Ensemble, défendons le service public

Le 6 décembre, la grève de la fonction publique genevoise et la manifestation appelées par le Cartel et les syndicats du secteur mobilisaient plus de monde que ne le prévoyaient certains. Le 14 décembre, le Grand Conseil genevois votait les «douzièmes provisoires» et le Canton commencera 2013 sans budget. Le bloc UDC-MCG derrière le PLR ne s’est pas disloqué et l’exigence d’un déficit zéro et de coupes claires dans les dépenses et les services publics a été maintenue… Non remplacement d’un poste sur deux, démantèlement du Service de recherche en éducation, par exemple les «bonnes idées» ont fusé au dernier Grand Conseil. On s’installe dans un bras de fer qui appelle une mobilisation sociale et syndicale de grande envergure, impliquant non seulement les syndicats du public, mais ceux du privé, comme aussi les usagers-ères et leurs représentant·e·s… Nous aurons l’occasion d’y revenir. En attendant nous publions ici le discours de notre camarade Jocelyne Haller, représentante du personnel de l’Hospice général, l’autre jour devant le Grand Conseil. Il résume bien la situation…

Haro sur la fonction publique! Tel est le cri de guerre lancé par la droite et l’extrême droite de ce canton. Les tenants de ces partis, ainsi que ceux qui trop souvent embouchent les mêmes trompettes, énoncent leurs recettes pour éradiquer le déficit du budget de l’Etat. Tout d’abord trouver des coupables. Cela, c’est facile. Incriminer les fonctionnaires est un filon dont ils maîtrisent parfaitement l’exploitation. Réduire le rôle de l’Etat et le subordonner à l’initiative privée, c’est leur «Credo». Ils sont même parvenu à l’inscrire dans la nouvelle Constitution.

Des donneurs de leçons irresponsables et fourbes ! Voilà ce que sont ceux qui aujourd’hui proposent des mesures qui entravent le fonctionnement du service public et déterminent des conditions et des charges de travail inacceptables pour le personnel des secteurs public et subventionné.

Irresponsables, car ils lancent de pseudo solutions sans se préoccuper des incidences qu’elles pourraient avoir sur le fonctionnement des services, sur le personnel, sur la qualité des prestations, sur les droits des usagers. Irresponsables, car eux, les donneurs de leçons de «saine gestion budgétaire», ne voient pas, ou ne veulent pas même voir, que les prétendues économies qu’ils préconisent ne généreront pas de réels gains, et que les dégâts qu’elles provoqueront induiront des coût supplémentaires. Tant humains que financiers.

Fourbes, car ils oublient que se sont leurs diminutions d’impôts, leurs boucliers fiscaux, qui ont privé l’Etat des recettes dont il avait absolument besoin pour répondre aux besoins croissants de la population. Besoins qui, rappelons-le tout de même, résultent, pour leur plus grande part, des décisions «capitalo et dividendo centrées» des milieux qu’ils servent. Fourbes, car pendant qu’ils attirent l’attention sur ceux dont ils ont veillé systématiquement à dégrader l’image – les fonctionnaires, les agents du services public – ils attentent aux prestations à la population. Ils violent ses droits.

Ainsi, ils augmentent les effectifs par classe, par des artifices procéduraux, ils rendent l’accès aux diverses prestations de l’Etat de plus en plus difficile et de plus en plus sélectif. Ils précarisent le statut du personnel du secteur public pour mieux déréguler le secteur privé. Pire, comme si ce n’était pas déjà assez; ils institutionnalisent la sous enchère salariale. Ils « exploitent » des chômeurs et des bénéficiaires de l’aide sociale pour occuper des postes supprimés dans la fonction publiques et le secteur subventionnés. – C’est sans doute comme cela qu’ils imaginent pouvoir ne remplacer qu’un poste sur deux –. Et enfin, sans vergogne, ils placent des chômeurs en stages dans le secteur privé. Des chômeurs employés à la Migros et consort ! Le personnel de a vente au chômage appréciera !

L’Hospice général, comme le reste de la Fonction publique, subit de plein fouet cette politique que nous dénonçons depuis des années, et dont les dernières gesticulations radicalo-libérales ne sont qu’un avatar. Dernier filet de la sécurité sociale, il ne parvient plus à assumer sa mission. Il croule sous le poids des reports de compétences des assurances sociales qui se défaussent sur l’aide sociale. Massivement, ceux qui ont cotisé à l’assurance chômage, à l’AI, au 2e pilier, etc… voient leurs prestations supprimées ou déduites. Ils sont repoussés vers l’aide sociale. Celle à qui l’on ne donne même pas les moyens d’assumer correctement cette tâche, mais que la propagande du Conseil d’Etat continue à parer de toutes les vertus pour mieux cacher son indigence.

Actuellement, la majeure partie des secteurs d’activités de l’Hospice général est en surcharge de travail. La souffrance au travail et la démotivation sont au zénith. L’Hospice général ne sait pas s’il aura, d’ici un an, les moyens de stabiliser les 82 postes d’auxiliaires qui sont indispensables pour assurer sa mission. Il lui faudrait, de surcroît, 30 postes supplémentaires en 2013. Cependant, sûr d’un refus, l’Hospice ne les a même pas demandé. Mais qui donc fera le travail correspondant ? Diverses rationalisations sont en gestation, nous dit-on. Ce ne sont que des moyens comme d’autres d’accélérer les cadences et de dépersonnaliser l’intervention sociale – elle qui, par essence, se doit d’être personnalisée – et d’instaurer une forme de rente d’exclusion.

Les chômeurs·euses, les bénéficiaires de l’aide sociale, les requérants d’asile, comme la Fonction publique font l’objet d’une offensive d’une rare envergure. C’est aussi au plus démunis que l’on s’en prend !

Nous devons nous allier ! Développer les solidarités entre le secteur public et le secteur privé ! Associer nos luttes et avec celles des usagers ! Cassons la rhétorique anti-fonctionnaires. Ensemble défendons le service public.

Jocelyne Haller