Merck Serono: préavis de grève suspendu

Jeudi 10 mai en assemblée générale, plus de 600 employé·e·s de Merck Serono à Genève votaient à l’unanimité un préavis de grève avant de partir en manif – tous ensemble – pour l’Hôtel-de-Ville où siégeait le Grand Conseil.

 

Devant celui-ci, ils et elles ont opéré une jonction, symboliquement forte, avec les fonctionnaires du secteur public cantonal, en grève cet après-midi-là à l’appel de leurs organisations syndicales pour défendre leurs conditions de travail et de retraite contre la politique du Conseil d’Etat et de la droite.

     Au moment de boucler cette édition, nous apprenons que, mise sous pression par la détermination du personnel et de leur syndicat UNIA, la direction de Merck Serono avait accepté de prolonger le « délai de consultation » jusqu’au 4 juin. Depuis plusieurs semaines, le personnel et son syndicat UNIA exigeaient en effet cette prolongation, afin d’avoir le temps d’élaborer et de mettre en avant des solutions de rechange à la fermeture annoncée du site et aux 1500 suppressions d’emplois qui en découleraient. Il était en effet impossible de mettre sur pied des propositions quelconques pour préserver tout ou partie de l’emploi à Genève dans les délais impartis.

Une organisation remarquable

Dans ces conditions, le personnel et UNIA ont accepté de suspendre leur préavis de grève, sous certaines conditions. Une assemblée du personnel mettra au point ce mardi 15 mai ces conditions d’entrée en matière, à négocier avec la direction de Merck Serono dans la semaine.

     En attendant, il faut bien sûr saluer la capacité remarquable des employé·e·s de Merck Serono, avec le syndicat UNIA, de s’organiser ensemble et de créer aussi un front de résistance combatif et solidaire, qui a contraint toutes les autorités politiques locales à soutenir leur lutte en défense de leurs emplois. Le Conseil municipal de la Ville de Genève mercredi dernier, le Grand Conseil genevois jeudi ont voté des résolutions dans ce sens.

     Une pétition de solidarité avec ces travailleurs et travailleuses, à signer largement, peut être téléchargée sur le site d’UNIA Genève (http://geneve.unia.ch/), sur lequel on trouvera également un lien vers le site propre des employé·e·s de Merck-Serono, qui témoigne de la vigueur de leur mobilisation.

A-plat-ventrisme et dumping fiscal

Mais évidemment, l’unanimisme de circonstance multiplie les larmes de crocodile et les discours de tartuffe. N’a-t-on pas entendu le président du Conseil d’Etat genevois, le PDC Pierre-François Unger, se lamenter l’autre jour devant 300 patrons de la Fédération des employeurs romands (FER) de cette « fermeture brutale et inattendue qui rappelle un mauvais western » et appeler « les syndicats à maintenir la pression » ?

            Un discours à contre-emploi pour escamoter le fait que les licenciements brutaux chez Serono relèvent du fonctionnement ordinaire du capitalisme réellement existant, au service des profits des actionnaires, avec une prétendue démocratie qui s’arrête net aux portes des entreprises. Un discours qui vise à escamoter aussi la responsabilité directe dans cette affaire d’une politique économique qui se résume largement à un à-plat-ventrisme au service des multinationales et dont l’instrument essentiel est la sous-enchère fiscale.

Pierre Vanek