Non à la criminalisation de la mendicité!

Nous publions ci-dessous de larges extraits du tract du Forum des luttes qui sera distribué aux élu·e·s lausannois le 27 novembre avant la séance du Conseil communal
qui traitera de cette question.

La nouvelle politique que veut instaurer la Municipalité « rose-rouge-verte » alliée au PLR renforce et légitime les exigences sécuritaires de la droite (UDC et PLR). Elle est inhumaine, discriminatoire, stigmatisante, ignorante, xénophobe, inefficace et coûteuse. La criminalisation de la mendicité est un élément d’une politique générale contre les pauvres, faite d’encadrement, de contrôle et d’assignation au travail contraint. […]

Le but poursuivi est donc clair : éloigner les mendiant·e·s des lieux de passage à forte fréquentation, notamment au centre-ville, en adressant à la population lausannoise un message d’intolérance et un signal fort de rejet des mendiant·e·s. Pour la Municipalité, comme pour le PLR, les mendiant·e·s
«n’ont rien à faire ici» !

Certes le projet municipal (fusionné avec l’initiative PLR) ne vise pas à l’interdiction pure et simple de la mendicité à l’instar d’autres villes du canton de Vaud et du canton de Genève. Il ne s’agirait « que » d’interdire la mendicité dans les transports publics, aux arrêts de bus, dans les marchés, à l’intérieur et à moins de 5 mètre des entrées des magasins et des bâtiments publics, ainsi qu’à moins de 5 mètre des distributeurs d’argent, horodateurs et des automates à billet de transport, etc. dans les jardins publics, les parcs et zones de jeux, ainsi que dans les cimetières (!), à leur entrées et à l’intérieur des lieux de culte (!). Les mendiant·e·s n’auront plus le droit d’être accompagné·e·s d’un·e mineur·e et, en dehors des zones interdites, seule la mendicité passive (assis et immobile sur le trottoir) sera tolérée. Le fait de mendier debout ou d’interpeler un·e passant·e sera punissable. Les contrevenant·e·s devront payer une amende pouvant aller de 100 à 500 francs et même 1000  en cas de récidive ! […]

 

Stigmatisante

En criminalisant la pauvreté, on porte atteinte à la dignité de toutes les personnes qui vivent dans la précarité en Suisse.

Criminaliser la misère s’inscrit dans la suite logique du démantèlement des acquis sociaux des 20 dernières années. La démarche visant à réprimer la mendicité frappe aujourd’hui plus particulièrement les Roms, mais une politique de précarisation vise de plus en plus d’exclu·e·s du système de protection sociale, les personnes invalides, les chômeurs et chômeuses, les sans-abris, de même que tous les migrant·e·s pauvres. 

Le fantasme (infondé selon la police) de l’existence de bandes criminelles ou mafieuses derrière le phénomène de la mendicité sont révélateurs d’un refus de considérer que la grande pauvreté existe (ou alors les pauvres le font-ils exprès ?), et qu’elle peut aussi devenir tout à coup visible dans des rues de Lausanne. […]

 

Inefficace

Aucune baisse du nombre de mendiant·e·s n’a été observée dans les villes qui ont décidé d’interdire la mendicité, particulièrement à Genève. Elle donne surtout l’impression aux citoyen·ne·s que les pouvoirs publics agissent, alors qu’elle ne résout rien.

Par ailleurs, la mendicité à Genève comme à Lausanne n’est pas le fait d’organisations criminelles. Mendier n’est pas un choix de vie, mais une question de survie, liée à une urgence sociale.

 

Coûteuse

L’application de l’interdiction totale ou partielle de la mendicité (projet municipal fusionné avec l’initiative PLR) coûterait à coup sûr cher à la collectivité. A Genève, la criminalisation de la mendicité a coûté des millions de francs en frais administratifs, sans compter les frais de justice et de fonctionnement de la police, pour infliger des amendes à des personnes qui n’ont aucun moyen de les payer. Depuis l’entrée en vigueur de l’interdiction de la mendicité en 2008, l’ensemble des coûts engendrés à la charge des contribuables genevois pourrait avoisiner les 20 millions de francs suisses ! […]

 

Non au projet municipal Restreindre la mendicité sans criminaliser la pauvreté.

 

Droit inconditionnel à un toit, à la nourriture, et à la scolarisation complète des enfants pour toutes et tous celles et ceux qui sont dans cette ville.