HUG et Blato
HUG et Blato : Dumping sur chantier public
A Genève, l’entreprise polonaise Blato impose des conditions de travail scandaleuses sur le chantier des Hôpitaux Universitaires Genevois (HUG). Certains travailleurs tentent de s’y opposer en arrêtant le travail.
L’entreprise polonaise de construction métallique Blato emploie des travailleurs sur le chantier BATLab de l’hôpital cantonal de Genève, pour le compte de l’entreprise allemande Lindner, possédant une filiale à Arlesheim (Bâle-Campagne). Dans cet enchevêtrement international, c’est les travailleurs qui subissent de plein fouet cet usage des sous-traitances.
Suite à une visite sur le chantier effectuée par le syndicat UNIA, ce dernier a dénoncé les conditions de travail qui y ont cours : un salaire de 8 euros de l’heure, alors même que le salaire minimum dans la branche est de 24,67 francs pour des ouvriers non qualifiés. Ce sont une douzaine de travailleurs qui sont concernés, tous sous forme de contrat de courte durée. L’entreprise Blato a réagi à cette visite syndicale en poussant les travailleurs à se rendre en Allemagne pour signer des contrats de travail vierges, n’hésitant pas à menacer ceux qui s’opposeraient à un tel stratagème.
Exiger le règlement des arriérés salariaux
Malgré les risques et ces menaces, quatre travailleurs ont décidé à leur retour en Suisse d’arrêter le travail, invoquant notamment leur crainte pour leur intégrité physique. Par cet acte de protestation, ils entendent dénoncer leurs conditions de travail. Le scandale est d’autant plus fort qu’il concerne un chantier public. Le syndicat UNIA a alors pris la décision d’appeler à une rencontre d’urgence avec le Conseil d’Etat et l’Office Cantonal de l’Inspection et des Relations du Travail. L’enjeu est ici d’enfin faire reconnaître les droits de ces travailleurs en exigeant le règlement des arriérés salariaux. La somme demandée s’élève à 70 000 avec également l’exigence qu’une enquête soit ouverte contre l’entreprise Blato. Depuis, les autorités politiques genevoises et les maîtres d’ouvrage ont condamné officiellement ces pratiques, mais tant que ces créances ne sont pas réglées, les travailleurs lésés continuent de vivre une situation des plus précaires.
Dans un communiqué d’Unia Genève, Alessandro Pelizzari mettait en perspective ce cas de sous-traitance : « Ce cas, découvert par le syndicat à une dizaine de jours de la votation sur l’initiative UDC contre l’immigration de masse, démontre que le retour aux contingents ne peut en aucun cas être la réponse à des patrons sans scrupules. Pour que les travailleurs puissent se défendre de manière efficace, il faut une augmentation massive des moyens de contrôle et l’accès aux lieux de travail pour les syndicats, tel que prévus par l’initiative 151.» Cette dernière est une initiative cantonale visant à renforcer le contrôle des entreprises. Après le vote du 9 février, il est clair que cette analyse reste encore trop peu comprise et qu’il s’agit de dénoncer à la fois le dumping salarial et le discours xénophobe. Ce dernier voile le dumping salarial sous de faux problèmes, tout en refusant de s’attaquer aux vrais responsables, à savoir des patrons exploiteurs et un droit du travail ne protégeant pas suffisamment les travailleurs.
Audrey Schmid