Emplois verts: mon oeil!
A l’occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail du 28 avril, le BIT vient de publier une brochure consacrée à l’économie dite verte. Elle confirme ce que nous avons toujours dit, à savoir que les emplois verts peuvent être des catastrophes sociales et écologiques lorsqu’ils dépendent des seules lois du marché.
L’exemple le plus flagrant est celui, bien connu, du traitement et du recyclage des déchets, où 15 à 25 millions de personnes, vulnérables et pauvres, souvent des femmes et des enfants, sont en permanence exposées à des substances dangereuses et à des agents pathogènes. Une situation particulièrement dramatique dans le domaine des flux de nouveaux déchets, complexes et dangereux, comme les déchets électroniques.
Mais même lorsqu’il s’agit d’emplois visant le respect de l’environnement, les technologies utilisées peuvent ne pas être écologiques du tout. Ainsi, le remplacement de substances nocives pour l’environnement par d’autres, moins néfastes, peut augmenter le danger pour les travailleurs et les travailleuses. Pour remplacer les peintures à base de solvants par des peintures hydrodiluables, il faut ajouter des biocides, plus dangereux. Se passer des hydrochlorofluorocarbones au profit des chlorofluorocarbones implique une exposition accrue à des substances cancérogènes et des risques d’incendie.
L’énergie éolienne connaît « un risque d’exposition aux poussières et aux émanations provenant des fibres de verre, des durcisseurs, des aérosols et des fibres de carbone. Parmi les problèmes de santé courant associés figurent les dermatites, les vertiges, la somnolence, les maladies hépatiques et rénales, les problèmes de vésicule, les brûlures chimiques et les effets sur la santé génésique » (p. 6). Pour sa part, l’énergie solaire, en particulier photovoltaïque, travaille avec plus de 15 matériaux dangereux pour la fabrication des panneaux solaires, parmi lesquels le tellurure de cadmium, substance cancérogène connue.
Il ne s’agit évidemment pas de livrer une bataille d’arrière-garde sur l’air d’« avant, c’était quand même mieux ». Il faut néanmoins et absolument lier la question des énergies renouvelables à celles de leurs conditions de travail, du début à la fin du cycle du produit.