Lausanne

Lausanne : Vers une limitation à 30 km/h au centre-ville?

Un postulat cosigné par le groupe La Gauche a été accepté par le Conseil communal lausannois, demandant à ce que la vitesse des automobiles soit limitée à 30 km/h au centre-ville. Une telle limitation a déjà été instaurée par la commune de Renens, excepté sur les axes routiers traversant la localité.

 

Les arguments pour une réduction de la vitesse autorisée pour les voitures dans les zones urbaines ne manquent pas. Il s’agit d’abord d’une mesure réduisant de manière importante les risques d’accidents mortels pour les piétons : une personne à pied percutée par une voiture roulant à 50 km/h – vitesse maximale en vigueur aujourd’hui dans la plupart des rues lausannoises – a 70 % de risques d’en mourir, contre 10 % lorsque la voiture roule à 30 km/h. En outre, selon les études réalisées, les accidents diminuent de 17 % dans les zones limitées à 30 km/h. Un argument de taille s’agissant de la petite ceinture lausannoise (Gare, Georgette, Caroline, Tunnel, Riponne, Vinet, Beaulieu, pont Chauderon et Ruchonnet) où passent quotidiennement quelque 20 000 voitures, dont la moitié ne font que transiter, sans s’arrêter à Lausanne.

 

Convivialité

Les quartiers où la vitesse automobile est limitée gagnent aussi en convivialité, et le recours à la mobilité douce y augmente de manière importante. En outre, une limitation de la vitesse à 30 km/h permet de réduire de moitié le bruit du trafic automobile, dont les effets délétères sur le sommeil des habitants (15 000 au centre-ville) – et donc sur leur santé – sont connus.

La droite du Conseil communal a voté 

en bloc contre cette proposition. Le combat d’arrière-garde contre cette limitation de vitesse est aussi assuré par le Touring club Suisse (TCS). Avec ses 1,6 million de membres en Suisse, cette dernière association, malgré les bisbilles internes qui déchirent aujourd’hui sa section vaudoise, bénéficie d’une force de frappe considérable, dans la mesure où tout automobiliste qui contracte une assurance dépannage auprès du TCS subventionne indirectement ce lobby anti-écologique, qui, de manière générale, affiche des positions politiques réactionnaires : depuis l’absorption du Parti des automobilistes par l’UDC à la fin des années 1990, le TCS entretient en effet une certaine proximité avec cette dernière (il est toutefois possible, pour les automobilistes qui en ont assez de soutenir ce lobby, de s’assurer, en lieu et place, auprès de l’Association transport et environnement, ATE).

A la mobilisation de ces puissantes forces anti-écologiques s’ajoute un obstacle supplémentaire : le Municipal chargé de donner suite à ce postulat, le PLR Olivier Français, est plutôt hostile à une telle limitation de vitesse. Le magistrat de droite risque donc de laisser trainer cet objet au maximum, en profitant du caractère non contraignant d’un postulat pour l’exécutif. C’est dire si la mobilisation des habitants du centre-ville, à l’image du Collectif Vinet-Beaulieu qui s’est engagé dans la promotion du projet, notamment par voie de pétition, sera encore nécessaire pour que cette mesure soit mise enfin en œuvre, comme premier pas vers une extension de la limitation de vitesse sur l’ensemble du territoire lausan­nois. HB