De Lausanne à Genève

De Lausanne à Genève : En mouvement pour le droit à l'avortement

A Genève

Près de 600 mani-festant·e·s se sont mobilisé·e·s samedi dernier pour le NON le 9 février à l’initiative réactionnaire remettant en cause le droit à l’avortement et le principe de solidarité dans l’assurance maladie… Prévue par la police sur un parcours particulièrement réduit, soit les 700 ou 800 mètres entre la poste du Mont-Blanc et le côté Rhône de la place de la Fusterie, la manifestation, après sa dissolution officielle en bonne et due forme par les orga-ni-sa-teurs·trices, a très spontanément débordé des limites arbitraires et du corset qui lui avaient été imposées.

Passés de l’autre côté du décor, soit du côté fréquenté de celui-ci, les manifestant·e·s ont labouré tout le sillon des Rues-Basses, de la Fusterie à Rive, en passant par la Place du Molard, en veillant bien entendu à laisser passer les bus et trams des TPG, mais en faisant entendre haut et fort leur appel à la solidarité avec les femmes voulant exercer leur droit à l’avortement contre la régression proposée par la droite la plus réactionnaire !

 

 

A Lausanne

 

Les manifestant·e·s étaient encore plus nombreuses et nombreux puisque c’est un bon millier de personnes qui sont descendues dans la rue à l'appel du CLAC – Collectif pour la liberté de l’avortement et de la contraception. Au sein du cortège se mêlaient générations, militant·e·s aguerris et novices indignés par l'initiative venus avec leurs propres slogans, cintres et aiguilles. La présence d’hommes et de femmes en proportion quasiment égale est à saluer. Une partie du parcours s’est effectué en marche arrière afin d’exprimer l’absurdité du « retour en arrière ». 

Pour prolonger la mobilisation autour des questions soulevées par cette initiative, le CLAC ! invite à se remémorer l’histoire de la lutte pour la dépénalisation de l’avortement en Suisse en projetant le documentaire réalisé par Alex Mayenfisch, Un délai de trente ans, qui retrace les revendications du mouvement d’émancipation des femmes dès la fin des années 60. Rappelons qu’en Suisse, sept référendums, initiatives et pétitions ont conduit le peuple à se prononcer à plusieurs reprises sur cette question de société.

 

Lausanne jeudi 6 février

Projection du documentaire
«Un délai de trente ans»
d’Alex Mayenfisch,
suivi d’une discussion.

19h30 Oblò 9 avenue de France

 

 

Sur le fond 

 

Rappelons que l’IVG est une prestation obligatoire de l’assurance maladie depuis 1981, qui s’est vu assortir en 2002 d’un régime du délai. Ce régime, permettant aux femmes de décider librement durant les douze premières semaines de grossesse d’avoir un enfant ou non, a reçu un large plébiscite, au niveau fédéral  par 72 % des voix. Depuis, contrairement aux affirmations des initiants, le nombre d’IVG n’a pas augmenté. Le taux d’interruptions de grossesse en Suisse est le plus bas de toute l’Europe – 6,7 % pour 1000 femmes en âge de procréer – et leur nombre a été divisé par 3 depuis les années 60.

Sortir l’IVG de l’assurance de base, c’est dire qu’une grossesse non désirée est de l’unique responsabilité des femmes. Les hommes ne participeront plus financièrement, même indirectement, à une situation dans laquelle ils sont pourtant impliqués. Ce sont les femmes enceintes qui sont visées, mais demain cela pourra être les habitant·e·s des grandes villes (taux plus élevé d’affectations respiratoires), les amateurs de choucroutes (maladies cardio-vasculaires), ou encore les joueurs de tennis (tendinites), jusqu’à démanteler complètement le principe de solidarité, base de la LaMal, qui prend aujourd’hui en charge toute atteinte à la santé sans chercher à identifier une part de responsabilité d’une personne. En luttant pour conserver le remboursement de l’IVG, on lutte donc pour la solidarité et la justice sociale ! 7

 

AS / PV / NW

 

Les femmes coûtent trop cher

Et si on les supprimait?

 

L

es femmes ont la prétention de continuer à se faire rembourser leurs avortements. Notez que si elles se contentaient d’avorter, cela passerait encore, les interruptions de grossesse représentant 0,02 % des dépenses de la LAMAL. Mais les femmes accouchent aussi ! Et ça, ça coûte, sur le long terme, un maximum ! Il y en a même qui osent accoucher plus d’une fois et demi dans leur vie (taux moyen de natalité), honte spécialement aux Zurichoises et aux Vaudoises qui dépassent nettement cette moyenne.

Ces naissances engendrent ensuite une avalanche de dépenses pour le pays : maladies infantiles, accidents dus aux imprudences des mères, crèches phara­oniques, écoles luxueuses, écolages gratuits jusqu’à 16 ans, adolescent·e·s qui fument, qui se droguent, qui dépravent Carouge, puis réclament des mesures d’encadrement pour entrer dans le monde du travail… Et ce n’est pas tout : après avoir mis des enfants au monde, les femmes ont encore la ménopause et veulent des prises en charges médicales, et on ne parle même pas des cancers du sein et du col de l’utérus. Et enfin, elles vivent insupportablement plus longtemps que les hommes, des années de vie qui coûtent cher.

Et les femmes se mobilisent dès que l’on veut toucher à une petite dépense de rien du tout ?!

Frappons un grand coup : supprimons les femmes ! Du coup, nous pourrions tranquillement supprimer les crèches, le Département de l’instruction publique, les maternités, les services de pédiatrie, et surtout le principe de solidarité des assurances dites sociales. Sans femmes, plus de débats inintéressants sur la solidarité, plus de discussions sur la justice sociale, plus de bavardages récurrents sur l’égalité, et surtout plus de problèmes de budget à boucler.

 

La belle vie! La belle vie?

Avortement: NON au retour en arrière!

 

Texte distribué par le groupe des « Femmes de Carouge ».