Budget cantonal 2016

Budget cantonal 2016 : Le Conseil d'État passe à la vitesse supérieure

Cette semaine, le gouvernement genevois a présenté son projet de budget pour l’année 2016. Au menu, diminutions de prestations à la population, nouvelles taxes et une attaque massive contre la fonction publique. Le but : préparer un programme d’austérité sans précédent pour offrir des cadeaux fiscaux aux multinationales. 

Annonçant un déficit  de 70 millions que les député·e·s de droite et d’extrême droite s’empresseront de combler par des coupes antisociales et ceci malgré un programme d’austérité massif à hauteur de 97 millions, le Conseil d’Etat donne le ton. L’heure est à une attaque frontale de la fonction publique afin de préparer le démantèlement de l’Etat social par le biais de la troisième réforme de l’imposition des entreprises.

 

 

La cible numéro un : la fonction publique

 

Restant sur la lancée des années précédentes, le Conseil d’Etat continue de s’attaquer aux plus démuni·e·s, notamment en introduisant de nouveaux émoluments, de nouvelles taxes et une diminution de l’aide au logement. Mais les mesures centrales concernent avant tout la fonction publique : augmentation du temps de travail (de 40 à 42 h), non-remplacement des départs à la retraite, coupe linéaire de 1 % dans les postes de travail, facilitation des licenciements, encouragement du temps partiel, baisse des salaires à l’embauche et suppression de l’annuité, etc. Cette attaque historique tant par son ampleur que par sa force est extrêmement inquiétante et ceci à plusieurs titres.

 

 

Labourer le terrain pour les cadeaux fiscaux aux entreprises

 

Premièrement, en se fixant l’objectif de faire baisser les coûts de personnel de 5 % en trois ans (soit environ 200 mio), le Conseil d’Etat souhaite inscrire ce programme d’austérité dans la durée afin de créer les conditions nécessaires pour la troisième réforme des entreprises. En effet, le projet de réforme voulu par la droite créera un déficit de 400 à 500 millions de francs par an. A cela s’ajoute le déficit actuel (soit environ 200 millions pour 2015) et les probables effets de la récession chinoise sur notre économie.

Ainsi, les déficits pour les prochaines années pourraient se situer entre 600 millions et un milliard. Si la droite bourgeoise veut pouvoir offrir ce cadeau de 400 millions aux entreprises, il lui est donc nécessaire de préparer le terrain et de désigner les personnes qui paieront la facture ! Le Conseil d’Etat a choisi de financer sa réforme sur le dos des travailleurs·euses du Canton.

 

 

En finir avec le statut de la fonction publique

 

Deuxièmement, une destruction du statut de la fonction publique et des conditions de travail qui y sont reliées présente un intérêt certain pour le patronat. Le statut du personnel de l’Etat, produit historique des mobilisations et des combats syndicaux, continue de gêner les milieux patronaux dans leur stratégie d’écrasement des salaires et de destructions des conditions de travail. En effet, le statut de la fonction publique représente encore un référent qui permet de limiter, du moins dans certains secteurs, la dégradation des conditions de travail. En s’attaquant frontalement aux fonctionnaires, le gouvernement donne le signal du démantèlement généralisé des conditions de travail. Augmentation du temps de travail, baisse salariale et facilitation des licenciements : si ces mesures passent le cap, alors le ton sera donné !

 

 

La conséquence de choix politiques désastreux

 

La situation actuelle de déficit structurel, présenté comme inévitable est de fait le résultat de choix politiques désastreux par la majorité de droite et d’extrême droite durant ces dernières années. La volonté de développer un système carcéral outrancièrement disproportionné, l’augmentation continue de l’appareil répressif de l’Etat, ainsi que les baisses d’impôts successives qui ont permis aux plus riches de s’enrichir ont creusé les finances publiques et justifient maintenant des mesures d’austérité.

Le Conseil d’Etat qui a lui-même creusé cette dette et créé les conditions des déficits entend les faire payer à la population et aux tra­vail­leurs·euses. Alors que ce sont les plus riches qui ont bénéficié de cet argent, c’est aux classes laborieuses de régler la facture. Cependant, ce gouvernement décomplexé pousse le bouchon encore plus loin et cherche à faire payer également un cadeau aux multinationales de 500 millions. Voler les pauvres et les salarié·e·s pour nourrir les riches, voilà le programme du Conseil d’Etat.

 

 

Syndicats et mobilisations testées

 

Ce premier paquet de mesures extrêmement violent est donc en fait un ballon d’essai. Il s’agit en premier lieu de tester les organisations syndicales et les mobilisations des tra­vailleur·euse·s. Si cette attaque se confirme et passe la rampe du parlement, alors les feux seront au vert pour les milieux patronaux et la droite bourgeoise afin de mettre en œuvre la troisième réforme de l’imposition des entreprises qui représentera une accélération sans précédent du démantèlement de l’Etat et des prestations qui lui sont reliées. Cela sera également un signal pour des attaques sur les conditions de travail de l’ensemble des salarié·e·s.

 

 

Un automne de luttes nécessaires

 

La situation actuelle n’est pas une fatalité. Elle découle des choix politiques de la majorité du parlement qui, en favorisant le nantis, ne fait que creuser les inégalités. Nous devons combattre ce projet de budget, nous devons combattre cette réforme de l’imposition en menant une politique de défense des intérêts de la population et des salarié·e·s.

Aujourd’hui plus qu’hier, des mobilisations fortes doivent voir le jour et annoncer un automne de lutte. Les organisations syndicales du public comme du privé, et l’ensemble des salrié·e·s doivent se préparer au combat en manifestant et en cessant le travail. Nous devons réussir à repousser ce projet de budget. Sans cela, les années à venir risque d’être bien sombres.

Pablo Cruchon