoluer et formuler des revendications plus précises… tout en affrontant l’hiver !

Thibault Schneeberger