Camp intercontinental de la jeunesse: récit de deux participantes
Camp intercontinental de la jeunesse: récit de deux participantes
Deux jeunes militantes neuchâteloises racontent leur expérience au sein du Camp Intercontinental de la Jeunesse de Porto Alegre. Cette année, lévénement était de taille, avec trente mille participant-e-s. Une montagne dénergie, de combativité, didées et de projets…
Le 23 janvier 2003, nous arrivons à Porto Alegre pour louverture du 3e Forum Social Mondial. La délégation des jeunes de Neuchâtel est «accueillie» par une manifestation immense, autant du point de vue du nombre (plus de 150000 participants) que de la diversité des revendications et des luttes en présence.
Les alter-mondialistes rassemblés
Qui est là? Dabord le/la «simple militant-e» venu pour apprendre et pour soutenir différentes causes et combats. Mais surtout de nombreux collectifs, parmi lesquels la Marche Mondiale des Femmes, ATTAC, de nombreux mouvements sociaux et politiques du tiers monde, des coalitions contre la guerre en Irak, pour soutenir la lutte du peuple palestinien, etc.
Une aspiration partagée par tous et toutes: «changer ce monde pour un autre monde plus égalitaire et solidaire». Comment avancer dans cette direction? Voilà de quoi il a été question dans les débats organisés par les différents pôles du Forum Social Mondial.
Les membres de notre délégation ont suivi différentes conférences et ateliers durant les six jours du forum, mais nous avons avant tout participé au Campement de la Jeunesse où nous avons vécu sept jours avec 30000 autres jeunes de multiples nationalités.
Campement intercontinental de la jeunesse
Dans ce gigantesque campement nous avons découvert une foule didées, de créations et dateliers qui permettaient lapproche et la connaissance dautres cultures, de revendications et de luttes pour construire quelque chose ensemble.
Plusieurs projets alternatifs ont été mis sur pied avec plus ou moins de succès. Par exemple, une monnaie déchange égale (le sol) et de troc (la luna) circulaient avec lidée que dans un monde nouveau la monnaie devra être unique; ou encore la nourriture totalement biologique qui responsabilise le consommateur conscient de ce quil mange et a des répercussions sur ses habitudes alimentaires.
Lorganisation dun camp dune telle ampleur nous a beaucoup impressionné-e-s: les installations sanitaires étaient en général propres et suffisantes et les déchets triés et récupérés plusieurs fois par jour.
Le campement était séparé en plusieurs secteurs denviron cent jeunes, qui autogéraient la sécurité et la propreté de leur emplacement. Chaque matin, nous participions à des réunions pour discuter de lorganisation pratique de notre groupe.
Les «Piqueteros argentins»
Parmi les projets et expériences que nous avons pu découvrir, la lutte des «Piqueteros» argentin nous a particulièrement impressionnées. Ces gens ont perdu leur emploi, souvent suite aux privatisations, durant la dernière crise argentine. Ils revendiquent et luttent pour que le gouvernement constitue un plan social et donne une réponse immédiate à la famine du peuple. Concrètement, ils organisent des manifestations pour couper des routes principales et demandent, en échange de la levée des barrages, des vivres et de largent pour nourrir les personnes qui vivent dans les bidonvilles. Ils construisent dans ces mêmes lieux des réfectoires municipaux ou des programmes contre la dénutrition infantile, ainsi que des ateliers de couture, de boulangerie, etc.
Nous avons énormément échangé avec eux tout au long de la semaine ou au travers de groupes de discussions au cours desquels des «invités» dautres mouvements de luttes venaient transmettre leurs expériences. Ces discussions ont sans doute été la chose la plus enrichissante pour nous, parce quun véritable échange était possible, sans quaucune difficulté ne soit minimisée: ni les leurs ni les nôtres. Ils/elles étaient conscients que, bien quayant à combattre des problèmes dampleur différente, nous sommes confrontés aux diverses manifestations dune même réalité. Ils nont pas oublié de nous rappeller que nous pouvions aussi les aider dans leurs luttes en combattant chez nous contre la fraude fiscale ou contre les agissements injustes du FMI.
Un réseau pour lavenir
Pour lavenir, un projet a été lancé. Il sagit du regroupement de soixante jeunes du campement qui ont mis sur pied un réseau international de la jeunesse qui fonctionne par Internet et qui est coordonné par chacune des associations ou partis que représente le jeune à tour de rôle. Ce réseau sert à transmettre de «bonnes idées», des informations concernant les luttes et des moyens de soutenir et de créer depuis son pays et par son association ou parti une lutte internationale.
Nous rapportons de Porto Alegre, et principalement du campement de la Jeunesse, une montagne dénergie pour poursuivre nos actions revendicatives ici, une meilleure compréhension des différents problèmes suscités par le système néolibéral, une vision plus claire des luttes à mener et à soutenir pour un réel changement et la responsabilité que nous avons, nous, peuple du «premier monde» dans le combat contre lextrême pauvreté et linjustice que subissent les peuples du tiers monde. Seguiremos la lucha, ¡adelante!
Armande VON WYSS,
Leana EBEL,
membres de la délégation jeune de Neuchâtel.