Fin de partie pour les ex-UDC

Retour sur l’épilogue du feuilleton des dissidents de l’UDC au Conseil Général, qui ont décidé de démissioner du dit Conseil. Le tout sur fond de polémique constitutionnelle sur le droit des députés.

Le parcours politique des dissidents de l’UDC s’est terminé par une ultime bourde lors du dernier Conseil Général . Afin d’éviter aux futurs élus de revivre les péripéties de cette législature, un conseiller général PLR proposait un nouvel article au règlement du parlement municipal : il s’agissait de ne reconnaître que les groupes issus des élections et de retirer à un conseiller dissident le droit de siéger en commission. Bien qu’ayant à leur tête une juriste, les dissidents de l’UDC crurent que cet article serait appliqué immédiatement. Aussi déposèrent-ils un amendement, demandant que ce nouvel article soit validé par le Conseil d’Etat. Ce qui se trouve être la procédure habituelle et qui par conséquent n’a pas besoin d’être demandé. Les autres conseillers eurent beau essayer de le leur expliquer, les dissidents firent la sourde oreille. Tentant de se draper dans une dignité qui les avait fuis jusqu’alors, ils déposèrent donc une lettre de démission sur le bureau du Président du Conseil Général, et quittèrent la salle en ordre de marche. Las, leur cheffe de groupe, absente une fois encore, avait oublié de signer la lettre qu’elle avait pourtant rédigée.

 

Effets de manche et incompétence

Une dernière action à l’image de leur activité politique qui peut se résumer ainsi : effets de manche et incompétence. Force est de reconnaître pourtant que les démissionnaires de l’UDC (pour des raisons d’incompatibilité d’égo) ont amené les conseillers généraux de Neuchâtel à se poser des questions intéressantes : un député démissionnaire de son groupe garde-t-il  le droit de siéger en commission ? Et cette autre question tout aussi fondamentale : a-t-on le droit de se présenter aux électeurs sous une bannière pour en sortir une autre une fois élu ? Si les droits premiers d’un parlementaire (droit de siéger, droit de vote, et droit de déposer interpellations, amendements, propositions et postulats) sont inaliénables, les questions posées n’avaient pas été prévues par les législateurs. Détail piquant, trois des cinq membres de cette inénarrable troupe n’avaient par ailleurs jamais été élus ni même inscrits sur une liste électorale. La prise de position du Bureau du Conseil Général, qui considérait que l’on ne pouvait quitter un groupe en voulant en conserver les privilèges, ayant été refusée par le Conseil d’Etat, il fallut en recourir à un expert en droit constitutionnel. Qui rendit un jugement de Ponce Pilate : interdiction de former un groupe mais droit de siéger en commissions. C’est ce dernier point que la presse releva, alors que le premier était nettement plus important car il retirait aux dissidents les subventions accordées aux groupes politiques. Sans argent c’était la mort programmée à plus ou moins brève échéance.

     La suite s’annonce tout aussi croquignolesque. Les sièges abandonnés par les dissidents reviennent à leur parti d’origine, l’UDC laquelle ne s’attendait pas à un tel cadeau juste avant les élections communales. Chargée de fournir cinq noms, la section communale de l’UDC ne put en annoncer que quatre. Le siège laissé vacant entraînait donc une élection complémentaire mais, au vu de l’imminence des  prochaines élections, le Conseil Communal a proposé au Conseil Général d’accepter la situation. Mais voici qu’un ancien élu UDC s’annonce, disant qu’il n’a point été contacté par la section mais qu’il revendique ce siège. Le feuilleton continue… 

 

Pascal Helle

Conseiller Général