Le cimentier suisse Holcim contre les syndicalistes indiens

Dans l’Etat indien du Chhattisgahr, la multinationale suisse poursuit son harcèlement des syndicalistes. Sept d’entre eux ont été récemment emprisonnés. Ils sont membres du syndicat Pragatisheel Cement Shramik Sangh (PCSS). Le PCSS représente les travailleurs dits contractuels employés dans les usines d’Holcim, qui est le plus grand producteur de ciment en Inde.

Le qualificatif de contractuel ne doit pas tromper : il s’agit d’employés temporaires et précarisés. Sept jeunes militants ont été injustement emprisonnés à la suite d’une accusation montée de toutes pièces, selon laquelle deux d’entre eux auraient volé le téléphone portable d’un agent de sécurité, pourtant absent de l’usine ce jour-là. Parmi eux, le secrétaire à la syndicalisation du PCSS.

Ces jeunes dirigeants ouvriers ont joué un rôle central pour organiser le syndicat PCSS à partir de 2010 et ont réussi à obtenir des salaires et d’autres conditions d’emploi minimums. Le PCSS a également représenté et soutenu les communautés locales autour de l’usine d’Ambuja, qui souffrent de la pollution des réserves d’eau et sont victimes de déplacements forcés.

Holcim India a passé outre la législation indienne, si bien que les contractuels travaillent aux côtés de la main-d’œuvre permanente dans des activités de production de base, sans recevoir l’équipement de protection nécessaire, et qu’ils touchent un salaire représentant le tiers du salaire des permanents. Parmi ces derniers, certains ont dû accepter de passer au statut de contractuel.

Cette stratégie d’écrasement des coûts salariaux et de recours croissant au travail temporaire ou aux intérimaires est une caractéristique de nombreuses multinationales du ciment dans la zone Asie-Pacifique. Holcim en est malheureusement le navire amiral. Ce qui n’empêche pas tous ces requins (et la métaphore est injurieuse pour les squales) de se présenter comme des entreprises « propres » socialement et écologiquement.

Rappelons qu’en Europe, Holcim est engagée dans un programme de restructuration qui a déjà entraîné la perte de plus d’un millier d’emplois. Malgré un marché morose et des taux de change défavorables, les marges de la multinationale sont restées intéressantes au troisième trimestre 2013 (19,8 %) et «le bénéfice net attribuable aux actionnaires, estimé en moyenne à 1,02 milliard de francs suisses, a représenté une bonne surprise», selon l’agence d’informations financières AWP. DS