Succès référendaire en défense des services publics, un pas vers un non à une constitution néolibéra

En 2008, la population refusait trois lois sapant le contrôle démocratique sur les Services industriels, les Hôpitaux universitaires et les TPG. Le Conseil d’Etat et la majorité de droite qui l’ont soutenu a récidivé l’an dernier avec une loi du même acabit. Elle vient d’être refusée par 56 % de NON au plan cantonal et plus de 60 % de NON en Ville de GE.

Entre une pointe du NON dépassant les 70 % à Mail-Jonction et plus de 70 % de OUI à Vandœuvres, c’est clairement un NON populaire qui sort des urnes. Résultat à saluer. En effet, cette loi mettait en péril le contrôle démocratique et la transparence de la gestion d’institutions de droit public vitales… Elle projetait d’éjecter les représentant-e-s du peuple, réduisait de manière excessive la taille des conseils d’administration, les livrait à l’arbitraire gouvernemental, ouvrait la voie à des privatisations, à une gestion opaque, démantelait la représentation du personnel, ne faisait pas place aux usagers-ères.

 

Suite au scrutin, solidaritéS s’est félicité du vote populaire sur cet objet, par rapport auquel nous étions très engagés, avec les organisations syndicales les plus directement concernées, SIT, SSP, SEV-TPG, Intersyndicale SIG… depuis le lancement du référendum l’hiver dernier.

Une victoire du gouvernement « à l’usure » contre la volonté populaire aurait été un sale coup antidémocratique ! Il n’a pas eu lieu : malgré      un engagement sans précédent du Conseil d’Etat unanime, et des moyens de campagne des partisans du texte bien supérieurs à ceux des référendaires, le NON l’a pourtant à nouveau nettement emporté. Ceci même si le sujet ressassé, d’autres objets importants – cantonaux ou fédéraux – et l’élection au Conseil d’Etat ont rendu la mobilisation du camp référendaire plus difficile.

 

Un NON de bon augure…

Il refuse un mode de « gouvernance » néolibéral et technocratique des services publics qui aurait encouragé leur privatisation rampante. C’est un signal de bon augure pour la bataille que la gauche syndicale, sociale et associative – comme les écologistes conséquents ou les défenseurs des locataires – devront mener en vue du vote de cet automne contre un projet de constitution néolibéral.

Celui-ci – au chapitre des « principes de l’activité publique » – ravale explicitement l’action de l’Etat et des collectivités publiques à un simple « complément de l’initiative privée et de la responsabilité individuelle » (art. 9. al. 1)

Voulons-nous des hôpitaux publics (HUG) venant en simple « complément » de cliniques privées… ? Des SIG (effacés par ailleurs du projet de constitution) qui agiraient uniquement comme « complément » de privés avides de mettre la main sur les marchés lucratifs de l’eau et de l’électricité… ? Des TPG subordonnés à une « priorité » constitutionnelle du trafic privé… ? Un système d’instruction et de formations publiques qui viendrait juste « compléter » les écoles privées… ? Une police qui se bornerait à fournir un « complément » subsidiaire à l’action de milices ou polices privées… ? Sans parler du désastre que cette logique induirait dans les domaine du logement ou de l’environnement ! Ce cauchemar-là mérite un NON aussi net que celui de ce dimanche sur la « gouvernance » des régies publiques !

 

Tobia Schnebli