L'aide sociale à la baisse, une fois de plus

Par la voix du Conseiller d’Etat socialiste Jean-Nathanaël Karakash, le gouvernement cantonal a annoncé la concrétisation du budget décidé fin 2013 en ce qui concerne l’aide sociale : 4 millions de francs de réduction, c’est l’économie espérée par le canton, suite à une baisse des aides, qui touchera principalement les personnes de moins de 35 ans, et sans charges de famille.

Ces baisses, de l’ordre de 15 %, se situent de 100 à 200 francs par mois. L’Express-Impartial nous apprend que «Le Conseil d’Etat admet que Neuchâtel appartiendra aux cantons ‹plutôt pingres› en réduisant les normes d’aide sociale».

 

L’aide sociale explose, 

à qui la faute?

Certes, le canton a un problème avec l’aide sociale, puisqu’en 10 ans, elle a doublé pour dépasser les 100 millions. Mais il y a de multiples causes à cette situation, à commencer peut-être par le démontage de l’assurance-chômage, qui a multiplié les fins de droit et le manque de perspectives professionnelles pour les jeunes les moins scolarisés, ou, autre cause, les salaires de misère que touchent une partie des travailleurs, et surtout des travailleuses, contraintes de s’adresser à l’aide sociale pour pouvoir boucler leur fin de mois. Une bonne partie des personnes qui relèvent de l’aide sociale dans le canton de Neuchâtel sont en effet des «workings poor», et non des personnes sans emploi.

solidaritéS a dénoncé cette situation depuis longtemps. Notre projet de loi pour un droit à une formation, à un emploi ou un stage, rémunérés aux conditions usuelles de la branches, a été balayée au nom du réalisme. Mais voilà que la réalité nous rattrape, et les mesures prises aujourd’hui ne feront qu’aggraver la situation. Au bout du compte, chacun le sait, ce seront les familles les plus pauvres qui feront les frais de cette politique de courte vue.

 

Baisser les prestations n’intégrera personne au marché du travail

Le Conseil d’Etat nous dit «L’avenir des jeunes n’est pas à l’aide sociale». C’est vrai et il y a longtemps que nous l’affirmons aussi, mais il ne suffit pas couper les aides pour résoudre le problème de la marginalisation des jeunes. Pour intégrer les jeunes rejetés du marché du travail, ce n’est pas le couteau à la gorge qu’on y parviendra. Du reste, les autorités politiques le savent bien : jusqu’à ce jour, aucune des mesures déjà prises dans le sens d’une restriction de l’aide sociale n’ont permis une avancée sur le terrain – difficile – d’une meilleure intégration professionnelle des jeunes et moins jeunes.

Une fois de plus ce sont les assistant·e·s sociaux qui devront faire face aux victimes de ces coupes, en colère justifiée contre ces injusti ces et encore un peu plus désespérées. Quand Conseil d’Etat prétend que ces mesures ont été adoptées en concertation avec les acteurs du terrain, nous peinons à le croire.

 

Si l’argent manque,
pourquoi le prendre
aux plus pauvres?

Législature après législature, nous avons entendu parler de mesures de réinsertion et de programmes multiples et divers. Mais la réalité est là : la situation se péjore. Année après année, et à l’occasion de chaque vote sur la fiscalité, nous l’avons dit et répété : ce n’est pas en baissant les impôts pour les entreprises que le canton résoudra la question de la pauvreté, mais en investissant plus dans la formation et l’intégration professionnelle de toutes les personnes en âge de travailler,  y compris de celles qui sont sont totalement désintégrées du marché du travail.

Pour réussir une politique d’intégration, il faut apprendre à écouter les personnes concernées, et prendre en compte leurs demandes.  Pas baisser leurs prestations. Nous demandons des droits pour celles et ceux qui n’ont pas de solutions dans cette société. Il y a urgence.

 

Henri Vuilliomenet