Tchernobyl, 27 ans de catastrophe

Tchernobyl, 27 ans de catastrophe : Contratom dans la rue contre Mühleberg

Ce 26 avril, de par le monde et à Genève, les antinucléaires manifestaient pour l’anniversaire de la catastrophe sans fin de Tchernobyl, suivie de celle de Fukushima, dont la responsabilité incombe aux dirigeants qui n’ont pas permis qu’on tire les leçons de Tchernobyl en stoppant le nucléaire à temps.

En Suisse, l’aveuglement se poursuit, puisqu’au-delà des déclarations, la sortie du nucléaire n’est pas au rendez-vous. Le cas de la centrale avariée de Mühleberg en témoigne. Fin 2009, le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et des communications (DETEC) a accordé une autorisation d’exploitation illimitée de Mühleberg aux Forces motrices bernoises (FMB). Plus de 100 voisins de la centrale ont alors recouru au Tribunal administratif fédéral (TAF), soutenus par des municipalités, dont celle de Genève.

 

Décision irresponsable du Tribunal fédéral

En mars 2012, le TAF – à la suite de la tragédie de Fukushima – annulait l’autorisation d’exploitation illimitée et fixait une limite d’exploitation à juin 2013. Sans surprise, les FMB et le DETEC ont recouru au Tribunal fédéral (TF). Et fin mars 2013, le TF autorisait les FMB à exploiter Mühleberg de façon illimitée, cassant la décision du TAF et mettant à charge des opposants des centaines de milliers de francs de frais.

Le TF a pris position en affirmant que l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) serait la seule référence légitime en matière de sécurité nucléaire, alors même que cet organe de surveillance est bien trop proche du lobby atomique. Ainsi, ce n’est pas, selon le TF, aux politiques de prendre des décisions sur le fait qu’une centrale soit sûre ou non, ce serait aux seuls « experts » du nucléaire ! Une décision antidémocratique du TF qui fait primer les intérêts des FMB sur la protection de la population et de l’environnement, car il est prouvé que la centrale bernoise, mise en service en 1972, présente de graves lacunes de sécurité : plus de 3 m de fissures sur le manteau du réacteur, absence d’une seconde source d’approvisionnement pour le système de refroidissement, résistance sismique insuffisante.

 

Et sortie du nucléaire hypothétique

Si dans ces conditions on n’arrive même pas à faire cesser l’exploitation du « petit » réacteur de Mühleberg, la sortie du nucléaire s’avère bien hypothétique, d’autant que la stratégie énergétique 2050 de Doris Leuthard ne prévoit aucune durée fixe d’exploitation des centrales. Le gouvernement envisage de laisser en service les centrales «aussi longtemps qu’elles sont sûres» ! Or avant la catastrophe, Tchernobyl et Fukushima étaient des centrales réputées sûres, selon les experts…

C’est sous le mot d’ordre «Quand les gouvernants déraillent, la révolte est un devoir!»et contre cette politique d’apprentis sorciers, que 150 ma­ni­festant·e·s ont battu le pavé des Rues-Basses à Genève ce 26 avril. Manif énergique, sonore et colorée, qui s’est terminée sur des appels à poursuivre la mobilisation par un tronçon antinucléaire significatif au 1er Mai.

A signaler la démarche incongrue du Département de la sécurité de Pierre Maudet qui prétendait n’autoriser la manif à défiler dans la rue que si nous étions «plus de 150» et nous imposer, si ce « quorum » antidémocratique n’était pas atteint, de défiler «sur les trottoirs exclusivement». Restriction inadmissible au droit de manifester, contre laquelle ContrAtom a protesté avec énergie.

 

Pierre Vanek