Soutenons sans ambiguïté le peuple syrien dans sa lutte populaire et courageuse

La résistance du peuple syrien n’a pas cessé de s’amplifier depuis le début de la révolution déclenchée en mars 2011. Sa lutte s’inscrit dans le processus des combats populaires de Tunisie et d’Egypte, étendus aux autres pays de la région.

 

La répression terrible contre la population syrienne continue. Rami Abdel Rahmane, le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), a annoncé le 23 août qu’au moins 24 495 personnes sont mortes depuis le début de la révolution, pour un total de 17 281 civils. 6 163 soldats ont aussi été tués et 1 051 déserteurs qui avaient rejoint l’insurrection. Enfin 1,5 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays et quelques 250 000 se sont réfugiés dans les pays voisins.

    Le refus d’une frange de la gauche de soutenir la lutte du peuple syrien doit être fermement condamné. Il est urgent de démasquer le mensonge consistant à croire que le régime criminel d’Assad puisse être anti-impérialiste (cf. solidaritéS, n°204). Ce régime a écrasé les Palestinien·nes et le mouvement progressiste au Liban en 1976, mettant un terme à leur révolution. Il a participé à la guerre impérialiste contre l’Irak en 1991 avec la coalition dirigée par les Etats-Unis et à nouveau collaboré avec cette dernière lors de la guerre contre le terrorisme lancé par le président américain George Bush. Durant ces trente dernières années, le régime syrien a arrêté toutes celles et ceux qui tentaient de développer dans le pays une résistance pour la libération du Golan et de la Palestine.

    Nous le disons en toute simplicité mais avec franchise et honnêteté : ceux et celles qui nient les révolutions populaires s’interdisent d’envisager l’émancipation par en bas, ou en d’autres termes par le peuple ! 

    Malgré la répression multiforme et violente du régime, le mouvement populaire en Syrie ne s’est pas retiré des rues, des universités et des places de travail. Il a au contraire multiplié les formes d’organisation par en bas : comités populaires dans les villages, les quartiers, les régions, véritables fers de lance pour mobiliser les hommes et les femmes syrien·nes. Ils·elles ont aussi développé des espaces d’autogestion populaire basés sur l’organisation des masses dans les régions libérées du joug du régime. Ainsi, des conseils populaires élus ont vu le jour afin de s’occuper des régions libérées prouvant que c’est bien le régime qui provoque l’anarchie et non le peuple.

    Le processus révolutionnaire syrien mobilise les classes exploitées et opprimées contre l’élite capitaliste liée à l’ordre mondial – très semblable à leurs homologues dans le monde arabe.

    Le mouvement a commencé de manière pacifique appelant à des réformes, mais le régime a répondu par la violence et une répression tous azimuts. Une résistance populaire armée est alors apparue pour défendre les manifestant.e.s et opposant·e·s face aux attaques des services de sécurités et des voyous, connus sous le nom de shabihas.

    La résistance armée exprime le droit du peuple syrien à se défendre contre la répression du régime et permet la poursuite de la résistance populaire dans certaines régions face aux attaques du régime. A travers toute la Syrie, des conseils révolutionnaires ont été formés, de même que des comités de coordination des actions politiques et armées ont vu le jour. Un code de bonne conduite, respectant le droit international et contre le confessionnalisme, a d’ailleurs été signé par une grande partie des groupes armés faisant partie de la résistance populaire armée contre le régime.

    Composée de soldats déserteurs et de civils ayant pris les armes, la résistance populaire armée bénéficie de véritables racines populaires au sein de l’insurrection. La plus importante section du mouvement révolutionnaire syrien est constituée par les prolétaires ruraux et urbains et les « classes moyennes » économiquement marginalisées qui ont subi l’application des politiques néolibérales, notamment depuis l’arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad. C’est cette composante de la révolution qui a rejoint en grand nombre les groupes armés de l’Armée syrienne libre (ASL).

    Le peuple syrien répète constamment son refus du confessionnalisme, malgré toutes les tentatives du régime pour allumer ce feu dangereux dont il a fait usage sous différentes formes depuis la prise de pouvoir du clan Assad en 1970. Le mouvement populaire a réaffirmé sa lutte unitaire, en développant un sentiment de solidarité nationale et sociale qui transcende les divisions ethniques et confessionnelles.

    Le combat du peuple syrien fait écho à cette phrase du manifeste du parti communiste : « les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont le monde à gagner ». La gauche ne peut dès lors que soutenir cette lutte populaire pour la dignité et la liberté !

Vive la révolution permanente jusqu’à la victoire !

 

Joseph Daher