Grèce

La lutte s'amplifie

Un an après l’arrivée de Syriza au pouvoir, lors des élections du 25 janvier 2015, rien n’est plus pareil. Même si, en septembre, Tsipras a emporté les élections une deuxième fois, le mouvement ouvrier ne lui a pas donné carte blanche. 

Depuis, les promesses d’une meilleure gestion du troisième mémorandum sont résiliées les unes après les autres et les attaques couvrent tout le spectre social: renforcement de la politique raciste des murs et des repoussements conjointement avec l’imposition des mesures d’austérité les plus sévères. Face à ces frondes, la riposte donnée par en bas est la preuve que le mouvement est tout, sauf en attente.

 

 

Une protestation large

Les mêmes gens qui accueillent et aident les réfugié·e·s matériellement, qui les hébergent malgré les persécutions de la police, ont inondé les capitales des îles frontalières en manifestant contre la reforme de l’assurance sociale, lors de la grève générale du 4 février. Enseignant·e·s, médecins, employé·e·s des communes, paysan·e·s, marins… ils·elles se sont tou·te·s uni·e·s pour former des cortèges tels qu’on n’en avait pas vu depuis longtemps. En effet, cette réforme a une longue histoire de défaites pour les gouvernements qu’ils soient socialistes, de droite, ou de coalition. Depuis 2001, presque tous ont voulu la réussir. Certains n’ont pas osé, d’autres se sont retrouvés face à des grèves massives qui les ont obligés à la repousser. Aujourd’hui, la Troïka ne négocie pas et Tsipras assume le sale rôle de l’introduire sous un camouflage de gauche.

De leur côté, les travailleuses et les travailleurs n’ont pas l’envie de négocier non plus: A Larissa, Thessaloniki, Hania, Héraklion, Ioannina, Patras, Kalamata, Xanthi… les manifestations du 4 février étaient plus qu’impressionnantes. Mais au delà de l’aspect quantitatif – il faut quand même remonter à 2010-2012, voir 2001 pour certaines villes, pour trouver des manifestations d’une telle ampleur – c’est le côté qualitatif qui était le plus déterminant. Petite et moyenne paysannerie, fonctionnaires, chômeur·euse·s, ouvrier·ère·s, migrant·e·s, petits entrepreneurs sont unis et à leurs côtés, la gauche militante et anticapitaliste.

 

 

Enjeux décisifs

La résistance aux mesures d’austérité prend actuellement un caractère populaire que la droite tente d’exploiter afin de détourner la petite bourgeoisie (petits propriétaires et PME) contre la classe ouvrière et particulièrement les fonctionnaires. Dans cette tentative, leur plus fidèle allié est le parti d’extrême droite Aube Dorée.

Il y a donc deux enjeux décisifs pour que cette lutte soit victorieuse. D’un côté, la classe ouvrière doit, à travers sa force collective, unir sous son aile toutes les couches populaires afin d’empêcher cette « guerre civile » envisagée par la droite et isoler les néonazis. En même temps, elle doit répondre à la question de «où trouver l’argent? ». L’annulation unilatérale de la dette, la mise sous contrôle ouvrier des secteurs clefs de l’économie et la conséquente rupture avec l’UE est la seule alternative qui pourrait faire avancer ses revendications.

Ces prochains jours, la bataille s’intensifiera. Le 19 mars nous aurons la possibilité en manifestant à Berne de joindre nos voix à celles des classes populaires en Grèce mais aussi en Grande Bretagne, en Espagne, au Danemark et ailleurs pour condamner l’Europe Forteresse qui noie les réfugié·e·s dans la Méditerranée. C’est la meilleure piste pour commencer à construire un front international contre l’Europe Forteresse mais aussi contre l’Europe de l’austérité. Soyons nombreuses et nombreux!

Dimitris Daskalakis