L'écologie de Marx

L'écologie de Marx : Une mise en perspective historique

Au terme de décennies d’étude des contributions de Marx à la réflexion sur l’écologie, et après la publication de ses carnets scientifiques et techniques, la question n’est plus de savoir si Marx s’intéressait à la nature, ou si cet intérêt s’est manifesté tout au long de sa vie, mais plutôt s’il avait développé une analyse de la dialectique nature-société apte à constituer un point de départ déterminant pour comprendre la crise écologique de la société capitaliste.
Il est aujourd’hui démontré – et les preuves ne cessent de s’accumuler – que Marx avait une compréhension profonde de plusieurs aspects du problème écologique. 

 Mais si cela est aujourd’hui largement reconnu, de nombreux commentateurs, et y compris certains « écosocialistes » autoproclamés, continuent de soutenir que ces analyses sont relativement marginales dans son travail, qu’il ne s’est jamais affranchi du « prométhéisme » (un terme généralement utilisé pour décrire un engagement extrême en faveur de l’industrialisation, quels qu’en soient les coûts), qu’il n’a pas laissé d’héritage écologique significatif qui ait trouvé à se prolonger par la suite dans la pensée socialiste, ou encore qu’il n’a pas le moindre rapport avec le développement postérieur de l’écologie.  

Condescendance de la postérité

Il est vrai que la technologie a changé, et a créé de nouvelles menaces massives pour la biosphère, menaces auparavant inimaginables. Néanmoins la relation d’antagonisme entre le capitalisme et l’environnement, qui est au coeur de la crise actuelle, était paradoxalement plus évidente pour les socialistes du 19e et du début du 20e siècle, qu’elle ne l’est aujourd’hui pour la majorité des penseurs écologistes. Cela exprime bien le fait que ce n’est pas la technologie qui est le problème principal, mais plutôt la nature et la logique du capitalisme comme mode de production spécifique. 

L’édition de 1862 comprenait une longue introduction inédite (…). Prolongeant des arguments qu’il avait développés à la fin des années 1850, Liebig y déclarait que les méthodes d’agriculture intensive mises en oeuvre en Grande-Bretagne étaient un «système de spoliation» en contradiction avec une agriculture rationnelle. En effet, elles exigeaient le transport sur de longues distances de nourriture et de fibres des campagnes vers les villes – sans que rien ne soit prévu pour assurer la remise en circulation des nutriments comme l’azote, le phosphore et le potassium, qui sous forme de déchets humains et animaux allaient grossir les déchets et la pollution des villes. (…)

La suite de l’article peut être lue sur le site www.revuedeslivres.fr ou dans le journal de solidaritéS numéro 202, version papier.