Pétrole, sang et marées noires: l’alternative est socialiste est verte

Pétrole, sang et marées noires: l’alternative est socialiste est verte

Près de 800 manifestant-e-s ont répondu samedi 11 janvier à Zoug, à un appel de l’Alternative socialiste verte de Zoug (SGA) ainsi que d’organisations de l’immigration espagnole, relayé en Suisse romande par solidaritéS. Il s’agissait d’une manif de protestation et de solidarité avec les victimes de la catastrophe du Prestige. Ci-dessous le discours de Hanspeter Uster, conseiller d’Etat zougois, membre de l’Alternative socialiste verte et du GSsA, devant le siège de l’une des multinationales sur le parcours de la manif.


«Comme nous venons de l’entendre, Zoug est l’une des places les plus importantes pour le commerce du pétrole au niveau mondial. Hier, dans une interview à un journal, j’ai dit combien il est préoccupant qu’une part de la richesse de ce canton et de cette ville provient d’affaires douteuses comme celle autour du Prestige. En même temps, dans l’une des régions les plus pauvres d’Europe, des milliers de familles de pêcheurs se trouvent au bord du gouffre à cause de la catastrophe du Prestige. Nature et faune sont empoisonnées sur des centaines de kilomètres de côte et le resteront de longues années. C’est pourquoi je propose que le canton de Zoug, en tant que plus riche canton, du pays sans doute le plus riche du monde, donne un signe et que notre Grand Conseil octroie une contribution sérieuse à la région de Galice tirée des excédents de recettes du canton.


Mais nous voulons aussi donner un signal contre cette guerre qui menace. Le pétrole est un enjeu essentiel, même si ce n’est pas le seul, de cette guerre que Bush et Blair veulent mener contre l’Irak. C’est pourquoi, en tant que Zougois-es, cette guerre annoncée nous concerne tout particulièrement.


Les USA consomment le 25% du pétrole au niveau mondial, mais n’en détiennent que le 3% des réserves. L’Agence internationale pour l’énergie prédit une augmentation de 60% de la consommation mondiale d’ici 2030. La dépendance au pétrole de l’Union européenne passerait de 75% à 85% ces vingt prochaines années. Où va-t-on chercher ces énormes quantités de pétrole?


On estime que l’Irak est le deuxième, voire le premier détenteur de réserves pétrolières. Les plus récentes estimations portent sur 330 milliards de barils. Cela représente un tiers de plus de celles qu’on attribue à l’Arabie Saoudite. Sur la liste des clients, présents et futurs, du fournisseur irakien manquent les deux principaux pays pétroliers au monde: les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Exxon et Chevron aux USA, ainsi que BP et Shell en Grande-Bretagne craignent de rester à sec. Or le pétrole irakien appartenait à Exxon et BP jusqu’à sa nationalisation en 1962.


Le gouvernement Bush est très étroitement lié au business pétrolier. La conseillère en sécurité Condoleeza Rice était experte de la multinationale pétrolière Chevron. Le vice-président US, Dick Cheney était PDG de Halliburton, fournisseur de l’industrie pétrolière. L’ancien ministre de la Justice Ramsey Clark, accuse Bush en affirmant «qu’avant tout, il s’agit pour lui de s’assurer le contrôle du pétrole Irakien.»


Il est clair que l’Irak est une dictature. Mais l’escalade guerrière contre l’Irak est d’autant plus absurde que le dictateur Saddam Hussein a été lourdement armé par les USA et des pays européens au cours des années 80. Alors que Saddam gazait les villages kurdes, les gouvernements US et britanniques se sont tus, parce que l’Irak était leur partenaire régional contre l’Iran.


Il y a danger que les USA et la Grande-Bretagne mènent aussi leur guerre avec des armes suisses. Dans les neuf premiers mois de l’an dernier, la Suisse a exporté pour 40 millions de francs d’armements vers ces deux pays. C’est pourquoi nous exigeons l’arrêt des exportations d’armes, non seulement vers l’Irak, mais aussi vers les Etats-Unis et la Grande Bretagne. En raison des développements récents, ces livraisons d’armes violent la loi sur l’exportation de matériel de guerre. Nous demandons aussi l’interdiction du survol de l’espace aérien pour les pays impliqués dans la guerre, même si l’ONU se fait abuser pour permettre cette guerre. Et nous demandons un soutien civil aux groupes d’opposition progressistes en Irak.


Mais il est aussi important de contribuer au remplacement du pétrole par des vecteurs énergétiques durables, qui ne soient pas nuisibles à l’environnement et ne constituent pas une menace pour la paix. Nous devons nous engager pour une promotion beaucoup plus soutenue des énergies renouvelables. Cela ne rend pas service uniquement à la nature et par conséquent aux humains. C’est rendre évidente une chose très importante: qu’une politique énergétique écologique constitue un apport important pour la paix.


J’espère donc que beaucoup d’entre vous participeront aussi à la manif nationale pour la paix le 15 février à Berne!»