Ville de Lausanne

Ville de Lausanne : Une rigueur budgétaire antisociale

Plusieurs membres du groupe La Gauche au Conseil communal ont refusé le budget 2013 de la Ville, voté par la majorité rose-verte du parlement. Ce budget contient en effet un train d’économies de 22 millions de francs, qui aura des répercussions négatives sur l’accès aux services publics pour les habitant·e·s et sur le personnel de la Ville.

Dans une interview donnée au journal 24 Heures le 29 août 2011, la Municipale socialiste Florence Germond rendait hommage aux méthodes financières du grand argentier vaudois libéral-radical Pascal Broulis; elle affirmait notamment : «Je souhaite mettre en place des outils qui ont fait leurs preuves dans le redressement des finances vaudoises.» Parmi ces outils, il y a notamment des hausses de taxes et émoluments qui auront des répercussions négatives sur le pouvoir d’achat de la population, affectant par exemple les locataires qui déménagent, via une hausse des facturations perçues par le contrôle des habitants. En outre, 4 millions prélevés par la nouvelle «taxe poubelle» ne seront pas reversés à la population. Quant aux tarifs des crèches et garderies, ils ont été augmentés de 5 %. Grâce à des amendements du groupe La Gauche notamment, certaines hausses ont pu être évitées, par exemple pour les entrées des piscines et patinoires, ou pour les incinérations funéraires, jusqu’ici gratuites, mais que la Municipalité voulait désormais facturer 430 francs.

L’épouvantail de la dette

Ce plan d’économies contient aussi des baisses de subventions à des institutions importantes pour le tissu social lausannois: la Fondation pour l’animation socioculturelle lausannoise (FASL) est en particulier visée. Une quarantaine de postes de travail sont en outre supprimés, en particulier dans la Direction des Travaux, ce qui risque d’entrainer une surcharge de travail pour les employé·e·s; par ailleurs déjà mis à contribution il y a quelques semaines par le Conseil communal, dans le cadre d’une recapitalisation de la caisse de pension (CPCL). Pourtant, contrairement à ce qu’affirme la droite et une partie de la gauche, la dette de la Ville ne justifie en rien ces mesures d’économies: celle-ci se situe à un niveau tout à fait raisonnable – de l’ordre de 28 % du PIB lausannois, soit largement au-dessous de la plupart des collectivités publiques en Europe – et les créanciers le savent bien, puisqu’ils prêtent à la Ville à des taux parmi les plus bas au monde (moins de 1 % sur 10 ans; et des taux d’intérêts nuls ou légèrement négatifs pour les prêts à court terme). Le service de la dette est d’ailleurs en baisse constante ces dernières années (92 millions en 2000, 69 millions en 2011).

Le refus du budget par une partie du groupe La Gauche est aussi un avertissement à la Municipalité pour la suite. Ce plan d’économies prévoit en effet 20 millions de coupes budgétaires supplémentaires pour 2014 : difficile d’imaginer que cela n’ait pas des répercussions douloureuses pour les habitants de la Ville. Cette politique de rigueur financière est emblématique d’un glissement à droite de la majorité «rose-rouge-verte», qui se manifeste également par un discours sécuritaire de plus en plus marqué, impliquant en particulier le projet d’interdire la mendicité, qui devrait être voté en janvier prochain par le Conseil communal.

Hadrien Buclin