Lonza

Lonza : Les maîtres-chanteurs de Viège

Les travailleurs et travailleuses de Lonza à Viège n’ont pas encore bu la lie de leur calice, pourtant devenu de plus en plus amer au fil des ans. Pas sûr que la résistance syndicale, construite sur le « modèle Novartis », soit apte à faire plier vraiment la direction de l’entreprise.

La direction de Lonza est passée maître dans l’art du chantage pour dégrader à chaque fois les conditions de travail du personnel des usines de Viège (2740 emplois). En 2009, une convention sur le perfectionnement oblige les salarié·e·s à suivre des journées de formation en plus de leur temps de travail. En 2010, le projet Bond supprime 180 emplois. De septembre 2011 à février 2013, le temps de travail est augmenté de 41 à 42,5 heures par semaine, sans augmentation de salaire correspondante. Pourtant, comme le constate le directeur de la Chambre valaisanne de commerce et d’industrie, «le groupe se porte plutôt bien» (Le Temps, 24.10.12).

Cette fois, la direction du groupe joue les sites de production les uns contre les autres. Viège doit «convaincre» Lonza d’investir dans le Haut-Valais. La condition posée selon le directeur du site Stefan Troger est d’augmenter la productivité de 20 % dans les trois années qui viennent. Sinon, il y aura 400 emplois qui passeront à la trappe. Rolf Soiron, patron du groupe, ne cache pas son objectif d’arriver à un bénéfice opérationnel d’au moins 10 %.

Selon les syndicats (Unia, majoritaire, et Syna), la menace d’une grève d’avertissement a porté ses fruits, puisque le groupe a accepté… de prolonger de deux semaines à deux mois le délai de consultation de la commission du personnel et des syndicats et de suspendre les licenciements d’ici là (mars 2013). L’assemblée du personnel qui a pris cette décision n’était pas des plus fournie (une centaine de travailleurs et travailleuses).

 

Le «modèle Novartis» se répète

Les syndicats ont beaucoup insisté pour que Jean-Michel Cina, chef du Département de l’économie, s’engage. Il le fera certainement, comme son collègue vaudois Leuba en son temps. En usant d’outils similaires : rabais fiscaux et aides de l’Etat pour abaisser les coûts de l’électricité. La demande dans ce sens a déjà été formulée par Stefan Troger. Et l’on peut parier que les propositions qui seront faites lors de la consultation de la représentation des travailleurs contiendront de nouveaux sacrifices pour le personnel, au motif de la sauvegarde de l’emploi. En attendant le prochain chantage d’une entreprise largement bénéficiaire ? DS