Aylan ou la tragédie du peuple syrien

Le père d’Aylan, Abduallah Kurdi, emprisonné et torturé par les services de sécurité du régime Assad, a dû vendre son échoppe à Damas afin de les soudoyer pour qu’ils le laissent sortir. Cela lui a coûté environ 25 000 $. Il a ensuite quitté Damas pour Alep. Là les bombardements constants du régime Assad l’obligent une nouvelle fois à partir pour rejoindre sa ville natale, Kobani. Ce ne sera malheureusement qu’un court répit, l’Etat Islamique commence son offensive sur la ville et pousse la famille Kurdi à nouveau au départ, cette fois-ci vers la Turquie. Là-bas, elle ne reçoit aucune aide du gouvernement turc. Après le refus du Canada, où la sœur d’Abduallah réside, de lui accorder l’asile ainsi qu’à son frère, la famille n’a pas d’autre choix que de quitter le pays en achetant pour 6000 $ à un passeur 4 places dans une embarcation de fortune pour rejoindre les îles grecques de Kos.

Le drame de la famille Kurdi est l’histoire de millions de familles en Syrie, poussées au départ par la barbarie du régime Assad qui, depuis le début du soulèvement il y a plus de quatre ans, massacre et bombarde de manière continue des villes et des régions entières de Syrie. Lors des six premiers mois de l’année 2015, 10 423 barils d’explosifs ont été largués sur différentes régions du pays. Sur cette même période, le 90 % des victimes civiles sont tombées sous les bombes du régime, soit 7 fois plus que celles de l’Etat Islamique.

L’apparition progressive de forces fondamentalistes islamiques réactionnaires, comme l’Etat Islamique et Al-Qaida, ont également provoqué le départ forcé de milliers de personnes à cause de leurs pratiques et de leur autoritarisme.

Plus de la moitié de la population syrienne est aujourd’hui déplacée (à l’intérieur ou à l’extérieur du pays), plus de 80 % vit autour ou en dessous du seuil de pauvreté, et l’espérance de vie a été réduite de 20 ans.

Il faut dénoncer ces forces contre-révolutionnaires, régime Assad et forces islamiques fondamentalistes, qui sont les premières responsables des déplacements forcés de millions de personnes, et apporter notre soutien aux révolutionnaires dans la région qui les combattent.

Joe Daher